NATE & HAYES / SAVAGE ISLANDS (1983)
LES PIRATES DE L’ÎLE SAUVAGE
Compositeur : Trevor Jones
Durée : 39:46 | 15 pistes
Éditeur : La-La Land Records
Après avoir été, avec Airplane! (Y a-t-il un Pilote dans l’Avion ?) d’Elmer Bernstein, le premier label à sortir un score hors des coffres longtemps réputés inviolables des films Paramount, La-La Land Records continue l’exploration des archives musicales du studio à la fameuse montagne avec Nate & Hayes (Les Pirates de l’Île Sauvage), l’un des premiers scores de Trevor Jones après la révélation que fut sa partition flamboyante pour The Dark Crystal. Au XIXème siècle, dans le Pacifique Sud, le missionnaire Nathaniel Williamsen (Nate) et sa fiancée Sophie se trouvent à bord du Rona, le bateau dont Bully Hayes est le capitaine. Rapidement, Sophie est capturée par un terrible esclavagiste. Les deux hommes, tout en étant rivaux pour conquérir le cœur de la belle, traverseront toute une série d’épreuves afin de la retrouver… Bien que maigre, le scénario a d’ailleurs bénéficié des talents de dialoguiste du regretté John Hughes, futur réalisateur de The Breakfast Club et Ferris Bueller’s Day Off (La Folle Journée de Ferris Bueller).
Longtemps réclamée, l’édition du score de Nate & Hayes ravive le souvenir de ce que furent les débuts de Jones, une époque pas si lointaine où, sous l’impulsion donnée par John Williams avec Star Wars, les scores de films d’aventures et de fantasy pouvaient recourir à une thématique marquée et bénéficiaient d’un budget permettant l’utilisation d’un orchestre symphonique, ici le prestigieux London Symphony Orchestra. Jones n’était d’ailleurs pas à son galop d’essai avec cet orchestre puisqu’il avait déjà enregistré avec lui le mythique score de The Dark Crystal. Reconnaissons d’emblée que le thème principal de Nate & Hayes n’est en effet pas étranger à celui du chef d’œuvre de Trevor Jones. Plus que la mélodie elle-même, c’est la construction du morceau et l’orchestration (due à Jones et au regretté Peter Knight) qui rappellent la partition du film culte de Jim Henson.
Digne héritier du swashbuckling, ce Main Theme From Nate And Hayes rappelle aussi beaucoup les compositions enlevées de l’Âge d’Or du cinéma Hollywoodien (on pense aux fanfares des films d’Errol Flynn). Le recours aux vents (flûtes et piccoli) apporte une légèreté qui porte ce thème héroïque, distillé tout au long du score. Un second thème, romantique (Love Theme From Nate And Hayes), revient également fréquemment dès qu’apparait ou est évoqué le personnage féminin, porté par les traditionnelles cordes soulignées très discrètement par un synthétiseur. Un motif exotique exposé dès les premières minutes traverse également la partition. Très enlevé grâce à une large palette de percussions endiablées doublées de cordes aux rythmiques orientales, il est associé à l’action. Le reste de ce score assez court est tour à tour mystérieux, enivrant et extrêmement distrayant. Les différents thèmes sont repris et se répondent, traités sous différents modes, orchestrés différemment, le tout convergeant vers des End Credits des plus jouissifs, véritable défilé impeccablement réglé de l’ensemble des thèmes qui ont marqué la partition. Assurément, le thème principal vous restera longtemps au creux de l’oreille.
L’album est servi par une qualité sonore remarquable grâce aux bons soins de l’excellent ingénieur Mike Matessino, qui a restauré et remasterisé l’enregistrement original assuré par le talentueux John Richards (Excalibur, The Dark Crystal, Krull, The Secret Of NIMH [Brisby & le Secret de Nimh] et tant d’autres). Enfin, les notes abondantes, signées Jeff Bond, analysent notamment en détail chacun des morceaux. Il ne vous reste qu’à affuter votre sabre et à vous préparer à l’abordage en compagnie du Capitaine Jones !