Entretien avec Yannick Rault

Retour vers les Mystérieuses Cités d'Or

Interviews • Publié le 17/12/2025 par

Yannick Rault. « Qui ? » me direz-vous. Les plus anciens se souviendront sûrement d’un certain Boub et de son site internet Les Cités d’Or, qui ont procuré de nombreuses heures de plaisir à tous les amateurs des sublimes musiques de la légendaire série Les Mystérieuses Cités d’Or. Mais le compositeur ne peut évidemment pas être réduit à ce simple fait d’armes. Ce qui serait déjà bien, à la vue de l’impressionnant et méticuleux travail accompli ! Autodidacte, cet infatigable passionné de sons a maintenant derrière lui quelques vingt-cinq années de recherches musicales, d’expérimentations sonores et de solides amitiés. La réouverture de son site Le Grand Héritage est évidemment l’occasion idéale pour en apprendre plus sur ce sympathique musicien.

Êtes-vous issu d’une famille de musiciens ou d’artistes de façon générale ?

Pas du tout. Mon père avait, comme beaucoup de gens de la génération yéyé, une guitare à la maison, mais il ne savait pas vraiment en jouer. En revanche, de mon côté, je lui ai souvent piqué en cachette. J’ai réussi à entraîner mes deux frères, qui font un peu de guitare et sont capables de tenir un rythme à la batterie.

 

Pourquoi avez-vous été attiré par la musique ?

J’ai de vieux souvenirs, qui remontent à mes quatre ou cinq ans, où j’écoutais les disques de mes parents en boucle. À cette époque, nous avons déménagé pour habiter dans un petit village et pour la fête du 14 juillet, une fanfare est passée devant chez nous. J’étais fasciné par les tambours et l’heure qui a suivi, j’avais une boîte en métal accrochée autour du cou et je tambourinais dessus. C’est devenu une passion dès ce jour.

 

Quel fut votre parcours musical scolaire ?

J’ai intégré une école de musique à l’âge de huit ans. Mes parents souhaitaient que j’apprenne un instrument mélodique et voulaient sûrement retarder le moment où une batterie rentrerait à la maison. J’ai donc fait cinq ans d’accordéon. J’ai ensuite pris des cours de batterie, ce qui me donnait l’occasion de taper sur autre chose que mes casseroles une heure par semaine. Puis j’ai intégré l’orchestre de cette école de musique en tant que batteur et en parallèle, j’ai fondé mes premiers groupes dans lesquels j’étais parfois batteur, parfois guitariste.

 

Enfant, étiez-vous déjà intéressé par les musiques pour l’image ?

Dès mon plus jeune âge, j’ai été très attentif aux musiques de séries télévisées. Comme mes parents n’avaient pas de magnétoscope, j’enregistrais les épisodes des Mystérieuses Cités d’Or et d’autres séries sur cassette audio. Cela me permettait d’écouter les musiques de ces séries et ainsi revivre les merveilleux moments de TV.

 

Écoutez-vous régulièrement de la musique pour votre plaisir ?

J’ai la chance de travailler chez moi, je suis graphiste indépendant, et la musique tourne non-stop toute la journée. J’ai énormément de CD et de vinyles, mais aussi un abonnement en streaming. C’est drôle, car un ami a justement vérifié mon quota de musique sur cette plateforme et je suis visiblement à plus de 80 000 minutes d’écoute cette année.

 

Quels sont les artistes et genres qui ont votre préférence ?

À l’âge de huit ans, j’étais fan de The Police. Stewart Copeland reste pour moi une référence majeure dans le monde de la batterie. Ensuite, j’ai écouté ce qu’écoutait mon grand frère, c’est-à-dire du hard rock de la fin 70 et début 80, et vers quatorze ans, je suis devenu fan des Cure et de toute la vague post-punk/new wave. Puis, jeune adulte, je me suis intéressé au jazz, à la brit pop, la soul et un tas d’autres genres musicaux. Aujourd’hui, j’écoute beaucoup de musiques de la fin 60 et des années 70, du rock progressif, de la pop, mais aussi de la musique concrète et beaucoup de musique de film (Lalo Schifrin, John Barry, Roy Budd pour ne citer qu’eux). J’adore également le travail de Forever Pavot qui n’est pas sans rappeler l’univers de François de Roubaix.

