Les petits carnets d'UnderScores

[Lee Van Cleef]

"Vous avez demandé deux kilos de viande farcie aux asticots, madame Brochu... Ah, y'en a un petit peu plus, je vous le mets quand même ?" Ainsi était Lucio Fulci, toujours prêt à en rajouter, encore et encore, lors même que le tout petit filet de voix de la raison s'évertuait à le mettre en garde contre les vils périls de la gratuité. D'aucuns, rabats-joie impénitents, pointent du doigt les supposées limites du cinéaste ; le vieux Van Cleef, tout guilleret, voit dans cette surenchère la substantifique moelle de son art. Bienvenue dans un royaume enchanté où les morts, du genre rancuniers, haïssent les vivants.

[Dadid]

Je vois qu'on donne dans les classiques

la-lalalalala-lalalalalalala-lalalalala...

[Alien7]

Ah je croyais qu'on allait parler de la sublime trilogie des FEAST !

[Edern]

le vieux Van Cleef, tout guilleret, voit dans cette surenchère la substantifique moelle de son art. Bienvenue dans un royaume enchanté où les morts, du genre rancuniers, haïssent les vivants.

Marrant, cette lecture arrive, pour ma part, juste après le visionnage d'une vidéo humoristique au sujet de ce film, ici, où l'animateur met souvent l'accent sur la musique.

[Lee Van Cleef]

Et il raconte quoi, en substance, ton bonhomme ?

[Edern]

Il fait surtout des blagues et joue au critique ciné effarouché. Difficile de faire un résumé car ça n'aurait aucun intérêt, ça tient plus du sketch (il s'amuse par exemple du personnage aveugle qui joue la musique alors que le générique indique qu'elle est publiée chez "deaf" qui signifie sourd en anglais). Il précise cependant à la fin que la version US avait malheureusement remplacé la musique de Frizzi (imdb crédite un certain Walter E. Sear).

[Lee Van Cleef]

Merci du renseignement, Trooper. Dis donc, sont cons ces Amerloques, d'avoir collé au placard la musique de Frizzi. Je n'ose même pas imaginer de quoi peut bien avoir l'air le tripatouillage, effectué dans l'urgence je présume, de son très illustre successeur...

[Lee Van Cleef]

Changement radical de registre, comme il est de coutume dans les parages, avec un autre poète, non plus voué à la viande pourrissante, mais à une inspiration si riche et protéiforme que ces humbles lignes échoueraient lamentablement à tenter d'en offrir même un léger aperçu : Jean Cocteau, le seul et unique. Avec le grand monsieur qu'était tout autant Georges Auric pour lui prêter main-forte, nulle barrière castratrice ne pouvait plus se dresser entre ses nobles aspirations et lui ! Pierrot, conquis coeur et âme depuis toujours, ne laissera pas impuni le moindre murmure de réticence.

[Dadid]

Simplement magnifique ! Très belle musique, et très beau texte.

[Pierrebrrr]

Merci Dadid.
Très belle photo, vieux ninja. Qui montre une complicité malicieuse entre Marais et Day (réelle ou pas) jamais imaginable dans le film. A moins que sur le plateau, on ne tira à la courte paille pour savoir qui aurait à nourrir la Bête...

[Sam Lowry]

Je souscris à la moindre ligne du texte, beau et intelligent, écrit avec le coeur... de Pierre.

[Mortimer]

Ca c’est dans les visiteurs du soir !

[Lee Van Cleef]

Georges Brassens avait une dent manifeste contre ses voisins de palier, tant et si bien qu'il n'hésita pas à chanter en termes volubiles le "zèle exterminateur" grâce auquel il ne demandait pas mieux que de leur faire rendre gorge. On imagine presque Polanski, pendant le tournage du Locataire, faire tourner en boucle cette poésie furibarde, disgracieux furoncle sur le nez du vivre-ensemble... Evidemment, l'acteur et cinéaste n'hésite pas à aller plus loin encore, beaucoup plus loin, en plein coeur du marais fangeux où notre subconscient laisse crever ses pensées délétères. Des profondeurs terrifiantes dans lesquelles, toutefois, Philippe Sarde n'a pas hésité à patauger. Tant bien que mal, le vieux Van Cleef s'affaire aujourd'hui à lui emboîter le pas.

[Dadid]

Encore un classique, film et musique, qu'il fallait mettre en avant. Voilà qui est fait, et bien fait... Bravo !

Pour ceux que seraient passés à côté, l'album Universal Tess/le locataire est un indispensable de BOthèque, deux Sarde à la fois majeurs et très différents - champêtre et romantique pour le premier, inquiétant pour le second.

[Lee Van Cleef]

Merci pour la petite salve de clap-claps, à première vue sincères et chaleureux, ami Dadid. Et merci également d'avoir songé au passage à exhorter retardataires et nouveaux venus à bondir toutes mandibules claquantes sur l'incontournable disque chapeauté par le bon samaritain Lerouge (bien qu'il me semble, de mémoire, que ce que l'on nous a vendu comme une intégrale du Locataire omet au moins un passage impressionnant... Du diable, toutefois, si je me remémore lequel).

[Dadid]

Mon compliment manquait certes de lyrisme, mais un peu qu'il était sincère ! Tess fut mon second LP de Sarde (après la sublime Guerre du feu), et tous deux restent des valeurs absolues de ma collection. Le locataire aurait sans doute manqué de romantisme pour le jeune fan de Star Wars que j'étais alors, mais le découvrir plus tard dans le film puis via le CD fut tout aussi plaisant. Quant à ton article lui-même, entre la qualité d'analyse et celle de l'écriture, je ne sais lequel l'emporte... l’essentiel est qu'une fois encore il donne envie de revoir le film séance tenante !

