Ennio Morricone: génial stakhanoviste.

[Haricolin]

Un grand merci pour cette mise en avant, Haricolin ! Un de mes Morricone des années 2000 préférés, avec La corrispondenza où il se renouvelle dans un style plus "ambient" (toute comparaison mise de côté). Le film est très bien aussi, sur une idée que De Palma aurait pu développer.

Je vois ce que tu veux dire quand tu parles "d'ambient", c'est plus en retrait qu'à une certaine période et la musique se développe sur une même base tout du long. J'avais lu quelque chose sur la manière dont il composait avec Tornatore, faudrait que je relise car c'était bien compliqué.
(Le twist principal du film d'ailleurs n'est pas sans rappeler, pas De Palma, mais Ridley Scott et son film Les Associés )

[PatrickB]

Merci Haricolin, effectivement une musique raffinée, qui (a) fait l'unanimité à la sortie du film et du CD. L'un des meilleurs films de Tornatore, tout en finesse, acteurs et photographie compris.
Du grand.

[Lee Van Cleef]

Visionnage et écoute de San Babila ore 20: Un delitto inutile. Le film était pas terrible.

Alors là, je m'insurge d'un seul bloc érigé par ma katanesque ire ! (Avec au moins dix bonnes longueurs de retard, certes, mais mieux vaut une retentissante quérimonie, même à la bourre, que pas de quérimonie du tout...) Il ne me surprendrait pas outre mesure que notre Rico en culottes courtes n'ait vu dans ce film qu'une charge pataude, orchestrée par un Vieux Con ayant totalement oublié qu'il ne le fut pas toujours, contre le péril jeune mû à titre exclusif par de noirs instincts dionysiaques. Et peut-être cette interprétation n'est-elle pas erronée sur l'intégralité de la ligne... Mais San Babila représente surtout le témoignage à rebrousse-poil d'un Carlo Lizzani demeuré l'un des observateurs les plus lucides des tristement illustres années de plomb, de la terrible violence qui les gangrenait et des balises morales que ses débordements devenus la norme renversèrent comme des bibelots dérisoires. La présence que je suppose sarcastique des sifflets dans la musique chouette-mais-pas-renversante-non-plus du Maestro, me fait voir des hommes en bleu s'épuisant à courir aussi frénétiquement que des poulets tout juste décapités et à tirer de leurs appeaux de stériles mises en garde.

[Haricolin]

Visionnage et écoute de Il Grande Silenzio du maestro. Extrêmement intelligente à l'image (nous donnant plusieurs indices sur la fin sans que jamais on ne les relève), c'est aussi merveilleux en isolée. Tantôt rèche, froid et rugueux, tantôt lyrique, tragique et sanguinolent, le maestro se refuse logiquement aux aspects mythologiques dans une BO qui brise le coeur quand on connait le film. On passe donc d'un thème héroïque progressivement tragique pour Silence, à des parties très rudes en dissonnances pour le perso de Kimski à, dans un foreshadowing bien pensé, un thème tragique apparaissant dès le début. Un exemple de savoir-faire pour sûr.



(Il faut que je regarde le A l'image de... maintenant)

[Lee Van Cleef]

Rico, tout jouvenceau glabre que tu es, tes encomiastiques paroles viennent de faire de moi un barbon pouvant difficilement se considérer davantage comblé ! C'était bien le moins pour réexpédier au lugubre entonnoir du néant les mots rogues qu'a récemment eu Rata à l'encontre de ce chef-d'oeuvre hiémal, hérissé de congères aux linéaments désolés.

[Scorebob]

Remake ou Reboot de RED SONJA ? Côté score vollà ce que ça donne:

[Lee Van Cleef]

Tiens ? Longtemps après un Solomon Kane de grisâtre mémoire, trop étriqué pour rendre justice à la fièvre désaxée du personnage du Puritain, M. J. Bassett récidive au chapitre des adaptations "howardiennes" sur grand écran. Au vu de la bande-annonce, enkystée de chichis graphiques dégoulinant à divers degrés de la ringardise, le Conan fondateur de John Milius devra encore ronger son frein avant qu'un digne frère d'armes ne lui soit découvert... Semblable bisserie eût été l'équivalent d'une succulente tartine de confiture pour Bear McCreary, qui aurait sans doute fait fructifier l'aubaine en engendrant un nouveau Masters of the Universe. Faute de cette grive joufflue, régal des gastronomes à la tignasse huilée, on s'en tiendra à plus générique, vautré, si j'en juge par l'extrait que propose notre Bobby-Boy, dans la très périssable moyenne de la furax fantasy. Crom soit loué, le sous-tif' en cottes de mailles, lui, répond apparemment présent !

