Nicolas Errèra continue son évolution dans le petit monde de la musique de film française. Après Trois Zéros, Cravate Club et Quelqu’un de Bien, cet album montre que la musique électronique, considérée par beaucoup comme froide et insipide, peut très bien accompagner une comédie, qui plus est une histoire de grand air dans laquelle Michel Serrault partage avec la petite Claire Bouanich non seulement l’affiche mais également la chanson-titre, entendue sur le générique fin (Le Papillon).
Par son mélange électronique et acoustique, ses pizzicati impertinents, ses violons langoureux, son piano un rien mutin, nous sommes ici plus proches de la nonchalance un brin mélancolique de Cravate Club que du lounge groovy de Quelqu’un de Bien. Le compositeur joue la carte de la tendresse et du bucolique tout en gardant cette énergie, ce dynamisme portés par les boucles rythmiques. Une émotion immédiate, un rapport épidermique qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler François De Roubaix, auquel cet album fait parfois penser (en particulier, dans le Thème du Vercors, pianistique cousin des flûtes de Ou Est Passé Tom ?).
Le compositeur ne recule pas devant un thématisme (Thème de Julien, Thème du Vercors, La Grande Ourse) qui structure l’album en le faisant naviguer entre musique de film et compilation électronique (Le Magasin de Disque, L’Ultime Voyage). Car si l’approche électro semble effectivement trouver au cinéma un terrain de jeu et d’entente, qui aurait juré de son efficacité sur de grands espaces naturels ? A l’image du film qu’il accompagne, Errèra nous propose un album apaisant, familial, coloré, printanier. Une musique hors-saison. Primesautière, dirait quelqu’un de bien…
Article initialement publié sur Traxzone le 21/02/2003.