Villa Rides / El Condor (Maurice Jarre)

Vamos a Matar, Compañeros !

Disques • Publié le 29/04/2019 par et

El Condor / Villa RidesVILLA RIDES / EL CONDOR (1968 / 1970)
PANCHO VILLA / EL CONDOR
Compositeur :
Maurice Jarre
Durée : 74:55 | 24 pistes
Éditeur : Universal Music France

 

3.5 out of 5 stars

 

Villa Rides est un western signé Buzz Kulik, avec Yul Brynner, Robert Mitchum et Charles Bronson, portrait historiquement exact (le script est co-signé Robert Towne et Sam Peckinpah) pour un bon film d’action très inspiré par le western italien. Le score, articulé autour d’un thème véritablement explosif, se déguste avec un réel plaisir. Les caractéristiques essentielles de l’œuvre, sa décontraction, son éloquence directe, s’attachent à la lettre du discours pour lui donner sa dimension maximale, son activité (au sens de rayonnement) avec une vraie générosité. La dynamique interne de la musique hausse le maigre propos à des sommets où l’oxygène est plus vif. Une partition aux amphétamines, comme chauffée au rouge, avec des bonds joyeux, des coups de reins orchestraux, des claquements de fouet gifflant l’air, des embardées de rythmes qui « farandolisent » les oreilles, des avalanches de couleurs qui fusent avec la vivacité d’un lutin, des courses, des cavalcades, des roulés-boulés. Les timbres se mêlent, ricochent l’un sur l’autre, et des envolées de grand animal complètent cet ensemble haletant, décoiffant, en un mot : spectaculaire !

 

Les premières notes, jouées par des percussions dissonantes, semblent annoncer un score dans la veine du Train ou encore de Paris Brûle-t-il ? Mais il n’en est rien. L’album est plus proche de ce que Jarre a composé en 1966 pour The Professionals. La musique repose sur deux thèmes (thème principal et thème d’amour) écrits par un maître du genre. L’approche western à la sauce mexicaine est parfaitement maîtrisée. Les arrangements et les développements apportent à l’œuvre une dynamique pleine de fraîcheur où la guitare solo côtoie le reste de l’orchestre dans des morceaux percutants au rythme trépidant dans l’esprit parfois d’Ennio Morricone.

 

Yul Brynner dans Villa Rides

 

Vraiment à l’aise et euphorique, Maurice Jarre a apporté au film une ambiance générale bon enfant aux accents humoristiques. A ce titre, un reproche peut être fait à cette composition pour son aspect naïf et son manque de noirceur. L’absence de passages plus dramatiques ou troublants pour un film traitant de conflits historiques sanglants enlève de la profondeur et du réalisme au sujet. Hormis l’avant dernier morceau, Villa And Madero, qui présente brièvement le thème dans un style plus mélancolique, le développement musical ne souligne que l’aspect héroïque de l’aventure où même des titres comme The Battle n’expriment aucun réel danger et laissent plutôt entrevoir un combat, certes au rythme endiablé, mais dénué de véritable violence. Bien que les idées de conception musicale et d’instrumentation soient intéressantes, on ne peut pas vraiment parler d’un score original. Mais il n’en reste pas moins un album de très bonne facture, enjoué et fantaisiste à souhait. Le thème héroïque est accrocheur, la section des percussions est mise en valeur avec brio et l’ensemble s’écoute avec un réel plaisir.

 

El Condor est une aventure de série B déguisée en western, scénarisée par Larry Cohen, tournée en Espagne par John Guillermin, produite par André De Toth, avec Jim Brown, Lee Van Cleef et Patrick O’Neal. Le Mexique à la fin de la guerre de Sécession : un prisonnier évadé et un prospecteur d’or, épaulés par des apaches, tentent de s’emparer d’une forteresse qui recèle un trésor. Le score, où se distinguent cordes frottées (violons, violoncelles, contrebasses), pincées (guitares) et percussions (maracas), avec quelques ornementations pour harmonica ou trompette, est rythmé et coloré mais se révèle relativement peu varié au niveau des orchestrations (et donc des atmosphères) en dépit de fréquents changements de ton (action, comédie, tension). Le thème principal, enjoué, garantie de dépaysement exotique, est le principal intérêt de cette partition attrayante mais mineure dans la discographie du compositeur, d’où l’intérêt de l’avoir présenté sur disque en double programme avec Villa Rides. Ses reprises et variations montrent cependant à quel point Jarre accorde une importance particulière au timbre instrumental (The Escape).

 

Marianna Hill, Lee Van Cleef et Jim Brown dans El Condor