A l'opposé du son homogène de Bernstein (et bien après l'oublié
The Illustrated Man), Jerry Goldsmith se fend d'une véritable bande démo avec
Twilight Zone: The Movie. Là, au contraire, les épisodes deviennent les réceptacles d'univers musicaux bien distincts (le lien étant moins nécessaire car assuré à priori par les référence à la série et son thème musical). Ensemble de percussions/synthés millitaro-exotiques, mélodrame orchestral williamsien, fantaisie faussement enfantine inquiétante et délirante entremêlant les techniques - la naissance du "son Joe Dante" -, mécanique staccato écrasante avec violon diabolique... Chaque sketch se montrant à la fois inventif et d'une grande évidence par rapport au sujet illustré. Une leçon (en fait, quatre leçons) de composition, soutenues par une qualité technique elle aussi de démo.
Objectivement bien inférieur si l'on considère les moyens mis en œuvre ainsi que le talent (dans l'absolu) de son compositeur, le
Creepshow de John Harrison demeure pourtant un "album plaisir" de mon parcours béophilique, concocté avec soin à base de synthétiseurs (le film fait entendre un peu d'orchestre mais il s'agit de musique empruntée). Car à côté d'un thème générique inspiré avec comptine enfantine, éclairs et ricanements sinistres que je me suis passé en boucle quelques centaines de fois, Harrison parvient à associer des qualités mélodiques (surtout l'élan romantique un peu pervers de Something To Tide You Over) à une ambiance bien travaillée aux synthés, à peine cheap car toujours efficace dans sa nudité vintage, caractéristiques de l'époque et du genre. L'ensemble est inégal, mais voilà, il a ses bons moments et le film a marqué.
