Je m'étais dit de ne plus intervenir sur ce sujet (tout au moins, sans avoir écouté le CD - donc avec un minimum de confort et de précision sonore) mais là, voyez-vous, je me pose une question que nos joyeux pisse-froids (si vous me permettez cet oxymore) semblent éluder à grand renfort de justifications somme toute assez consternantes (mais là encore, j'attends d'avoir le CD pour voir si vous avez des oreilles bioniques et si, à mon grand malheur, je deviens complètement sourd) : abhorrez-vous AVATAR pour ce qu'il n'est pas ? (ce qui, en soi, est déjà assez ahurissant)
Ce qui m'amène à la réflexion suivante : je pense que vous n'appréciez sûrement (mais je peux me tromper bien entendu) Horner que lorsqu'il s'approche du genre de musique que vous préférez entendre. En cela, je n'ai pas de critique à formuler, ça me parait normal. Vous êtes plutôt Goldsmith "action", Rozsa "martial" ou Goldenthal "suspens grondant et cuivré" et il vous arrive en ce sens d'apprécier Horner quand il fait du ALIENS, de l'APOLLO 13 ou du ROCKETEER. Mais quand il est dans une approche différente, lyrique pourrait-on dire (que vous qualifiez sans doute de "niaise" ou "mièvre"), ce n'est pas votre truc. Et je peux comprendre cela. C'est une histoire de gout et d'affinités.
En musique classique, certains détestent Tchaikovsky et Rachmaninov, ou l'école romantique et sentimentale (au sens artistique et musical du terme) précisément parce qu'à leurs oreilles, cela sonne faux, mièvre, ampoulé etc... Encore une fois, je peux admettre cela car c'est une histoire de gout. Là où je ne peux vraiment pas comprendre c'est lorsqu'on se sert de ses gouts/penchants pour dénigrer une musique qui ne rentre pas dans ses propres codes et schémas d'appréciation et en déduire (j'attends encore les arguments techniques, vu qu'il m'apparait que certains ici pourraient déchiffrer d'oreille une partition qu'ils ne connaissent pas et tout ça sur un support MP3 / streaming plutôt moyen-moyen !) que c'est une "mauvaise" musique (surtout que dans le cas d'un mec comme Horner, qui est tout de même, d'un point de vue purement technique, un des derniers maitres à évoluer à Hollywood, il faut être sacrément de mauvaise foi pour oser dire que ce compositeur distille des orchestrations convenues - elles ne sont certes pas non plus révolutionnaires, j'en conviens, et de toute façon en matière de musique et d'orchestration, selon moi, tout a déjà été tenté depuis un sacré bout de temps).
Il serait quand même plus honnête de dire que vous n'aimez pas Horner quand il ne donne pas dans le suspens/l'action etc... et que son côté "sentimentaliste" (au sens école russe ou française de l'orchestration impressionniste ou romantique) ne vous touche pas.
Enfin, c'est tout de même drôle ce "lynchage" (ce mot est inadéquat j'en conviens, mais je n'en trouve pas de plus nuancé pour l'instant) presque systématique. Quand il fait dans le "romantisme musical" (toujours au sens artistique du terme, je précise car ce terme a désormais une connotation galvaudée et péjorative), Horner est saoulant, quand il reprend des motifs fétiches, il est saoulant... Mais quand il pond un truc comme le morceau Strange New Clothes tiré du BOY IN STRIPED PAJAMA (pardon pour l'orthographe) où les dernières minutes donnent lieu à un arrangement de cordes rarement entendu en musique de film provoquant une impression sonore de malaise grandissant (les sections de cordes se combinent en des superpositions d'harmoniques décalées qui confèrent à l'ensemble la sensation d'entendre un long cri strident de voix humaines horrifiées), et bien, là je n'ai pas entendu un seul propos positif. Pas une âme pour dire à quel point il y avait là un passage émotionnellement fort et orchestralement très complexe.
Et comme la paranoïa m'a déjà atteint, je préfère également préciser pour éviter tout procès d'intention, que je ne suis pas pour autant un fan aveugle d'Horner (du style Horner est le plus grand compositeur du monde etc etc..., je ne l'ai jamais dit), que je place certaines musiques de Goldsmith au même niveau que certaines oeuvres classiques que j'adore et respecte (même chose pour des Waxman, Herrmann etc...) et que je me fais une grande joie de pouvoir écouter la version complète d'INNERSPACE

.
En bref et pour terminer, j'aime Horner comme tous les autre compositeurs (à des degrés divers, il est vrai) pour ce qu'ils sont, avec leurs défauts et leurs qualités, leur style... en essayant d'être le plus objectif et honnête possible sur leur travail (par exemple je n'aime pas vraiment Morricone en dehors de ses "standards", mais jamais ô grand jamais je n'irais chercher de prétextes fallacieux sur une supposée médiocrité d'écriture que je serais de toute façon bien en peine de pouvoir prouver !!).
Enfin, une dernière chose m'étonne : celle qui consiste en la réaction épidermique que certains d'entre-vous font quant au rapport entre la musique qu'ils ont entendue et le "tapage médiatique" qui semble avoir précédé la sortie du film/de la musique : depuis quand juge-t-on une oeuvre avec le buzz qui est créée autour d'elle ?