 

D’ailleurs, quels compositeurs sont une source d’inspiration dans votre processus créatif ?

Lalo Schifrin reste pour moi une grosse référence, tout comme François de Roubaix. Ils m’inspirent souvent pour certains types de projets musicaux. Il y a un savoir-faire inégalé, une vraie patte chez ces artistes. Il y a plusieurs années, j’ai rêvé que je trouvais un coffret avec quatre vinyles comportant toutes les musiques de Starsky & Hutch. Le réveil a été difficile ! J’aime beaucoup travailler des ambiances typées fin 60 dans l’esprit de certaines B.O. de Lalo Schifrin, comme celles de L’Inspecteur Harry par exemple. J’ai d’ailleurs réalisé Last Chance To Run Away, une B.O. imaginaire dans cet esprit, qui est disponible sur mon bandcamp.

 

De quel(s) instrument(s) jouez-vous ?

Je joue de plusieurs instruments, même si la batterie est mon instrument de prédilection : guitare, clavier, basse, percussions… et accordéon. J’ai principalement appris seul et aujourd’hui, je suis passionné par les vieilles machines analogiques. J’aimerai pouvoir les essayer toutes !

 

 

Vous avez été découvert à la fin des années 1990 grâce à vos réinterprétations des musiques de la série Les Mystérieuses Cités d’Or. Pourquoi ce choix ? Êtes-vous un fan de la série ?

Je suis un inconditionnel de cette série. Je suis tombé sous le charme dès la première diffusion. Tout me plaisait : le scénario, la musique bien sûr, mais aussi le graphisme. Pour la petite histoire, une amie avec qui j’ai été élevé est partie vivre au Mexique, après la fin de la diffusion de la série. Sa mère était espagnole et regardait les épisodes avec nous. Elle nous racontait des légendes liées à ces cultures. Ça a renforcé ma fascination pour l’Amérique du Sud. Nous communiquions par courrier et je recevais des photos du Machu Picchu, de Tikal, de Palenque… Ça a énormément entretenu ma passion. Je suis d’ailleurs à nouveau en train de regarder la série et j’y prends toujours autant de plaisir, même si je la connais par cœur.

 

Après avoir posté votre travail sur un premier site (Les Cités d’or), vous avez conçu Le Grand Héritage, que vous continuez à mettre à jour. Parlez-nous de la genèse de ce projet un peu fou.

Ça faisait longtemps que j’avais envie de créer un site consacré aux musiques de cette série. J’ai commencé à refaire ces morceaux fin 1998. À l’époque, je n’avais pas de matériel, juste un PC, une carte son Soundblaster 16 (et son mini micro) dotée d’une carte fille Korg, une guitare, une basse, et on me prêtait de temps en temps un Roland Juno Alpha 1. Autant dire tout ce qu’il fallait pour être à côté de la plaque niveau sonorités. Mais j’étais super motivé, car il fallait trouver un moyen de pouvoir écouter ces musiques qui n’étaient disponibles nulle part. J’ai donc commencé à me lancer dans la réécriture de ces morceaux à partir de cassettes audio sur lesquelles j’enregistrais tous les passages où il n’y avait pas de dialogues. Mais l’entreprise restait tout de même complexe car les épisodes sont en mono, compressés et couverts de bruitages en tous genres. C’est bien souvent difficile d’entendre ce qui se passe et de comprendre le son. On a finalement une idée globale de ce que sont ces musiques, mais en fait, nous ne savons pas du tout à quoi elles ressemblent avec un son stéréo et dans leur intégralité. En fait, reproduire à l’identique ces morceaux relève de l’impossible : il faudrait avoir exactement le même matériel, les mêmes conditions d’enregistrement (matériel de mastering), la même acoustique et aussi enregistrer le travail final sur bande. On ne peut donc que s’approcher des originaux.

 

Comment avez-vous travaillé pour arriver à être le plus proche possible des musiques originales composées par Shuki Levy et Haïm Saban ? Avez-vous eu l’occasion d’en parler avec eux ?

Malheureusement non. Le résultat est le fruit de recherches intensives sur le matériel d’époque, l’écoute de musique de la fin des 70’s et début 80’s. Je me suis énormément renseigné sur le matériel de cette période et je me suis mis à la synthèse sonore avec l’achat de mon premier vrai synthétiseur, un JP 8000, puis plus tard avec l’apparition des VST et enfin l’acquisition de matériel d’époque vers 2005. C’est un véritable travail de fourmi. J’aimerai un jour pouvoir discuter avec les compositeurs, en savoir plus sur le matériel utilisé, leurs sources d’inspiration et leur méthode de travail. On en sait assez peu sur ces deux musiciens finalement, ils ont toujours été très discrets.

