LES ONZE MILLE VERGES / TAROT (1975 / 1973)
Compositeur : Michel Colombier
Durée : 73:58 | 32 pistes
Éditeur : Music Box Records (2014)
Pour oser adapter sur grand écran les paillardises aux fragrances d’obscène apocalypse dont Apollinaire se rendit le magnifique coupable, il fallait une paire de cojones à l’épreuve des balles. Vérification faite, l’on peut sans mal amenuiser lesdites gonades à la taille de vulgaires noix de cajou. Par l’esprit comme par la lettre, le chantre fou du stupre tout-puissant ne se profile jamais dans cette transposition moderne, bouffonne plutôt qu’anar, qui, suprême outrage, fait mine d’éreinter la morale matrimoniale pour mieux la flatter in fine. On s’amuse néanmoins, grâce à l’abattage cabotin de sa clique d’acteurs un peu éberlués d’être là et à Michel Colombier, qu’enchante cette étrange aventure. Bricolo génial dans l’âme, il se joue en permanence des conventions du film en costumes gourmé et de l’érotisme frigide popularisé par tatie Emmanuelle, leur préférant de loin une ribambelle de savoureux contre-pieds. Telle congrégation de secrétaires délurées hérite du parler volubile de la cuica brésilienne, tel effeuillage effectué en quatrième vitesse sous les yeux d’un Japonais impassible fait sauter moult incongruités musicales comme autant de cotillons de carnaval. Les mêmes coups de coude malicieux dans les côtes chahutent les valses viennoises et Bach, guest stars du répertoire classique qui eussent aimé peut-être qu’on les oubliât. Mais qu’ils ne se plaignent pas ! En comparaison, Tarot, pochade électronique composée à la va-vite pour un suspense cartomancien, conclut ce double programme le panache en berne.