Jingi Naki Tatakai (Toshiaki Tsushima)

La Vie d'un Tatoué

La décade prodigieuse • Publié le 05/02/2019 par

Jingi Naki TatakaiJINGI NAKI TATAKAI (BATTLE WITHOUT HONOR AND HUMANITY) (1973)
COMBAT SANS CODE D’HONNEUR
Compositeur :
Toshiaki Tsushima 
Durée : 11:21 | 7 pistes
Éditeur : Cinema-Kan (2018)

 

3.5 out of 5 stars

 

Inspecteur Doberman, Le Cimetière de la Morale, Sous les Drapeaux, L’Enfer… Avec Kinji Fukasaku, il n’y a jamais tromperie sur la marchandise vantée par des titres rentre-dans-le-lard. Ecœuré par les sermons du ninkyo eiga qui métamorphosa les yakuzas en chevaliers immaculés, le cinéaste consacra l’essentiel des années 70 à retourner comme un gant ces conventions honnies, faisant ainsi vœu solennel d’iconoclasme. Ses armes ? Le charisme brut de décoffrage du méga-viril Bunta Sugawara, une caméra volcanique dont la sidérante mobilité expédie au diable vauvert les tatoués braillards comme la beauté plastique un rien glacée du « vieux » cinéma japonais, et les décharges ténébreusement funky administrées par Toshiaki Tsushima. Si le compositeur devint l’une des très populaires têtes de gondole des nouveaux divertissements, frustres et pas aimables pour deux sous, qui submergèrent les salles obscures tout du long des seventies, c’est indéniablement aux gangsters psychotiques de Kinji Fukasaku qu’il le doit. Réalisateur et compositeur semblent avoir écumé les mêmes baraquements vétustes de l’après-guerre dont le film est hérissé, et coudoyé les mêmes marlous résolus à prospérer dans le crime, récoltant au sortir de leur périple un goût insatiable pour une matière convulsive dont la répétitivité même fait gage de fascination. Quarante-cinq ans après, les fameux solos de trompette, sonnant l’heure des règlements de compte écarlates, hululent toujours à l’extrême frontière de l’éraillement.

  Touche pas au grisbi, salope !

Benjamin Josse
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