Sunshine (Maurice Jarre)

Family Business

Disques • Publié le 02/07/2008 par

SunshineSUNSHINE (1999)
SUNSHINE
Compositeur :
Maurice Jarre
Durée : 36:00 | 7 pistes
Éditeur : Milan Music

 

4 out of 5 stars

Tout imposant qu’il puisse être, l’effectif orchestral a toujours été pour Maurice Jarre avant toute chose un vivier sonore aux ressources certes infinies mais à utiliser avec parcimonie, privilégiant ainsi au sein d’une même partition la succession de combinaisons instrumentales réduites, et réservant l’utilisation pleine et entière de l’orchestre à l’évocation de sentiments d’achèvement bien spécifiques. C’est sans doute par ce biais que sont nées ces partitions à « dimension humaine » qui ont fait le succès du compositeur, quand bien même les fresques qu’elles accompagnent paraissent démesurées.

 

Sunshine, dont l’histoire, long questionnement sur l’identité, retrace sur trois générations la destinée d’une famille de juifs hongrois (les Sonnenschein), ne déroge pas à cette règle. Si la masse des 90 musiciens rassemblés devant lui ont d’abord pu effrayer le réalisateur Istvan Szabo, lui qui plus que tout souhaitait éluder le « gros son » hollywoodien, celui-ci n’a pu ensuite qu’être séduit dès les premières notes enregistrées. La partition elle-même s’articule autour d’un long thème unique aux multiples facettes qui, au cours des trois heures que dure cette intense saga familiale, s’ébauche, s’étoffe et se construit au rythme des évènements, seulement perturbé ici ou là par le surgissement de caisses claires à la sonorité tranchante comme un rasoir qui, à l’heure d’événements historiques tragiques (l’occupation allemande, la mainmise communiste), viennent entraîner tout l’orchestre dans une marche percutante et rigoureuse.

 

Chaque développement mélodique, du plus lumineux au plus dramatique, est ainsi une merveille de raffinement qui fait la part belle au jeu soliste et à des instruments qui s’extraient tour à tour de la masse orchestrale (piano, trompette, hautbois, clarinette, saxophone, violoncelle…) pour des interventions souvent courtes mais toujours remarquables, aidées en cela par l’excellence d’une prise de son signée du génial Shawn Murphy. Au bout du chemin, l’identité retrouvée pour les Sonnenschein, et pour Maurice Jarre le thème enfin achevé, resplendissant, véritable « hymne familial » (qui soit dit en passant ferait un très bel hymne national) pour chœur et orchestre, clôturant le récit avec un sentiment de plénitude rare. En un mot : magnifique.

 

Sunshine

Florent Groult
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