Rolf Wilhelm (1927-2013)

Disparition du compositeur allemand

Portraits • Publié le 30/01/2013 par

Né le 23 juin 1927 à Munich, Rolf Alexander Wilhelm prend ses premières leçons de piano à l’âge de sept ans. Puis il part étudier à Berlin avant de rejoindre en 1942, grâce à une dérogation délivrée par la pianiste Grete Hinterhofer, l’illustre conservatoire de Vienne où il côtoie un monde musical d’une richesse exceptionnelle, celui de Richard Strauss et de chefs d’orchestre aussi prestigieux que Karl Böhm, Wilhelm Furtwängler ou Clemens Krauss. Rattrapé par les évènements de la Seconde Guerre Mondiale, il est finalement enrôlé dans l’armée en 1943 puis fait prisonnier. A sa libération, il retourne à Munich où il achève ses études musicales auprès de Joseph Haas et Henri Squire et, grâce à son frère ainé Kurt devenu metteur en scène, commence parallèlement à travailler pour la radio bavaroise, et signe à cette occasion de nombreux accompagnements orchestraux pour des pièces radiophoniques.

 

A partir de 1952, il compose pour divers documentaires puis en vient au cinéma très naturellement : en 1954, il signe la musique de la trilogie 08/15 (Zéro Huit Quinze, la Révolte du Caporal Asch), premier acte d’une longue collaboration avec le réalisateur Paul May. Sa carrière ainsi lancée, Wilhelm devient un acteur musical incontournable de la République Fédérale d’Allemagne, signant entre le milieu des années 50 et le début des années 90 les musiques de plusieurs centaines de spots publicitaires et plus de 500 partitions pour la télévision et le cinéma. Parmi ses contributions les plus connues, citons Und Ewig Singen Die Wälder (Les Géants de la Forêt) en 1959, Scotland Yard Jagt Dr. Mabuse (Mabuse attaque Scotland Yard) en 1963, le dyptique Die Nibelungen (La Vengeance de Siegfried) en 1966/67 ou encore The Serpent’s Egg (L’Oeuf du Serpent) en 1977 et Aus Dem Leben Der Marionetten (De la Vie des Marionnettes) en 1980, tous deux pour Ingmar Bergman. On lui doit également plusieurs pièces de concert dont un concertino pour tuba et vents et un concertino pour euphonium et orchestre.

 

Même si la plupart des productions sur lesquelles il a travaillé n’ont pas eu la chance de traverser le Rhin, on ne saurait trop conseiller de (re)découvrir ses partitions qui ont tout pour séduire, certaines d’entre elles étant disponibles dans la collection Deutsche Filmmusikklassiker de l’éditeur Alhambra. De fait, le style volontiers mélodique et symphonique du compositeur et ses orchestrations généreuses ont permis à ses admirateurs de le surnommer affectueusement le «John Williams allemand».

 

Rolf Wilhelm est décédé le 17 janvier dernier, à l’âge de 85 ans.

Florent Groult
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