Trick ‘R Treat (Douglas Pipes)

La Nuit des Masques

Disques • Publié le 31/10/2009 par

Trick 'R TreatTRICK ‘R TREAT (2007)
TRICK ‘R TREAT
Compositeur :
Douglas Pipes
Durée : 59:18 | 18 pistes
Éditeur : La-La Land Records

 

4 out of 5 stars

Renouant avec la grande tradition du film horrifique à sketches tombée quelque peu en désuétude depuis Creepshow et Tales From The Crypt (Les Contes de la Crypte), Trick ‘R Treat nous présente la nuit d’Halloween à travers un prisme constitué d’un mélange d’humour noir, d’angoisse et de gore, restant à la fois respectueux envers les films du genre qui ont fait les grandes heures des années 70 et 80 tout en inversant habilement les codes inhérents au genre pour mieux les exploiter. Achevé en 2007, et malgré une présence dans la sélection de nombreux festivals, le film ne sortira malheureusement jamais en salles. Jugé trop violent et dérangeant par les exécutifs de la Warner, il ne connaitra finalement les honneurs d’une diffusion étendue que par le biais d’un DVD sorti aux Etats-Unis en octobre 2009, juste à temps pour Halloween.

 

Faisant fi des difficultés rencontrées par son projet, l’auteur et réalisateur Michael Dougherty, lui-même amateur éclairé de musique de film, a refusé malgré d’importantes pressions budgétaires de se reposer sur une partition électronique. En effet, Dougherty souhaitait avant tout que son œuvre bénéficie d’une approche orchestrale et thématique, celle-là même qui est si rarement retenue par les metteurs en scènes contemporains au profit d’un sound design générique sans relief. Pour concrétiser sa vision, le réalisateur a ainsi fait appel au compositeur Douglas Pipes, révélé en 2006 par sa partition pour Monster House et qui n’attendait depuis qu’une nouvelle occasion de démontrer plus avant ses capacités.

 

Pour Trick ‘R Treat, Pipes a ainsi respecté tous les codes musicaux du genre, utilisant l’orchestre et le chœur d’enfants avec une grande maitrise, alternant passages éthérés, étranges, parfois effrayants, et séquences de tension horrifiques illustrées d’une musique puissante faisant la part belle aux cordes et à des cuivres vibrants d’énergie, le tout dans un élan richement thématique. Quelle que soit la révérence dont le compositeur fait montre envers ses aînés, et malgré les nombreuses références qui parsèment le score, celui-ci conserve pourtant tout au long du film une véritable cohérence.

 

Trick 'R Treat

 

Dès les premières secondes du Main Titles, un clin d’œil appuyé à Bernard Herrmann donne le ton, mêlant staccato de cordes à la Psycho (Psychose) et une rythmique implacable annonciatrice des sombres événements à venir. L’ombre du compositeur d’Hitchcock baigne d’ailleurs l’ensemble de la partition, aux côtés de Danny Elfman et de Jerry Goldsmith.

 

Le score est essentiellement construit autour d’un motif simple associé à Sam, l’esprit meurtrier d’Halloween qui intervient à plusieurs reprises au cours du métrage et crée un lien entre plusieurs histoires en apparence distinctes. Ce motif présenté dès le Main Title est lui-même basé sur «Trick or treat, smell my feet, give me something good to eat», comptine enfantine familière aux connaisseurs des traditions d’Halloween. Tout d’abord suggéré par quelques notes de piano (It’s Halloween, Not Hanukkah), puis soutenu par un chœur d’enfants (The Halloween Schoolbus Massacre), ce thème central prendra de l’ampleur tout au long de la partition, suggérant sans cesse la présence maléfique de ce personnage inquiétant, jusqu’à l’apothéose que constituent le climax du film et les douze minutes de son contrepoint musical (Pumpkin Shooter / Meet Sam) au cours duquel Pipes conjure toutes les forces de l’orchestre dans un déchainement infernal.

 

Des moments plus contemplatifs prennent parfois le contrepied de la peur qui rôde, faisant la part belle à des cordes enveloppantes, sensuelles et mystérieuses (Meet Rhonda, Laurie’s First Time ou encore The Neighborhood). Les quelques notes d’un piano presque liquide rappellent les passages les plus calmes du Goldsmith de The Omen (La Malédiction) tandis que l’usage du chœur d’enfants évoque immanquablement l’apparente innocence de la berceuse de Carol Ann dans le Poltergeist du même compositeur.

 

Le disque et le film se terminent par un End Titles reprenant, sous forme de suite, l’ensemble des thèmes et motifs présentés au cours du film, concluant brillamment une partition qui constitue, après le fantastique Drag Me To Hell (Jusqu’en Enfer) de Christopher Young, une des excellentes surprises du genre en cette année 2009. Espérons donc que Douglas Pipes ne s’arrêtera pas en si bon chemin, et qu’il se verra offrir d’autres opportunités de développer un style déjà fort prometteur.

 

Trick 'R Treat Photo 02

Olivier Desbrosses
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