Si on se réfère au point de vue du grand public (et c'est je pense le sujet majeur de ce topic), alors les critères pour qu'un thème soit admis dans l'inconscient collectif sont clairs:
- avant toute chose, le point le plus fondamental, c'est que le film en question connaisse un succès retentissant et soit massivement distribué à travers le monde.
- après reste au compositeur de créer une mélodie, qui vampirise le film en question et soit suffisamment mise en avant, pour ne pas dire répétée tout le long du métrage, de sorte de bien pénétrer l'esprit du spectateur... Une musique pas nécessairement bonne d'ailleurs (exemple: les plus gros tubes de Cosma dans les années 70-80, qui sont souvent les moins brillantes de ses musiques, voir carrément les pires, genre
La Boum, alors qu'il composa à côté tant de partitions tellement meilleures)
Après dans les titres qui ont connu cet itinéraire, déjà j'en vois un seul avant les années 60 et c'est
Gone with the Wind,...
... car il me semble qu'aucun thème d'Herrmann, ni de Korngold, d'Auric (même si la ritournelle de
Moulin Rouge trouva un petit succès), de Waxman (à part peut-être
A Place in the Sun bien que ça soit pas sur), de Rozsa, de Raksin (à part peut-être
Laura mais là encore la question reste en suspend), de Kosma (quoique "Les Feuilles Mortes" issue des
Portes de la Nuit !) , ou de quelqu'autre européen, américain ou asiatique soit jamais vraiment entré dans l'inconscient collectif (même
Vertigo ou
North by Northwest me semblent être l'affaire des seuls béophiles ou cinéphiles... ou alors uniquement le motif de la douche dans
Psycho).
Mais c'est vrai que là j'ai oublié les grands classiques Disneyiens, notamment chez Harline, puisque les thèmes de
Pinocchio et
Blanche-Neige sont parmi les plus célèbres de l'histoire du cinéma...
Après il y a les années 60 où ce sont majoritairement les européens qui vont marquer les esprits dans les salles de ciné: Delerue avec
Le Mépris, Jarre avec deux trois films pour Lean, Morricone évidemment, Rota avec un ou deux Fellini, puis surtout
Romeo & Juliet et
The Godfather (voir
Il Gattopardo), Legrand avec les comédies musicales mais aussi deux trois titres comme
Thomas Crown, Barry évidemment,... y a même Lai tiens

.
Tandis que de l'autre côté de l'atlantique Mancini, Bernstein (pour les
Magnificent Seven) et Schifrin créent deux trois thèmes qui également vont largement marquer la culture populaire.
Les années 70-80 et le début des années 90, il n'y a que Williams qui aura la chance de voir ses tubes parcourir le monde via de très très gros succès cinématographiques (de
Jaws jusqu'à
Schindler's List en passant par tout ce que l'on sait), même si je pense que Silvestri eut un coup de bol que le
Back to the Future de Zemeckis marche aussi bien et lui permette de voir son thème devenir une ritournelle connue de tous.
Dans les 90's je suis pas sûr que le
Batman d'Elfman ait tant marqué que ça le grand public (peut-être davantage du côté de
Nightmare Before Christmas, ou bien
Beetlejuice, notamment grâce à la série animée), y a évidemment les 2 triomphes commerciaux de Horner avec
Braveheart et
Titanic.
Gros cartons aussi à cette époque pour Menken alors au fait de sa popularité.
Et dans les années 2000, toujours le même schéma: des films très très largement distribués à travers le monde et pour lesquels les compositeurs créent une musique assez bien mise en valeur, à savoir
Harry Potter, les nouveaux
Star Wars (bien qu'il s'agisse d'un cas particulier puisqu'il hérite des bagages de l'ancienne trilogie) et peut-être
Lord of the Rings... Que des sagas, donc bien davantage d'occasions pour ces thèmes d'entrer dans la tête des gens...
Et chez les japs, y a peut-être Hisaishi avec
Mononoke,encore que je sois pas sûr que ce soit si connu que ça...
Je me demande aussi si
Microcosmos ou les
Choristes de Coulais n'ont pas un petit peu marqué (au moins en France en tous cas).
Tiens et puis sinon dans le genre musique pas terrible qui a pourtant pas mal fait le tour du globe, y aurait peut-être
Amélie Poulain...
Après si on prend l'affaire du point de vue des béophiles c'est une toute autre histoire, beaucoup plus intéressante, puisque dès lors le succès du film (véhicule premier de la partition du compositeur) est évacué et ne compte plus guère: on s'intéresse alors avant tout à la qualité de la musique

! Et des grands thèmes y en a pléthore du coup ! Souvent meilleurs, ou au moins aussi bons que les quelques tubes ayant marqué le grand public (déjà on évacue tous les trucs un peu anecdotiques genre Tiersen,
Le Grand Bleu de Serra,
1492 de Vangelis etc,... de même qu'on relègue au placard certaines kitscheries des années 70-80 qui ne méritaient pas tant d'égard).