 

Après avoir mis en ligne de nouveaux morceaux entre 2010 et 2017, le site se met en sommeil pendant 8 ans. Et puis, en novembre 2025, vous mettez une nouvelle fournée de titres…

Oui, en fait ce qui m’a motivé, c’est que j’ai perdu l’intégralité de mon travail suite à un crash de disque de sauvegarde. J’étais déjà depuis quelque temps tenté de reprendre le projet : impossible de me contenter des mp3 qui étaient en ligne sur le site. C’est l’occasion de mettre à profit l’expérience que j’ai pu acquérir ces dernières années en matière de mixage et de mastering. Je pense que ces nouvelles versions sont plus proches et bien mieux mixées que les précédentes.

 

On vous sent vraiment perfectionniste dans votre volonté de proposer des versions toujours plus fidèles aux originales. N’êtes-vous jamais satisfait ?

Je pense que je ne le serai jamais, car j’en suis l’auteur. J’ai donc en tête tout le processus de réorchestration, de déchiffrage (laborieux, il faut bien le dire, vu la maigre qualité sonore des épisodes mono…). J’aimerai un jour pouvoir avoir les originaux entre les mains, je serai certainement très surpris par certains morceaux.

 

La qualité de vos réinterprétations est telle qu’Olivier Fallaix, co-fondateur du label musical Loga-Rythme, vous contacte en 2002. De cette collaboration naîtront deux albums des Mystérieuses Cités d’Or. Que retenez-vous de cette expérience ?

C’était une super expérience d’un point de vue musical, mais aussi humain. Ça m’a permis de rencontrer des gens fabuleux et d’intégrer le petit groupe d’Alex Pilot pour qui je compose depuis environ vingt ans. Et ça permettait aussi de mettre ce que je croyais être un point final au projet. C’est toujours quelque chose d’avoir son travail édité, une grande fierté, même si je n’étais pas totalement convaincu par le résultat.

 

N’avez-vous jamais eu envie de réorchestrer d’autres musiques de séries ? Vous avez d’ailleurs participé au projet Ulysse 31 Soundtrack Revisited de David Colin, dans les années 2000…

Si… mais je manque le temps et il faut faire des choix. J’ai aiguillé David sur certaines machines, puisqu’il était principalement guitariste à l’époque et n’avait donc pas forcément la culture du monde analogique (notamment la fameuse boîte à rythme Boss DR-55 que j’utilisais pour d’autres projets musicaux). En tant que fan de Shuki Levy et Haïm Saban, j’avais pour projet de reprendre les thèmes réalisés par leur soin pour la B.O. d’Ulysse 31. David Colin a finalement choisi d’intégrer deux de mes reprises pour son projet. Il a lui-même participé à un morceau des Cités pour le Grand Héritage et participera sûrement à un futur morceau.

 

 

Au début des années 2000, vous êtes associé à la saga Shin Kenjushi France Five, une série française amateur. Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué dans cette aventure ?

En fait, c’est Olivier Fallaix qui, suite à l’aventure Loga-Rythme, m’a proposé de rejoindre l’équipe. En effet, ils utilisaient jusqu’ici des musiques de diverses séries et avaient besoin d’un compositeur. J’étais ravi de rejoindre l’équipe, car c’était la première fois que l’occasion m’était donnée de travailler sur de l’image.

 

Quelles furent vos inspirations sur cette saga au long cours, qui ne s’est achevée qu’en 2022 ?

J’étais un peu déconnecté de ce monde, mais Alex Pilot m’a envoyé plein de choses à écouter sur le sujet, notamment la bande originale d’X-Or. C’était assez nouveau pour moi, car j’étais à des années lumières du monde du sentai. Je ne connaissais que les séries comme X-Or, Spectreman… Il y a des codes dans ces genres musicaux, comme par exemple l’utilisation intensive de cuivres.

 

Comment travaillez-vous avec les responsables de France Five ?

