Cirque du Freak: The Vampire’s Assistant (Stephen Trask)

La Monstrueuse Parade

Disques • Publié le 25/04/2010 par

Cirque du Freak: The Vampire's AssistantCIRQUE DU FREAK: THE VAMPIRE’S ASSISTANT (2009)
L’ASSISTANT DU VAMPIRE
Compositeur :
Stephen Trask
Durée : 70:20 | 27 pistes
Éditeur : Varèse Sarabande

 

3 out of 5 stars

Après deux collaborations satisfaisantes avec Stephen Trask sur In Good Company (En Bonne Compagnie) et American Dreamz, le réalisateur Paul Weitz a de nouveau fait appel au compositeur pour Cirque du Freak : The Vampire’s Assistant (L’Assistant du Vampire). D’abord musicien dans un groupe de rock nommé Cheater durant les années 90, Trask est surtout connu pour être le créateur du musical Hedwig And The Angry Inch, qui sera adapté au cinéma quelques années plus tard par John Cameron Mitchell. Vainqueur d’une quantité impressionnante de trophées pour cette création, le compositeur n’a encore qu’une vingtaine de scores à son actif, essentiellement composés pour des comédies et des comédies dramatiques dans lesquelles le rock joue un rôle déterminant. On devine que pour The Vampire’s Assistant, il a dû changer son fusil d’épaule pour pouvoir s’attaquer au tout symphonique. C’est d’ailleurs une belle marque de confiance de la part des producteurs et du réalisateur, car on se doute que sans Paul Weitz, ils auraient probablement fait appel à des compositeurs plus familiers de ce type de film.

 

Cela dit, puisque les producteurs n’ont pas pu s’offrir Danny Elfman, qu’à cela ne tienne, ils ont fait appel à son orchestrateur attitré depuis ses débuts, garant du «son Elfman» : Steve Bartek. Ainsi chapeauté, Trask ne pouvait pas faire d’erreur et il signe donc exactement le score que l’on attendait de lui, dénué de génie et de personnalité mais tout à fait convenable et efficace et qui s’écoute agréablement en dehors des images. Précisons en outre que le compositeur, jusqu’ici peu gâté par l’industrie discographique (seul American Dreamz a eu droit à un CD), se voit gratifier cette fois par Varèse Sarabande d’un album de 70 minutes : de quoi se montrer largement satisfait.

 

Comme on pouvait le prévoir, c’est la tonalité gothique qui domine dès l’ouverture, avec un thème interprété par des violons frénétiques et marqué par un fracas de percussions et de cuivres grinçants (The Vampire’s Assistant). Ce thème réapparaîtra à plusieurs reprises dans la partition, bientôt suivi d’un second, plus sourd et insidieux (Sneaking Out), qui accompagnera tous les moments où le jeune Darren explore l’univers des vampires fait de complots et de cimetières arpentés au clair de lune.

 

John C. Reilly dans Cirque du Freak: The Vampire's Assistant

 

Reposant essentiellement sur des cordes ténébreuses mais aussi sur des bois envoûtants et tourbillonnants, un xylophone, des castagnettes, une harpe et des clochettes hypnotiques, la musique explose parfois lors d’attaques tonitruantes évoquant les scores mélodramatiques des films de la Hammer (The Show) et lors de crescendos brutaux destinés à susciter un peu de terreur au sein d’un film par ailleurs très sage. Si certaines pistes d’action, dans la lignée du Sleepy Hollow de Danny Elfman et d’Interview With The Vampire (Entretien avec un Vampire) d’Elliot Goldenthal, sont impressionnantes (Octa Escapes, tout aussi sautillante et humoristique qu’agressive et trépidante, Graveyard, qui reprend le thème d’ouverture pour une scène de combat et surtout The Vampaneze Attack et The War Begins, véritables ouragans symphoniques pleins de bruit et de fureur traversés par des sonorités synthétiques imitant les râles menaçants des méchants vampires), la majeure partie de l’album conserve néanmoins un ton relativement intimiste et atmosphérique.

 

À côté des morceaux rappelant Beetlejuice, The Nightmare Before Christmas (L’Etrange Noël de M. Jack) ou encore Edward Scissorhands (Edward aux Mains d’Argent) et ses chœurs entêtants (Steve Bartek y étant sans doute pour beaucoup), à côté aussi de ceux imitant les imitateurs (!) d’Elfman tels Marc Shaiman, John Frizzell et Douglas Pipes, on trouve des pistes beaucoup plus inattendues et surprenantes qui rappellent davantage les origines rock du compositeur : un pastiche de western morriconien avec guitare et mélodie sifflée dans The Whistle Song, des ballades nostalgiques et berçantes également avec guitare, sonorités électroniques et chœurs gentiment psychédéliques (You Can’t Just Leave et New Pants), une idée inspirée consistant à associer au drôle de gros bonhomme chauve personnifiant le Mal un thème chanté par une voix féminine orientalisante totalement hypnotique qui interviendra de façon récurrente en toile de fond sous des formes plus ou moins inquiétantes (Destiny, Limousine, I Have Returned ou encore Rooftop)…

 

Si l’on peut regretter l’emploi de rythmes et d’instrumentations beaucoup trop prévisibles pour accompagner la vie de banlieue du héros (et une nouvelle copie d’American Beauty de Thomas Newman, une !) dans College! Job! Family!, on appréciera en revanche la caractérisation de l’univers chamarré des monstres à l’aide de tout un folklore allant des influences sud-asiatiques à la musique tzigane en passant par les musiques de cirque traditionnelles (là encore, Danny Elfman et son Big Fish ne sont pas loin). Au final, le score de The Vampire’s Assistant mêle agréablement les idées originales aux qualités de l’exercice de style virtuose et compte sans doute parmi les bonnes surprises de 2009. Bien que l’album édité par Varèse Sarabande soit un peu trop long et pas passionnant de bout en bout, on ne peut qu’espérer d’autres occasions de découvrir les travaux de Stephen Trask, qui finira peut-être par devenir un compositeur à suivre.

 

Salma Hayek dans Cirque du Freak: The Vampire's Assistant

Gregory Bouak
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