[Dadid]

Partant de l'axiome 'cheveux roux = Irlande' facile mais évident, nous avons donc ici: (Fantasy + l'Irlande c'est beau et ça plait à tout le monde) x (épique saturé + c'est du comics on va pas trop s'emmerder) = un sommet d'originalité, dont je me demande ce qu'il fait chez Morricone (à part le perso titre). Ou bien, pour nous faire sortir, Lee et moi, de nos trous ?

[Scorebob]

On aura au moins deux commentaires éclairés qui auraient pu ne pas être si j'avais classée la Rousse dans le topic fourre tout .

[Haricolin]

Visionnage et écoute de Gli occhi freddi della paura. Un concentré habituel d'atonal, d'amélodique et de dissonances, qui frôle parfois le free jazz schifrinesque et qui offre les moments de malaise nécéssaires. Quelques très intéressantes recherches sonores, j'aime bien.

[Haricolin]

Visionnage et écoute de Macchie Solari. Dans le même genre, mais moins convaincant. Le mélancolique thème principal est assez beau, mais pas développé du tout (juste la première piste et la dernière en mode Single). Le reste c'est comme d'habitude du dissonant, de l'ambiance horrifique mais sans réelle personnalité forte ici. ça fonctionne et ça reste du Morricone, donc on y trouve des choses intéressantes, mais c'est trop sage.

[Lee Van Cleef]

Visionnage et écoute de Gli occhi freddi della paura. Un concentré habituel d'atonal, d'amélodique et de dissonances, qui frôle parfois le free jazz schifrinesque et qui offre les moments de malaise nécéssaires. Quelques très intéressantes recherches sonores, j'aime bien.

Suivant au point virgule près ta profession de foi écrite à maintes reprises dans les parages, l'écoute de la musique en effet captivante du Maestro (un hybride ayant quelque chose de primitivement jazz, mais sous une forme si déglinguée que je n'en recommanderai pas une seconde la découverte au chat du Cheshire) n'a pu que succéder à la vision préalable de ce qui est, si je ne m'abuse, la première des deux seules incursions d'Enzo Castellari parmi les mains toutes de cuir noir gantées et les souffles stertoreux dont use et abuse le giallo. Qu'as-tu pensé de ce film-ci, ami Rico ? Je me suis toujours demandé ce qu'un action man de la trempe de Castellari avait pu réussir (ou brader, ça n'est pas exclu) au contact des psycho-killers de la Botte.

[Haricolin]

Qu'as-tu pensé de ce film-ci, ami Rico ? Je me suis toujours demandé ce qu'un action man de la trempe de Castellari avait pu réussir (ou brader, ça n'est pas exclu) au contact des psycho-killers de la Botte.

Franchement pas mal ! C'est plus un film à suspense qu'un réel giallo (deux bandits qui prennent en otage une maison à la recherche d'un mystérieux parchemin), mais scénaristiquement ça tient rigoureusement bien la route, avec quelques scènes à suspense assez délicieuses en terme de rapports de force. Côté mise en scène c'est plus classique, avec quelques séquences giallos parfois très réussies dans leur côté onirique et parfois un peu ridicules par leur dimension hyper exagérée. On y retient surtout une scène finale dans le noir total assez prenante.
Donc plutôt content.

[Bmcready]

Du Morricone, du Morricone, du Morricone et .......... du Morricone chez Quartet

[Haricolin]

Une belle sélection. J'adore le thème du Trio Infernal entendu plusieurs fois sur LGE mais toujours pas réussi à voir le film.
Per le antiche scale est une très bonne BO chambriste expérimentale.

[Lee Van Cleef]

Qu'as-tu pensé de ce film-ci, ami Rico ? Je me suis toujours demandé ce qu'un action man de la trempe de Castellari avait pu réussir (ou brader, ça n'est pas exclu) au contact des psycho-killers de la Botte.

Franchement pas mal ! C'est plus un film à suspense qu'un réel giallo (deux bandits qui prennent en otage une maison à la recherche d'un mystérieux parchemin), mais scénaristiquement ça tient rigoureusement bien la route, avec quelques scènes à suspense assez délicieuses en terme de rapports de force. Côté mise en scène c'est plus classique, avec quelques séquences giallos parfois très réussies dans leur côté onirique et parfois un peu ridicules par leur dimension hyper exagérée. On y retient surtout une scène finale dans le noir total assez prenante.
Donc plutôt content.

Merci de tes éclaircissements, compagnon ! Plus qu'à gribouiller ça sur un post-it et à me le punaiser ensuite sur le front.