Nous travaillons toujours de la même manière : Alex m’envoie des scènes plus ou moins finalisées, sur lesquelles il met des musiques provisoires afin de me donner l’esprit qu’il souhaite développer. C’est une manière assez efficace de faire les choses, on gagne du temps et ça me permet de savoir exactement ce qu’il attend des morceaux.

 

En 2022, on vous retrouve sur Message d’Outre-Espace, un préquel de France Five. Comment avez-vous conçu la musique de ce film ?

Le cahier des charges était différent. Il fallait s’inspirer de compositeurs comme Vladimir Cosma et des B.O. du début des années 80. Là encore, Alex me donnait les scènes avec des musiques provisoires. A la différence des France Five, j’ai pu intégrer de vraies prises batterie. C’était un vrai régal de travailler sur ce projet.

 

D’autres ont fourni des musiques pour ce sentai français, comme Alexis Roy, Olivier Boudart et même, dans une moindre mesure, Olivier Fallaix. Avez-vous eu des échanges avec eux ?

La seule personne avec laquelle j’ai eu un échange est Alexis Roy, pour qui j’ai arrangé sa participation. Sinon, nous ne nous connaissons pas en effet. Et bien sûr, j’étais à nouveau en contact avec Olivier pour une nouvelle version du générique.

 

En 2022 est sorti un superbe coffret collector consacré à France Five, avec pas moins de trois CD proposant l’ensemble des musiques. Avez-vous été impliqué dans ce projet éditorial ?

Oui ! En tant que graphiste, j’ai beaucoup participé à la réalisation de ce coffret, notamment les blueprint des diverses machines de la série. Là encore, c’était un travail passionnant.

 

Quels furent vos sentiments en découvrant vos musiques originales éditées sur CD ?

Un immense plaisir ! Les débuts de ce projet ont été réalisés avec les moyens du bord. C’est donc une belle récompense de voir ce travail édité.

 

Vous avez également collaboré à la chaîne Nolife. Comment êtes-vous arrivé sur la chaîne ?

Je n’ai plus trop de souvenirs du quand, mais parfaitement du comment. Comme d’habitude, Alex m’a proposé de travailler pour lui. Il faut dire que j’étais en demande depuis les épisodes de France Five, n’ayant pas pu travailler énormément sur le double épisode final. Je crois me souvenir que notre première collaboration pour la chaîne était Metal Missile & Plastic Gun.

 

Vous avez notamment composé des génériques et habillages pour diverses émissions, comme Collector’s Quest, Catsuka ou encore Mot de Saison. Quelle était votre démarche créative ?

Alex me donne toujours une musique témoin, qui me permet de cibler ses besoins. J’essaie toujours de répondre à la demande, tout en me faisant plaisir et faire parfois des clins d’œil à des musiques que j’apprécie. Par exemple, le générique de Metal Missile & Plastic Gun fait un peu référence à François de Roubaix.

 

Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de la disparition de la chaîne ?

Comme beaucoup, j’ai cru à un canular car annoncé un premier avril. Je n’étais pas particulièrement adepte de la chaîne, n’ayant pas la culture du Japon, mais c’est toujours dommage qu’un projet réalisé par une équipe de passionnés s’arrête.

 

Nous allons bientôt vous retrouver, en compagnie d’autres compositeurs, sur Demo, le film d’Alex Pilot, qui devrait sortir fin 2026. Avez-vous déjà des pistes de composition ?

C’est vraiment trop tôt. Pour l’instant nous avons seulement échangé sur la partie graphique, puisque j’ai aidé Alex à réaliser la campagne Ulule. Je pense qu’il ne voulait pas trop se projeter, tant que le projet n’était pas sûr d’être réalisable à 100%. J’ai cru comprendre que, comme pour Message d’Outre-Espace, l’orientation musicale fera un peu référence aux compositeurs comme Vladimir Cosma et la musique de la fin des 80’s.

 

Le nom d’Alex Pilot est lié à votre carrière. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre collaboration ?

Comme évoqué plus haut, ça fait plus de vingt ans que nous travaillons ensemble. C’est quelqu’un que j’estime et que j’admire. Il est capable de véhiculer ses passions et du même coup en faire naître chez vous. C’est vraiment une personne pour qui j’adore travailler. On a fait un bon bout de route ensemble à travers France Five, des génériques pour les émissions de Nolife et aussi des 52 minutes sur la Japan Expo ou encore un portrait de Amano Yoshitaka. J’espère qu’il y aura d’autres projets après l’aventure Demo.

