Anthony Zimmer : élégance et raffinement
Disques • Publié le 12/07/2009 par

 

ANTHONY ZIMMER (2005)

ANTHONY ZIMMER

Compositeur : Frédéric Talgorn

Durée : 42:06 | 13 pistes

CD : Milan Records

Rating: ★★★☆☆

 

 

Même en France, la production chaotique d’un film peut bouleverser l’impact qu’il aurait pu avoir sur les amateurs de musique de film. Ce fût apparemment le cas pour Anthony Zimmer de Jérôme Salle : Bruno Coulais s’est vu débarqué, son travail ayant été rejeté par les producteurs. Ceux qui apprécient ce dernier ont dû bondir comme un seul homme à l’annonce de cette nouvelle car l’auteur de Agents Secrets aurait probablement proposé un nouveau travail d’orfèvre. Il se trouve cependant que c’est un autre orfèvre qui prend sa succession mais, aussi raffiné que puisse être Frédéric Talgorn, doit-on se réjouir qu’un compositeur doive livrer en si peu de temps un travail aussi difficile que la composition d’une musique de film ? Toujours est-il que le temps a visiblement joué contre Talgorn, qui n’a disposé que d’une petite semaine pour l’écriture et a dû suivre les instructions d’un réalisateur dont les références musicales étaient focalisées sur Basic Instinct. Comment donc écrire une telle partition sans trop s’approcher de Jerry Goldsmith ?

 

Il fallait bien le talent de l’auteur du Brasier – talent qui fût mal exploité pendant longtemps – pour exercer un tel envoûtement dès les premières notes de l’Ouverture. Le compositeur met en marche un mécanisme hypnotique dont les engrenages s’imbriquent avec une élégance qui force le respect. Non seulement les cordes s’unissent en un seul mouvement  à partir de la vingtième seconde, mais elles exercent une dynamique mutuelle qui donne de l’élan à chaque relance : le motif de quatre notes, joliment accrocheur pour une entrée en matière, revient tel une vague incessante, accompagné par les bois qui participent à l’évolution du thème au sein du morceau. Cette Ouverture, envoûtante et mystérieuse, laisse place à des Rencontres qui donnent lieu à un jeu de cordes différent. Plus lentes et plus aiguës, ces dernières deviennent alors insidieuses, comme si les personnages cherchaient à percer le mystère en chacun d’eux. Après la course effrénée dans A Bout de Souffle, où les percussions rythment une tempête de cordes maîtrisées, il faut retenir L’Etau se resserre, qui est le morceau le plus riche au niveau narratif. Cordes et bois y forment une sorte de chape sonore qui évoluera sans cesse pour accompagner les variations des solistes. Sur neuf minutes, le morceau se scindera en quatre parties successives, marquant une fine mais nette progression narrative. Etonnamment, la Révélation se fait assez lascivement comme le reste de la partition, le soliste sonnant comme un lever de soleil, éclairant la scène d’un nouveau jour.

 

C’est enfin le Final qui donne l’occasion au compositeur de diriger avec vigueur l’ensemble de ce qui hantait la partition jusqu’à présent. Puis la musique s’estompe et finit par disparaître sans que l’on s’en aperçoive vraiment. Non seulement Anthony Zimmer fait appel à un registre peu exploré en France, mais après RRRrrrr !!!, l’exercice de style imposé était difficile à résoudre : Frédéric Talgorn l’a abordé avec raffinement et s’en sort donc avec les honneurs.

01. Ouverture (4:06)
02. Rencontres (4:23)
03. Etranges Vacances (2:55)
04. A Bout de Souffle (5:06)
05. Conduite de Nuit (0:49)
06. La Planque (4:18)
07. L’Etau se Resserre (9:02)
08. Révélation (2:00)
09. Fehlen – La Dernière Chance (2:23)
10. Final (2:58)
11. Promenade (Interprété par Charles Autrand & Jean-Paul Hurier) (1:42)
12. Groove Manager (Interprété par 3D Tension) (1:12)
13. L’Escalier (Interprété par Jean-Paul Hurier) (1:06)


FICHE TECHNIQUE


Direction d’orchestre : Frédéric Talgorn

Orchestrations : Frédéric Talgorn

Prise de son : Edouard Dubois & Stéphane Reichart

Studio d’enregistrement : Studio Davout, Paris

 

Sébastien Faelens