Raymond Lefèvre en ballade
Portraits • Publié le 03/07/2008 par

Il serait commode de prétexter qu’il est, dans le domaine musical comme ailleurs, des disparitions plus douloureuses que d’autres. Il est en effet probable que le nom même de Raymond Lefèvre n’évoque absolument rien à une large majorité de béophiles de France et de Navarre.

 

Pianiste pour Franck Pourcel et Paul Mauriat, bien connu des nostalgiques des émissions de Guy Lux (telles Le Palmarès De La Chanson), ce compositeur / arrangeur qui a également travaillé pour Gilbert Bécaud et Michel Polnareff n’a en effet que peu inscrit son patronyme aux génériques des salles obscures. Pourtant, en poursuivant une collaboration quasi exclusive d’une quinzaine de films avec le réalisateur Jean Girault (une seule autre incursion, Les Vierges, pour Jean-Pierre Mocky en 1962), Raymond Lefèvre est certainement le compositeur qui, avec un savant mélange de facéties nerveuses, de détournements malicieux et de tendresse, a su le mieux cerner la personnalité des films de Louis de Funès, et de fait celle de Louis de Funès lui-même.

 

Avec sa disparition, le 27 juin dernier à l’âge de 78 ans, s’envole donc aujourd’hui un peu plus de la mémoire musicale d’un cinéma populaire lui-même en berne depuis bien longtemps.

 

«Parfois il m’arrive de repenser à Girault», confiait-il à Stéphane Lerouge pour une anthologie de ses musiques (Louis de Funès Vol.1 – Playtime), «à de Funès et à toute cette époque du cinéma comique français qu’ils représentaient. J’ai eu la chance de travailler avec une équipe sympathique et de très bien m’entendre avec de Funès. Nous avions souvent de longues conversations à propos de musique et, à mon avis, il avait un peu d’estime pour moi…».

 

Outre ses partitions ensoleillées pour la série des Gendarmes (qui en 18 années et 6 films traversera les modes en plus d’offrir une marche qu’il est impossible de ne pas garder en tête), on savourera aussi particulièrement celle qu’il confectionnera sur mesure pour cet exemple du burlesque policier qu’est Jo, tout comme celle de l’inénarrable mais inévitable Soupe aux Choux… Car on peut dire ce qu’on veut : une bourrée électronique, c’est quand même une diable de bonne idée, nondidjû !!!

Florent Groult
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