Je suis allé voir
La nouvelle guerre des boutons hier soir. Je ne parlerai pas du film dont beaucoup ont déjà souligné les faiblesses (dont un scénario pauvre et cousu de fil blanc, un côté artificiel... un film qui n'aurait pas été tout à fait fini en quelque sorte), mais qui se laisse regarder sans déplaisir. Je n'ai pas lu une seule critique qui ne dénigrait pas la musique de Rombi ("sur-mixéé, trop présente", "trop holywoodienne", " se prend à tort pour John Williams et John Barry"). Inutile de dire que je me sens en parfait décalage avec ce sentiment général bien français qui consiste à penser qu'une bonne musique de film est une musique inexistente, ou pire, un empilement de chansons. Il ne s'agit sans doute pas de la musique la plus inspirée de Rombi (j'imagine les conditions dans lesquelles elle a du être composée), mais ça reste pour moi très loin au-dessus du lot. Imaginez un peu (c'est dur en ces temps difficiles): Des thèmes marquants et de belles orchestrations!! En France, Philippe Rombi fait figure de resistant!
"Je suis complètement opposé à l'idée de dire « c'est une musique américaine, c'est une musique française, je ne veux pas que tu fasses quelque chose d'américain ». Ça m'horripile. Sous prétexte que les Américains utilisent un certain style de musique, une certaine couleur orchestrale, ça voudrait dire qu'il n'y a qu'eux qui peuvent le faire. C'est stupide parce que leurs orchestrations viennent de Ravel, Prokofiev, Debussy. J'essaie de faire une musique qui vient du coeur et qui est influencée de tout ça, de Williams, Goldsmith, Legrand, Morricone... plus le classique. Pour moi, il n'y a pas de nationalité dans la musique. Je n'ai pas d'a priori. Je n'ai aucune honte à faire à un moment donné un grand love theme romantique en me disant « aïe, ça va faire américain »."
(extrait d'une interview assez longue et très interessante, même si pas toute récente dispo ici
http://www.clown-enfant.com/leclown/rombi.htm)
Dans la musique de cette nouvelle guerre des boutons, on retrouve toutes ces influences, dont John Williams et James Horner. On reconnait surtout le style de Rombi, ample, très généreux, aux orchestrations claires, réservant comme toujours une place privilégiée au piano. Un style qui est devenu parfaitement identifiable.
Plus que toute autre critique, il y en a une (qui vaut ce qu'elle vaut), qui m'a fait bien plaisir et m'a rendu un peu d'espoir dans cette conception actuelle majoritaire et cynique du cinéma et de la musique dans laquelle je ne me reconnais pas: Ma soeur, que j'ai pourtant eu l'impression de soûler avec mes BO pendant toutes mes jeunes années où nous partagions le même toit, est sorti de la projection de la nouvelle guerre des boutons en me disant simplement ceci: "Ce que j'ai notamment apprécié dans ce film, ce sont certains beaux plans, et la musique". Je me suis senti moins seul.
Monsieur Philippe Rombi, ne vous découragez pas! Il existe d'autres personnes comme vous, la resistance continue!