Immortals (Trevor Morris)

Rococo et biscotos

Disques • Publié le 18/01/2012 par

ImmortalsIMMORTALS (2011)
LES IMMORTELS
Compositeur :
Trevor Morris
Durée : 51:17 | 22 pistes
Éditeur : Relativity Music Group

 

1.5 out of 5 stars

Assez mystérieusement, la filmographie de Tarsem Singh ne compte jamais deux fois le même compositeur, et ce malgré la signature visuelle très forte du réalisateur. Il est loin le temps où l’esthétisme, certes outrancier, de The Cell prenait tout son sens grâce à la musique sans compromis d’Howard Shore ! Aujourd’hui, c’est Trevor Morris qui est amené à fréquenter ces Immortels arborant leur torse et leur pubis épilés de frais.

 

Les producteurs de 300 ayant pris soin de ne pas répéter la «boulette Tyler Bates», le compositeur des Tudors fait donc oublier le fameux plagiat et livre un score qui ne ressemble à aucun autre. Mission réussie car pour le coup, la musique d’Immortals ne ressemble… à rien. Ou plutôt si : elle s’apparenterait à la musique d’un gros jeu vidéo déjà passé de mode. Si les intentions sont quelque peu perceptibles de temps en temps, il faut dire que l’ensemble se révèle très impersonnel, un comble pour un film à l’iconographie pourtant bien marquée. Les bastons mythologiques entre ces protagonistes courtement vêtus d’or n’inspirent à Morris qu’une uniformité de cuivres et de chœurs scandés jusqu’à bout de souffle, de cordes pseudo tragiques faisant du remplissage et de percussions enfonçant le clou sans la moindre finesse. Après quelques morceaux évoquant péniblement la dramaturgie du mythe par des accents apocalyptiques lorgnant vers Goldenthal, l’on comprend très vite que c’est la recherche de l’efficacité qui a primé lors de la conception de la partition, coupant l’herbe sous le pied à toute ambition créatrice. Les morceaux s’enchaînent et se ressemblent : pauvres thématiquement et balisés par des orchestrations plates et inélégantes, ils martèlent de manières peu ou prou identiques et ne suscitent qu’un intérêt tout relatif.

 

Ce n’est pas le scénario anémique qui a inspiré le compositeur mais les faits d’armes d’une gente à la virilité somme toute ambivalente, à la limite du ridicule et pourtant affichée par les décibels poussifs. Trevor Morris s’étant bien gardé de raconter quoi que ce soit, rien ne viendra nuancer l’écoute cette musique ostentatoire mais ennuyeuse, sans relief ni passion. Immortals n’aura donc à travers elle que l’écho d’une mythologie musculeuse et galvaudée.

 

Immortals

Sébastien Faelens