2015 : le palmarès de la rédaction

Que retenir d’une année cinématographique ? Voilà une question à laquelle, comme tant d’autres, nous tentons toujours de répondre en faisant fi de tout contexte ou événement dramatique, national ou international. D’aucuns y verront une fois de plus, assurément, quelque chose d’extrêmement dérisoire mais, vous le savez bien désormais, nous aimons à penser pour notre part qu’une passion comme la nôtre peut aussi (et surtout) être le carburant indispensable à toute une vie… Du reste, si vous lisez ces lignes, c’est certainement que vous avez également un avis bien tranché sur ce sujet, non ?

Alors nous voilà, fidèles à l’exercice, prêts à tirer un trait sur une année écoulée depuis quelques semaines déjà. Mais même du seul point de vue de la rencontre musique/image, 2015 ne restera pas, dans la mémoire des passionnés que nous sommes, sans susciter son propre petit pincement au cœur, celui qui, le 22 juin, nous a tous saisis alors que nous apprenions la disparition tragique, à seulement 61 ans, du compositeur James Horner (et ce, quelle que soit la manière avec laquelle on envisage l’œuvre qu’il laisse derrière lui).

Arrive donc le moment que vous attendez tous… Mais si, mais si ! Il est temps en effet de dévoiler le palmarès de la rédaction, comme à l’habitude par l’intermédiaire de deux séquences vidéo. L’année passée, nous plébiscitions le Homesman de Marco Beltrami et la réédition du Young Sherlock Holmes (Le Secret de la Pyramide) de Bruce Broughton. Mais qui sont donc les heureux élus qui vont leur succéder ?

FLORENT GROULT

Rédacteur en chef adjoint

POST SCRIPTUM : Malgré tout ce qui peut être dit, et même si des tragédies les plus horribles les unes que les autres ébranlent notre monde (et nous révoltent) presque quotidiennement, nous ne saurions entièrement jouer l’indifférence lorsque des événements aussi dramatiques que ceux qui ont ébranlé notre pays aux mois de janvier et novembre 2015 ont touché nos propres vies, et celles de nos proches, d’aussi près… Nos deux palmarès vidéo sont ainsi dédiés à trois victimes, amis ou collègues, assassinés alors qu’ils souhaitaient simplement, comme n’importe qui, comme nous tous, vivre pleinement leur passion… A Jean-Jacques Kirchheim, Précilia Correia et Cédric Gomet.

NOUVEAUTÉS 2015 : LE TOP DU TOP

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A la dixième place de notre classement, un monstre sacré : Ennio Morricone. Jolie manière de débuter les réjouissances, n’est-ce pas ? Si elle n’a pas déchaîné les plus folles et déraisonnables passions, sa contribution au Hateful Eight (Les 8 Salopards) de Quentin Tarantino n’en a pas moins fait dresser l’oreille, comme en témoignent certains de nos commentaires extraits, comme tous ceux qui suivront, de notre UnderScorama mensuel : pour certains d’entre nous, le maître italien nous donne bien à entendre « un tableau intriguant, non dénué d’humour noir », « viscéral et prenant dès les premières notes », « fascinant par son caractère macabre » et qui parvient haut la main à nous enfermer « dans un sérieux délire claustrophobe. » Rien à voir, donc, avec la lumineuse partition de Cinderella (Cendrillon) qui permet à la longue collaboration entre Kenneth Branagh et Patrick Doyle de revenir « par la grande porte » avec ce « genre de ballet romantique de toute beauté » où « la puissance et l’émotion sont au rendez-vous » et où « une éclatante joie de vivre emporte tout sur son passage. » « Un enchantement ! », mais oui !

Compositeur rare mais qui a néanmoins déjà eu les honneurs du palmarès à l’époque de Jack Reacher, Joe Kraemer place ensuite son Mission: Impossible – Rogue Nation, « le plus Schifrinien de tous les scores pour la franchise », sans aucun doute, au bénéfice d’un « suspense dense et viril », « ébouriffant » et « mené de main de maître. » Austin Wintory, lui, avait déjà dominé la branche musicale du monde vidéo-ludique l’année passée avec The Banner Saga : il s’impose encore largement cette année dans ce domaine avec son approche « dynamique, créative et ambitieuse » pour Assassin’s Creed Syndicate, et « une écriture précise et inspirée » apportant, une fois de plus, « une philosophie qui manquait jusqu’à il y a peu » : autant d’intelligence dans la mise en musique d’un jeu vidéo, on applaudit, tout simplement.

