NICOSTRATOS LE PÉLICAN (2011)
NICOSTRATOS LE PÉLICAN
Compositeur : Panayotis Kalantzopoulos
Durée : 43:39 | 22 pistes
Éditeur : Milan Music
Pour son premier film en tant que réalisateur, Olivier Horlait, qui a travaillé auparavant sur Loup de Nicolas Vanier et Sunny et l’Éléphant de Frédéric Lepage, choisit de nouveau une histoire d’animaux : Nicostratos le Pélican, d’après un roman d’Eric Boisset. L’action étant située en Grèce, le metteur en scène fait appel à un musicien du cru, Panayotis Kalantzopoulos. Celui-ci a jusque-là composé surtout pour des courts-métrages, des séries télévisées et des films grecs. Le long-métrage d’Olivier Horlait lui offre la possibilité de toucher un plus large public et de se faire davantage connaître au-delà des frontières de son pays.
En accord parfait avec les images, la musique de Nicostratos le Pélican joue avec habileté sur plusieurs registres et varie fort agréablement les humeurs tout au long du film. Pour évoquer les superbes paysages des Cyclades, elle fait appel à des orchestrations très classiques (cordes suaves, clarinette émouvante) et à de belles mélodies restituant à la perfection l’immensité bleue de la mer et le soleil éblouissant sur le sable blanc. La caractérisation des personnages, Yannis et son père Démosthène, passe également par ce lyrisme à fleur de peau, très poignant mais jamais exagéré, faisant appel tantôt au violon, tantôt au piano ou à la guitare. Le thème associé au jeune héros intervient à plusieurs reprises, sur un mode mélancolique et grave suggérant le passage de l’enfance à l’adolescence, la nécessité de grandir aux côtés d’un père qui n’assume plus son rôle. Face à eux se dressent Nicostratos le pélican et la séduisante Angeliki, qui apportent davantage de lumière et de fantaisie : arrivent alors le saxophone et l’accordéon ainsi que ce qu’on pourrait appeler du mickeymousing grec, mélange inédit et détonant de procédés déjà connus (rythmes sautillants, mélodies chaloupées et sifflées, pizzicati de cordes, trompette humoristique) et de sonorités typiques du folklore local. Dans les morceaux où le héros découvre des sentiments exaltants, la musique peut aussi se faire merveilleuse : l’envol de l’oiseau est accompagné d’accords gracieux et enchanteurs et l’éveil à l’amour se fait au son d’un chant délicat interprété par la jeune actrice Jade-Rose Parker.
Au-delà de sa chaleur et de sa tendresse immédiatement séduisantes, l’un des principaux intérêts de cette bande originale réside dans son emploi de nombreux instruments solistes, certains très familiers aux oreilles du spectateur occidental, d’autres beaucoup moins car issus de la patrie du compositeur. Entre sonorités de type Renaissance et accents moyen-orientaux, lyra politiki, laouto et kaval dessinent un univers exotique très dépaysant et souvent attractif. Le réalisateur disait vouloir éviter les clichés ; ce n’est pas vraiment le cas ici puisque l’on a à faire à tout ce qui évoque instantanément l’Europe de l’est : violons tziganes, accordéon, tuba, chants et danses folkloriques avec percussions et villageois tapant dans leurs mains, au point qu’on se croirait dans un film d’Emir Kusturica (qui interprète le père dans le film) ! Tout cela est donc déjà connu et fait un peu «carte postale» mais peu importe, seul compte le résultat et il est des plus attachants. A apprécier pour elle-même et/ou afin d’explorer plus avant les travaux de Panayotis Kalantzopoulos, chantre de la culture grecque, la musique de Nicostratos le Pélican est une réussite !