 

Avez-vous œuvré sur d’autres bandes originales?

Oui, mais elles sont imaginaires. ? On est plus dans un registre « retro futurist » et inspiration blackploitation.

https://closedmouth19.bandcamp.com/album/back-from-mars

https://closedmouth19.bandcamp.com/album/last-chance-to-run-away

 

 

Au final, comment choisissez-vous vos projets ?

Je ne choisis pas vraiment, puisque ce n’est pas mon métier. J’accepte si je sens que je vais m’amuser et si j’ai du temps à y consacrer.

 

Composez-vous avec ou sans les images ?

Je compose sur l’image. J’essaie toujours de trouver des temps forts qui puissent permettre d’appuyer les séquences. C’est vraiment quelque chose que j’adore faire. Le fait de travailler sur le long métrage d’Alex est vraiment un aboutissement, un rêve qui se réalise.

 

Lorsque vous composez, utilisez-vous les outils numériques ou composez-vous à l’ancienne ?

J’utilise les deux. Bien souvent, je trouve d’abord un tempo qui me permette d’appuyer des temps forts et souvent je travaille ensuite au piano seul ou à la guitare pour trouver un thème ou une ambiance sonore. Tout dépend du type de projet.

 

Que pensez-vous de l’évolution de la musique de film ?

Je vais paraître assez pessimiste mais je trouve que peu de choses se retiennent aujourd’hui. L’accent est mis bien trop souvent plus sur l’effet que sur la composition. Au final, beaucoup de choses se ressemblent. C’est en tous cas mon ressenti. En tant que fan des musiques des 70’s, je trouve qu’on a vraiment perdu beaucoup de sens dans toutes ces compositions.

 

A l’heure où l’I.A. générative donne des sueurs froides à beaucoup de monde, pensez-vous qu’un compositeur pour l’image ait encore un avenir ?

Comme je le disais, ça n’est pas mon métier, mais je pense que oui, même si dans une époque de normalisation, il y a du souci à se faire. J’en fais moi-même les frais dans mon propre travail.

 

Quel est pour vous le rôle d’un compositeur de musique de film ?

C’est drôle que vous me posiez la question car justement cet après-midi, je me demandais ce que ça ferait si notre quotidien était rythmé par une B.O. Pour moi, c’est un travail qui est indissociable de la réussite d’un film. Si les musiques sont mauvaises, l’image n’aura pas autant d’impact. Pour prendre un exemple, un film comme Peur sur la Ville doit en grande partie son succès à la bande originale, qui est un personnage à part entière.

 

Que pensez-vous de la disparition du support CD, au profit de versions dématérialisées ?

Je trouve ça dommage, car un album, que ce soit une B.O. ou le travail d’un artiste, c’est un tout : un support musical, un visuel, du contenu texte, le travail d’un graphiste, d’un photographe… Je suis toujours autant attaché au support CD, mais aussi vinyle. J’en achète régulièrement.

 

Vous faîtes partie d’un groupe. Comment avez-vous envisagé cette expérience ?

Il s’agit d’un projet solo que j’ai initié en 2019 et qui s’appelle Closed Mouth. Il fait référence à toute la période post-punk/cold wave des années 80. Un nouvel album doit sortir dans les semaines à venir. Ce sera mon huitième album solo, qui sera disponible en vinyle et CD.

 

Pouvez-vous nous parler de vos futurs projets, qu’ils soient pour l’image ou non ?

Pour l’instant, je n’ai d’autres projets que ces réorchestrations des Mystérieuses Cités d’Or et Demo… Mais c’est déjà pas mal.

 

Quels conseils donneriez-vous à un jeune compositeur attiré par la musique pour l’image ?

Je n’ai pas de conseil particulier à donner, puisque ce n’est pas mon métier. Mais une chose est sûre : il faut de la passion et rencontrer les bonnes personnes ! C’est en tous cas ce qui m’est arrivé.

 

Pour découvrir la musique du compositeur : Le Grand Héritage et le Bancamp de Closed Mouth

 

 

Entretien réalisé en décembre 2025 par Franck Le Roux
Transcription : Franck le Roux
Illustrations : © Yannick Rault 
Remerciements à Yannick Rault pour sa gentillesse et sa disponibilité.

Franck Le Roux
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