Première entrée dans la haute sphère par contre pour Daniel Pemberton, un « compositeur décidément étonnant et plein de ressources » qui hisse en milieu de classement son Man From U.N.C.L.E. (Des Agents Très Spéciaux : Code UNCLE) : une « partition à la coolitude vintage assumée », un « festival de couleurs pop », « tout simplement addictif », qui « privilégie avant tout le rythme et le fun d’une époque révolue. » C’est que nous adorons faire la fête, nous aussi ! Mais nous aimons aussi être retournés comme des crêpes : en ce domaine, on s’accordera presque tous à dire que James Horner était un maître. Avec Le Dernier Loup, il signait « une partition à tirer toutes les larmes de notre corps », un dernier « score majeur, beau et intense », « si puissant, si passionné, si émouvant, si enthousiasmant… » Les qualificatifs en l’occurrence ne manquent pas, mais lui, « il va nous manquer, c’est sûr. » Oui, assurément.

Autre légende vivante après Ennio Morricone, John Williams est revenu nous enthousiasmer les oreilles avec Star Wars: The Force Awakens (Le Réveil de la Force). Que voulez-vous : jouer les blasés, ce n’est pas tout simplement par notre truc, surtout lorsqu’on retrouve comme ici un compositeur de 84 ans « à l’entrain juvénile » qui offre une fois encore à la célèbre saga « des thèmes, des idées, de l’action orchestrale furibonde », « tissant un canevas riche et chatoyant » avec « toute la cohérence requise et les qualités d’écriture qui sont les siennes aujourd’hui. » « On en frissonne de plaisir », et cela, ça n’a pas de prix…

Mais le compositeur de l’année, vous vous en doutiez certainement, est bel et bien Michael Giacchino, dont le travail ne cesse de nous épater, partition après partition. La preuve ? Trois d’entre elles s’invitent dans les quatre premières places de notre classement 2015 ! Pour Tomorrowland (A la Poursuite de Demain), il cultive « le merveilleux avec noblesse et sincérité », déroulant grâce à sa seule musique « une histoire que l’on souhaite suivre avec une espièglerie tout enfantine. » Pour Inside Out (Vice-Versa), il « trouve instantanément le ton juste pour évoquer avec brio le rollercoaster émotionnel de l’enfance » et offre une partition « dynamique et d’une logique de composition imparable », un « classique instantané digne de Mancini. » Enfin, pour Jupiter Ascending (Jupiter, le Destin de l’Univers), il signe « une partition en Technicolor, un spectacle pyrotechnique », « bardé de sommets épiques et thématiques, de pièces d’actions époustouflantes. » Mais c’est sans doute notre Baptiste qui résume tout cela en une formule des plus adéquates : « Il y a tout ce qui m’a fait tomber dans la béophilie. » Bon sang, mais il est peut être tout simplement là, le secret de Michael Giacchino…

FLORENT GROULT

Rédacteur en chef adjoint

INÉDITS & RÉÉDITIONS 2015 : LE TOP DU TOP

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Que serait une année de parutions sans quelques rééditions issues du catalogue Jerry Goldsmith ? Deux d’entre elles trouvent le chemin du palmarès cette fois encore : la première, chez Intrada, permet de redécouvrir les « variations spectaculaires et enfiévrées » de The Ghost And The Darkness (L’Ombre et la Proie), lesquelles concilient avec brio « la beauté des plaines du Kenya, l’esprit colonial de l’empire britannique et la fureur ultra-sanguinaire des lions de Tsavo » ; la seconde, chez Varèse, remet en lumière ce « grand coup de folie créative » qu’est Gremlins 2: The New Batch (Gremlins 2 : la Nouvelle Génération), un « véritable feu d’artifice d’orchestrations frappadingues et de synthés sous acide », un délire cartoonesque « grandiose et ridicule à la fois. »

Pas forcément attendue, la réédition de la musique de The Firm (La Firme) a pourtant fait mouche : « une maitrise totale du thriller par un Grusin inspiré et trippant » qui « explore à fond l’expressivité d’un instrument unique mais versatile », un piano qui « vous happe dès les premières notes et s’occupe de tout. Une vraie leçon. » Tout est dit. Autre claque : la partition de John Williams pour A.I. Artificial Intelligence qui, dans « une édition exhaustive qui permet enfin de rendre justice au travail monumental accompli », nous offre « un voyage beau et complexe au cœur de l’humanité la plus profonde » et « un cheminement émotionnel, authentiquement l’un des plus aboutis » du compositeur. Et tout cela, c’est chez La-La Land Records que ça se passe !