[Lee Van Cleef]

Les cottes de mailles scintillent au rude soleil, pareilles à la robe de majestueuses créatures marines, les barbes méticuleusement taillées se hérissent à la perspective de la bataille et les yeux bleus, farouches sous l'orgueilleux cimier des casques, transpercent déjà les cuirasses noires qui s'agglutinent en masses barbares, là-bas, à l'autre extrémité du lac pétrifié. Vive la sainte Russie ! Vive ses fils n'aspirant qu'à la noblesse du sacrifice ! Non, cette accroche n'est pas sponsorisée par le Kremlin, mais vise seulement à planter le décor du nouvel effort de mon indéfectible affidé, que dominent de leur taille colossale deux monstres sacrés du cinéma. Davaï, Pierrot !

[Sam Lowry]

28 minutes d'extrait !!!
Bravo à Pierre pour un nouvel article, intéressant, mettant en parallèle les mises en garde Stalinienne vis-à-vis du conquérant Hitlérien et l'Histoire plus ancienne de la mère Russie.

[Lee Van Cleef]

Longtemps mise au rancart par vos deux honorables serviteurs, obnubilés jusqu'alors par des marottes souvent hollywoodiennes, la musique de film soviétique débarque ce mois-ci en roulant orgueilleusement ses muscles d'airain. Après Prokofiev, voilà que son génial compatriote Schnittke prend à son tour les devants. Et croyez-en le vieux Van Cleef, ça n'est pas du tout dans l'intention de chanter l'immortelle gloire de la patrie avec d'héroïques trémolos plein la voix. Le genre à chercher les embrouilles, quoi.

[Mortimer]

Le coffret d'Alfred Schnittke est bien plus intéressant que le cd ou mène le lien Amazon qui est très cher. Le coffret reprend l’intégralité des 4 CD Capriccio. Par contre ce n’est pas du SACD

[Lee Van Cleef]

Tu as tout à fait raison, brave et vigilant Morty. Au-delà des arguties rigoureusement pécuniaires, il ne faudrait pas oublier, ceci dit, de louer la qualité première de ce beau coffret : les formidables richesses musicales innervant à peu près tous les sillons des disques qu'il contient.

[Lee Van Cleef]

Aujourd'hui, Pierrot convie l'innocent lecteur d'UnderScores à le suivre parmi les odeurs de désinfectant et les grises chambres d'hôpital, où gisent des patients à jamais endormis et rôdent des infirmiers cultivant au plus profond de leur coeur d'inavouables pulsions... Bref, c'est peu dire que mon frère d'armes marche en terrain miné. Mais à l'instar du tandem Almodovar-Iglesias, il sait comment pirouetter et retomber sur ses pattes à distance salvatrice du scabreux qui menace.

[Sam Lowry]

Bien joué mon Pierre ! On touche là à la quintessence de l'oeuvre d'Almodovar qui n'a de cesse de vouloir retourner dans le ventre de sa mère !!! L'obsession (car ç'en est une !) du réalisateur ibérique pour le genre (et le sexe) féminin trouve ici pleinement matière à s'exprimer. Je suis plus réservé sur la musique d'Iglesias que je trouve trop... trop.

[Janus]

Aujourd'hui, Pierrot convie l'innocent lecteur d'UnderScores à le suivre parmi les odeurs de désinfectant et les grises chambres d'hôpital, où gisent des patients à jamais endormis et rôdent des infirmiers cultivant au plus profond de leur coeur d'inavouables pulsions... Bref, c'est peu dire que mon frère d'armes marche en terrain miné. Mais à l'instar du tandem Almodovar-Iglesias, il sait comment pirouetter et retomber sur ses pattes à distance salvatrice du scabreux qui menace.

Voilà qui me ravit sans aucune réserve pour Alberto Iglesias, un compositeur de grand talent qui a quelque-chose à dire en musique, lui.

[Pierrebrrr]

Bien joué mon Pierre ! On touche là à la quintessence de l'oeuvre d'Almodovar qui n'a de cesse de vouloir retourner dans le ventre de sa mère !!!

Avec toute la misogynie et l'ambiguité qui le caractérise, oui. Parle avec elle, c'est un film dont les héros sont... deux hommes, et qui sont censés parler à des femmes... réduites à leur fonctions vitales minimum. Oui, la quintessence du cinéma de Almodovar, qui ne s'excuse jamais d'être ce qu'il est.

L'obsession (car ç'en est une !) du réalisateur ibérique pour le genre (et le sexe) féminin trouve ici pleinement matière à s'exprimer. Je suis plus réservé sur la musique d'Iglesias que je trouve trop... trop.

Et c'est un gars qui adule Penny Dreadful qui dit ça ? hé hé hé.
Mais je comprends. En même temps, c'est la sensiblité d'ALmodovar de ne pas y aller avec le dos de la cuillère sur ce que doit exprimer la musique.
Maintenant, il y a beaucoup, beaucoup de moments dans les films de Pedro pour lesquels Iglesias compose des choses assez translucides, dans la veine suspense/Thriller qui me semblent très intéressante, mais il fallait trancher, et j'ai préféré quelque chose de plus saillant.