[Haricolin]

Visionnage et écoute de Quattro mosche di velluto grigio. Avant de voir le film, je m'attendais à une BO dissonante-giallo comme Morricone a l'habitude de faire. A quel point je me trompais. Déjà ça commence sur un morceau rock sur une première scène incroyable, et très surprenant pour le maestro. ça pose le ton de la BO qui oscille entre cette dimension rock et celle plus habituelle de giallo, qui garde quelques instruments rock et toujours avec quelques chouettes idées sonores. Et Morricone ne s'est pas arrêté là vu qu'on a aussi le droit à un habituel mais toujours très réussi thème mélancol'ironique pour le début et la fin. Génial de bout en bout et excellent à l'image en illustrant bien l'ambivalence de ce film comico-horrifique.

[PatrickB]

Une belle sélection. J'adore le thème du Trio Infernal entendu plusieurs fois sur LGE mais toujours pas réussi à voir le film.
Per le antiche scale est une très bonne BO chambriste expérimentale.

Merci Haricolin, pour le partage sur Gli occhi freddi (toujours pas vu, mais cela donne envie, même si je ne suis pas fan des "improvisations" Nuova Consonanza) et Les 4 mouches de velours gris, effectivement excellent et le plus abordable de la trilogie Argento, à la fois film et musique. C'est quoi LGE ??
J'ai e trio infernal en fichier video (mp4), et s'il est en français, je te l'enverrai. Il vaut d'être regardé, désormais un classique malgré sa férocité, culte.

Pour les sorties Quartet, cela sort en masse des Morricone car ils avaient un accord avec un label pour republier une bonne vingtaine de BO avec date limite...
Il y a de tout, souvent pas mal ou excellent, dont des pépites méconnues de l'auditeur moyen (Copkiller et son ton un peu nouveau, bien typé), Il giustiziere/The Human Factor (style mafia-thriller, et un cor anglais et un hautbois magiques pour le thème émouvant), et le chef d'oeuvre Veruschka et ses accès nombreux et divers de sensualité. Ajoutons bien sûr Le secret et le désert des Tartares.

La dernière fournée ne surprendra pas les morriconiens et les vieux briscards, mais d'abord La disubbidienza vaut le coup pour sa retenue qui déborde ensuite (l'un des thèmes les plus émouvants du Maestro) et sa justesse. mais il reste des inédits bien cachés, ce qui fait que la mention "toute la musique enregistrée", déjà fausse précédemment, reste fausse. Mais le CD contient l'essentiel, très satisfaisant, avec une des rares chansons avec paroles par Edda ! A coté du Trio infernal incontournable, et Per le antiche scale (Vertiges) cités par Haricolin, Bluebeard est quasi- monothématique, à part les moreaux sources, ce qui fait un CD trop long, presque indigeste pour l'auditeur moyen, et même chevronné ! Même en étant "fan", trop est parfois l'ennemi du bien...

Voila ce qui en était pour ma voiture-balai.

[Haricolin]

Merci Haricolin, pour le partage sur Gli occhi freddi (toujours pas vu, mais cela donne envie, même si je ne suis pas fan des "improvisations" Nuova Consonanza) et Les 4 mouches de velours gris, effectivement excellent et le plus abordable de la trilogie Argento, à la fois film et musique. C'est quoi LGE ??
J'ai e trio infernal en fichier video (mp4), et s'il est en français, je te l'enverrai. Il vaut d'être regardé, désormais un classique malgré sa férocité, culte.

Désolé l'habitude, LGE = La Grande Evasion, la radio du démon cornu. Je me suis rendu compte que Gli occhi freddi della paura était absent de ta liste pour le livre. Surement un oubli. En terme "d'improvisation" giallo comme tu dis, celui-ci est probablement un des plus réussis, même si l'originel Oiseau au plumage de cristal reste un classique.

[PatrickB]

Gli occhi freddi della paura n'a pas été oublié, mais il figure dans la liste B (les travaux "autres" et ceux mineurs, arrangements pour films, etc). Car c'est de l'impro et elle est collective.Ca se discute, mais les critères sont là.

Bonne nouvelle pour Le trio infernal, j'ai bien la version française. Le fichier est en avi ; sinon je dois le convertir en mp4, au choix. Merci aux correspondants lointains...

[Haricolin]

Car c'est de l'impro et elle est collective.Ca se discute, mais les critères sont là.

Comment ça ? C'est que de l'impro cette BO ? Et comment ça collective ? Il n'y a que le Maestro qui est mis au générique.

[PatrickB]

Oui, en tout cas principalement car le Gruppo improvisait sur les images, beaucoup plus que pour Un tranquillo posto di campagna.
Pour ce dernier et contrairement aux autres rares films avec impro, Morricone a précisé qu'il avait ajouté des compositions de lui.
Il parle de ces films et du Gruppo pages 392-394 de son livre d'entretiens Ma musique, ma vie.
Mais il est vrai que tout cela est difficile à démêler et que dans "Gli occhi...", il a bien du glisser une ou des compos de lui, c'est pour pour cela que je nuançais par "principalement".