Theater Of Blood (Michael J. Lewis)

La vengeance d'un acteur

La décade prodigieuse • Publié le 28/12/2018 par

Theatre Of BloodTHEATER OF BLOOD (1973)
THÉÂTRE DE SANG
Compositeur :
Michael J. Lewis
Durée : 52:37 | 15 pistes
Éditeur : La-La Land Records (2010)

 

4 out of 5 stars

Merveilleuses années 70 ! Terre d’infamie ravagée par une faim impossible à rassasier de stimuli crapoteux ! Ère sauvage où le jeu de massacre, tantôt surstylisé, tantôt crade, s’accompagnait à l’occasion d’une pudibonderie toc censée donner un brin de hauteur morale à des films bafouant toutes les vertus ! Autant dire que les swinging sixties, plongées dans cet enfer de l’exploitation, eurent vite fait de se dissoudre. Leur ombre acidulée plane néanmoins encore sur The Abominable Dr. Phibes et Theater Of Blood, distrayantes oeuvrettes dont la gémellité sourd de leur théâtralité très camp et des élastiques jeux de sourcils de leur parrain, Vincent Price himself. Même soumis, dans le second titre cité, au tir nourri de courtes focales bedonnantes, même affublé d’un postiche afro en guise de caution seventies, l’acteur fascine visiblement Michael J. Lewis, qui le gratifie d’un thème inoubliable. Celui-ci, escorté par le pupitre scintillant des bois, cisèle un joyau romantique ne souffrant nulle éraflure, ce qui occasionne un drôle de mélange avec la farce noire à laquelle succombent à tour de rôle des critiques impudents. Parce qu’ils eurent l’outrecuidance de vilipender jadis notre héros, un rouge trépas les attend ! Le machiavélisme de l’offensé courroucé pourvoie au moindre détail – la musique aussi, embrassant à chaque exécution la noirceur d’une atonalité revêche ou l’ironique espièglerie d’un centon néo-baroque. Quand, enfin, le rideau tombe rougi, l’Art en sort vengé. Et peut-être même perversement grandi.

 

Vincent Price dans Theater Of Blood

Benjamin Josse
Les derniers articles par Benjamin Josse (tout voir)