Petite parenthèse Georges Delerue chez Intrada avec l’édition, cette fois intégrale, des bandes rejetées de Something Wicked This Way Comes (La Foire des Ténèbres) : une partition « mélancolique, crépusculaire, funèbre », « savante affaire de lyrisme, tantôt doux et lumineux, tantôt obscur et même carrément sépulcral. » En bref ? Une véritable « perle noire » qu’il serait bête de laisser passer… Retour chez La-La Land avec d’abord la réédition de « l’une des partitions les plus importantes », « les plus abouties » de James Horner, celle qu’il signe pour le Braveheart de Mel Gibson, « une fresque d’une force émotionnelle peu commune », « simplement pétrifiant de beauté. » Et puis vient ensuite le coffret événement de l’année renfermant les musiques de la série classique Mission: Impossible : un objet onéreux, certes, mais aussi « génialissime », « jouissif », constitué de « six disques pleins de suspense, de flûte, de cuivres et de percus », témoignant parfaitement d’une mise en musique qui est surtout « un modèle de concision musicale. »

Totale redécouverte également, chez Intrada, de la splendide partition de David Shire pour Return to Oz (Oz, un Monde Extraordinaire) : « un kaléidoscope lyrique et fin », « exquis », « un joyau dont chaque facette subjugue l’oreille », une « merveille chatoyant de mille feux. » C’est peu de dire que cette réédition a fait chavirer nos âmes ! Et dans un tout autre genre, le même label nous a également offert cette année l’une des rééditions les plus attendues qui soient depuis des années : enfin pouvons-nous désormais savourer dans sa plénitude la musique d’Alan Silvestri pour Judge Dredd, un « score sévèrement burné » (c’est le moins qu’on puisse dire), « fascinant et beau » (aussi, oui). Allons-y, clamons le haut et fort : « SILVESTRI IS THE LAW! » Ouhhhh, elle était facile celle-là…

Mais au sommet de ce palmarès, c’est le « romantisme mortifère enivrant » d’Obsession qui aura retenu toute notre attention, ces « figures ondoyantes, hypnotiques » signées Bernard Herrmann il y a près de quarante ans pour le film de Brian de Palma. Egalement réenregistrée parallèlement aux bons soins de l’équipe de Tadlow Music, la partition n’a néanmoins jamais été aussi ensorcelante que dans sa parure originale, un cadeau en bonne et due forme dont le mérite revient au jeune label français Music Box Records qui vient également, joli récompense, de rafler un IFMCA Award de la meilleure réédition. Voilà qui mérite bien de nous part à tous une franche admiration…

Et maintenant, sans plus attendre, place aux palmarès individuels de chacun d’entre nous. Bonne lecture !

FLORENT GROULT

Rédacteur en chef adjoint

OLIVIER DESBROSSES
Rédacteur en chef

NOUVEAUTÉS 2015

INÉDITS & RÉÉDITIONS 2015

FLORENT GROULT
Rédacteur en chef adjoint

NOUVEAUTÉS 2015

INÉDITS & RÉÉDITIONS 2015

BAPTISTE BRYLAK
Rédacteur

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SÉBASTIEN FAELENS
Secrétaire de rédaction

NOUVEAUTÉS 2015

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OLIVIER GALLIANO
Rédacteur & Monteur

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BENJAMIN JOSSE
Rédacteur

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MILIO LATIMIER
Rédacteur

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OLIVIER ROUYER
Grand Maître des Labels

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OLIVIER SOUDÉ
Rédacteur

NOUVEAUTÉS 2015

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STÉPHANE ABDALLAH
Rédacteur

INÉDITS & RÉÉDITIONS 2015

Adieu donc, 2015 ! 2016 est déjà là, bien installée, qui ne demande qu’à en découdre à son tour ! Comme d’habitude, il suffit de consulter n’importe quel calendrier prévisionnel des sorties cinématographiques pour repérer d’un simple coup d’œil les projets musicalement stimulants pour nos compositeurs préférés. Mais il convient comme toujours également d’être attentif et ouvert à tout ce qui nous passe entre les oreilles : c’est bien là la raison d’être de notre UnderScorama que, nous l’espérons, vous suivrez cette année encore avec un réel plaisir et enthousiasme. A l’année prochaine !