Seven Psychopaths (Carter Burwell)

Portraits de fous

Disques • Publié le 04/12/2012 par

Seven PsychopathsSEVEN PSYCHOPATHS (2012)
SEVEN PSYCHOPATHS
Compositeur :
Carter Burwell
Durée : 57:11 | 19 pistes
Éditeur : Lakeshore Records

 

3.5 out of 5 stars

Après In Bruges (Bons Baisers de Bruges) en 2008, il semblerait que Carter Burwell et Martin McDonagh se soient trouvés : déjà, la tragi-comédie dans la célèbre ville belge se nourrissait du décalage créé par le langage du compositeur new-yorkais. Malgré un temps de parole réduit (vingt minutes) et le partage dans le film et sur disque avec des titres existants, Burwell marque encore ici son passage en racontant sa propre histoire.

 

En effet, il continue dans la même veine dans Seven Psychopaths où les personnages paraissent aussi – voire plus – déjantés (et drôles !) les uns que les autres. Mais c’est précisément leurs faiblesses que le compositeur aime exploiter et mettre au jour, ce qu’il fait dès The Quaker : le thème principal est introduit par un long crescendo de cordes assorti de percussions et d’un piano funestes. Ce thème semble tourner en rond et se confronter à une impasse ; les instruments, dont l’orchestration porte la griffe burwellienne, se succèdent, résignés, jusqu’à une note d’espoir qui retombe vite dans l’apathie.

 

Attaché à la caractérisation des personnages, Burwell évoque au piano un Zachariah à la fois triste et inquiétant, tandis que Billy’s Diary semble plus léger, voire candide… mais se termine tragiquement. All Gray And Shit en fera un constat évident avec une version épurée et errante du thème précédent. Et alors que This Movie Ends My Way reprend le thème principal avec des cordes pleines de tension, It Might laisse ces dernières s’exprimer pleinement dans la douleur : cet unique ensemble de cordes est sans doute le point culminant de l’œuvre et se hisse sans peine parmi les morceaux les plus bouleversants du compositeur.

 

De facture finalement classique chez Burwell, Seven Psychopaths n’en démontre pas moins la capacité du compositeur à définir un axe de lecture en marge des apparences : chez lui, le destin des psychopathes et des paumés est toujours au centre de l’histoire.

 

Un scénariste (psychopathe ?) un peu perdu...

Sébastien Faelens