In Time (Craig Armstrong)

Des enjeux hors du temps

Disques • Publié le 27/01/2012 par

IN TIME (2011)
TIME OUT
Compositeur :
Craig Armstrong
Durée : 44:56 | 25 pistes
Éditeur : Lakeshore Records

 

4 out of 5 stars

N’ayant réalisé que quatre films en treize années, Andrew Niccol s’est offert les services d’un compositeur différent pour chacun d’entre eux. Tant mieux pour Craig Armstrong, car il faut bien avouer qu’après un petit passage à vide dans le domaine qui nous intéresse, cela fait du bien de voir l’écossais revenir avec ce nouveau film du réalisateur de S1m0ne et Lord Of War.

 

Niccol laissant une place relativement importante à la musique dans ses films (on se souvient encore de Mychael Nyman dans l’éternel Gattaca), Armstrong a puisé dans ce qu’il sait faire de mieux, c’est à dire l’électro-orchestral avec une pointe de romantisme et, en prime, une touche ethnique ; un cocktail plutôt original pour illustrer un film d’anticipation. La première et agréable surprise vient du fait que le thème principal est un love theme, marquant déjà une certaine gravité bien que succinctement exposé au début du disque. Dans le même temps, l’instrumentation et le ton général donnent un certain cachet à la musique d’Armstrong, cultivant une étrangeté qu’il n’est pas facile de cerner : sorte de contre-pied aux canons actuels, ce n’est pas les palpitations, certes efficaces, de l’action qui frappent l’oreille mais plutôt cette manière de créer, sans débordement, une atmosphère intemporelle, ni moderne ni rétro… Entre les instruments orientaux, les synthétiseurs et, plus ponctuellement, une voix féminine, l’œuvre laisse apparaître en filigrane une fatalité romantique. Et si le piano peut parfois rendre la chose très concrète, le désenchantement ne verse jamais dans la tragédie, chose assez étonnante quand on pense au lyrisme naturel du compositeur.

 

Le temps file puis s’arrête : guidée par un thème habité et fuyant une réalité dans laquelle le temps compte plus que tout, cette musique «déphasée» s’attache à des enjeux autrement plus humains et se montre concernée, véritablement narrative et en fin de compte un peu… hors du temps.

 

In Time

Sébastien Faelens