Transformers: Dark Of The Moon (Steve Jablonsky)

Concerto pour boulons de synthèse

Disques • Publié le 04/07/2011 par

Transformers: Dark Of The MoonTRANSFORMERS: DARK OF THE MOON (2011)
TRANSFORMERS 3 :  LA FACE CACHÉE DE LA LUNE
Compositeur :
Steve Jablonsky
Durée : 55:47 | 17 pistes
Éditeur : Reprise Records

 

1.5 out of 5 stars

Même s’il fallait bien se douter que Michael Bay apporterait une conclusion homérique à la trilogie des robots venus de l’espace, il était difficile d’imaginer comment Steve Jablonsky achèverait ce qui est son œuvre la plus ambitieuse à ce jour. Le moins que l’on puisse dire est que Transformers : Dark Of The Moon se termine en une apothéose musicale rarement atteinte au cinéma. L’idée de se contenter d’un song album était inconcevable et même insoutenable pour tout amateur de musique de film qui se respecte. L’arrivée aussi subite que providentielle de cet album est donc une très bonne nouvelle, car même s’il ne propose pas l’intégralité du score de Jablonsky, son agencement quasi chronologique permet de mettre en valeur toute ses qualités narratives et sa puissance émotionnelle. Dark Side Of The Moon ouvre le bal de manière magistrale en exposant son thème solennel : les cuivres puissants, les cordes émouvantes et les chœurs souverains sont extrêmement bien mis en valeur par les arrangements électroniques, le tout évoquant avec force, et en y injectant déjà un incroyable suspense, tout l’enjeu dramatique du film. Sentinel Prime véhiculera avec sobriété le dévouement et l’abnégation d’Optimus, d’abord par le jeu simple du piano puis l’orchestre dont la dignité ne peut que toucher l’auditeur au plus profond. Il ne faut pas se fier au titre vaguement inquiétant de Lost Signal, morceau qui continue de nous bouleverser, grâce notamment à l’utilisation à priori inoffensive de la guitare, instrument qui accentue l’inquiétude que l’on éprouve pour les personnages. D’ailleurs, il faut entendre l’absolu désemparement qui se dégage de We Were Gods Once, sentiment que décuple une tension apportée par les rythmiques et les ostinati, avant qu’une terrible menace se fasse entendre sous la forme d’un lointain grondement synthétique.

 

Transformers: Dark Of The Moon

 

Le morceau suivant, Battle, est logiquement teinté de désespoir, ses chœurs très à propos rappelant qui sont les premières victimes du conflit entre les robots. Au passage, il faut souligner le thème du premier film, repris dans There Is No Plan et No Prisoners, Only Trophies par exemple, dont John Powell avait écrit une ébauche pour The Thin Red Line (La Ligne Rouge). En toute honnêteté, il faut admirer toute la sensibilité et le tact dont témoigne Jablonsky en reprenant ce morceau dont la portée limitée du film de Terrence Malick ne parvenait pas à tirer la substantifique moelle… Dans We All Work For The Decepticons, la menace pressentie prend de l’essor à mesure que cet incroyable son synthétique se rapproche, avant qu’on ne prenne toute la mesure des conséquences catastrophiques de la guerre par la voix d’un violoncelle solo absolument bouleversant dans The Fight Will Be Your Own touché par la grâce. Enfin, le son de la menace finit par tout écraser sur son passage dans Shockwave’s Revenge et sonne comme le signal de départ des hostilités : The World Needs You Now, It’s Your Fight et I’Am Just The Messenger figurent probablement parmi les pièces d’action les plus mémorables jamais écrites. Effectivement, ils allient avec science et musicalité tous les éléments orchestraux et électroniques de la partition, les aspects purement émotionnels abordés auparavant faisant partie intégrante de l’action. Il en résulte que ces morceaux, totalisant treize minutes d’action non stop, se montrent particulièrement percussifs et épiques et maintiennent la dramaturgie et l’implication émotionnelle de l’auditeur. Grandiose ! En laissant toute latitude ou presque aux chœurs et à l’orchestre pour interpréter un thème magnifique, Our Final Hope vient conclure l’album avec une classe et une dignité qui forcent le respect.

 

Jablonsky mérite tous les éloges : il dépasse toutes les attentes en délivrant une écriture électro orchestrale conceptuelle, tout en captant avec finesse une psychologie fouillée et les enjeux immensément dramatiques du film de Michael Bay. Toute la puissance de feu de Remote Control Production, en somme… Nul besoin d’acquérir d’autres produits de cette usine à rêves car celui-ci en est la quintessence.

 

NDLR : Sébastien va maintenant beaucoup mieux. Après la rédaction de ce texte, il a été contraint de réduire fortement ses doses quotidiennes d’anti-dépresseur, retrouvant ainsi son état normal, et vous remercie tous de vos messages de soutien.

 

Transformers: Dark Of The Moon

Sébastien Faelens