C'est à croire qu'une entité animée des plus néfastes intentions possède une sacrée dent contre John Williams ! Des quatre ciné-concerts auxquels j'ai pu assister jusqu'à présent,
Return of the Jedi était déjà le troisième portant le sceau du compositeur, dont le style volubile et virevoltant, avouons-le, est sculpté à la mesure d'un tel exercice... Et chaque fois, les choeurs ont fait défaut. Bien sûr, il n'y avait pas mort d'homme pour
The Empire Strikes Back, encore que Pierrot
ferait peut-ĂŞtre entendre une voix discordante. Dans le cas de
Raiders of the Lost Ark, trois ans plus tôt, "l'oubli" devenait légèrement plus problématique, estropiant l'intimidante Arche d'une part non négligeable de son aura maléfique. Et donc, hier, l'Empereur dut promener sa sinistre silhouette sans que jamais ne bruissent dans son sillage les forces chuchotantes des ténèbres. Amenuisée de la sorte, la beauté noire de l'ultime combat entre le redoutable personnage, Vador et Luke ne dispensait hélas plus tout à fait l'impact dramatique que nous lui connaissons.
La Force soit louée, les musiciens, sans doute cruellement conscients eux aussi de cette vilaine scorie, ont redoublé d'efforts afin de museler la frustration aux aguets. Leur performance égale assurément celle qui fut délivrée deux mois auparavant lors de
The Empire Strikes Back, et même les déchaînements spectaculaires et ininterrompus de la très longue bataille finale, qui survenaient après une succession déjà copieuse de rudes morceaux de bravoure, ne sont pas parvenus à leur faire plier l'échine. Mille grâces leur soient rendues d'avoir rappelé ainsi, par leur dextérité sans fausse note, la place absolument pas secondaire qu'occupe ce formidable
Return of the Jedi dans l'oeuvre de Big John.