Appauvrissement de la musique
Appauvrissement de la musique
si on peut démontrer scientifiquement l'appauvrissement de la musique populaire, alors on devrait pouvoir le faire avec la musique de film...
http://www.nature.com/srep/2012/120726/ ... 00521.html
http://www.nature.com/srep/2012/120726/ ... 00521.html
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
Re: appauvrissement de la musique
Oui, on pourrait. Mais le faire revient à passer pour un vieux con qui ronchonne et ressasse un "vin diousss, c'était mieux avant" !!
Et pourtant, je suis un farouche défenseur de cette thèse (même s'il faut nuancer bien entendu), mais à force de se prendre des "c'est parce que tu ne comprends rien à la musique de film actuelle" ou des "c'est ça, range donc tes vieux trucs poussiéreux dans ton armoire", j'en viens à laisser dire et faire. Après tout, chacun écoute ce qui lui fait plaisir. L'étape suivante, qui consiste à avoir une opinion argumentée sur ce qu'on se met entre les deux oreilles, est bien souvent jugée "superfétatoire"...

Un accusé est cuit quand son avocat n'est pas cru. (Pierre DAC)
Re: appauvrissement de la musique
Vieux débat qui jalonne l'Histoire de la Musique depuis des siècles... Le fait nouveau au XXe-XXIe, c'est la montée hyperbolique des impératifs commerciaux et des enjeux économiques, qui fausse complètement l'aspect artistique, voire le pourrit joyeusement.
Je pense qu'il faut s'en tenir à des constats: le savoir-faire d'un Zimmer n'a plus rien de comparable avec celui d'un Korngold et je me garderais bien du moindre jugement de valeur car ils évoluent dans des styles distincts.
Un point commun entre la musique de film "tendance" actuelle et certaines musiques pop, c'est le manque de sophistication dans l'écriture proprement dite: grilles d'accord hyper-simples, conduite mélodique "basique" - terme neutre soigneusement choisi!
- et sound design reposant sur des softs de plus en plus accessibles au grand public. D'où la frustration d'un certain public aussi, qui se demande ce qui peut justifier l'audience ou le succès de certaines pièces que presque n'importe quel possesseur de home studio motivé pourrait pondre. A ce titre, le jour ou Garageband/Logic et consort offriront des DVDs de boucles orchestrales "à la mode", pas mal de monde chez RCP aura du souci à se faire (parfois, je me demande d'ailleurs si ils ne bossent pas déjà avec les boucles et si les orchestres ont encore leur utilité dans ce contexte...
).
Je pense qu'il faut s'en tenir à des constats: le savoir-faire d'un Zimmer n'a plus rien de comparable avec celui d'un Korngold et je me garderais bien du moindre jugement de valeur car ils évoluent dans des styles distincts.
Un point commun entre la musique de film "tendance" actuelle et certaines musiques pop, c'est le manque de sophistication dans l'écriture proprement dite: grilles d'accord hyper-simples, conduite mélodique "basique" - terme neutre soigneusement choisi!


- Edern
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Re: appauvrissement de la musique
Y a-t-il un réel appauvrissement ou bien alors plutôt un effet de "flou" ? On a jamais été autant saturé de musique autour de nous, tout le temps, dans toutes sortes d'occasions... Il en faut toujours plus, et plus vite : en entend peut-être plus de trucs basiques plus souvent, sans pour autant que la musique en général soit moins sophistiquée ou travaillée dans d'autres contextes ?
![En écoute [cd]](./images/smilies/icon_cd.png)
Re: appauvrissement de la musique
Ben en fait non, c'est même plutôt tout l'inverse en réalité. L'histoire de la musique c'est une complexification harmonique et orchestrale qui va crescendo (et même exponentiel oserais-je dire) sur pas loin de 300 ans. Après on peut remonter encore plus loin bien sûr, jusqu'aux monodies de l'antiquité mais je doute que ce soit bien nécessaire.Full Moon a écrit :Vieux débat qui jalonne l'Histoire de la Musique depuis des siècles...
La thématique de l'appauvrissement du langage harmonique dans les différentes formes de musiques actuelles ne date que de l'avènement du minimalisme néo-baroque il y a 40 ans de ça...
Re: appauvrissement de la musique
Quid du Concile de Trente et de ses directives pour simplifier une musique liturgique que le contrepoint excessif rendait trop complexe et inintelligible pour les fidèles? Je ne sais pas non plus si on peut affirmer que le style galant et le retour au naturel qu'il prône incarnent une volonté de complexification par rapport aux pratiques des compositeurs du 17e siècle.Taboulez a écrit :Ben en fait non, c'est même plutôt tout l'inverse en réalité. L'histoire de la musique c'est une complexification harmonique et orchestrale qui va crescendo (et même exponentiel oserais-je dire) sur pas loin de 300 ans.Full Moon a écrit :Vieux débat qui jalonne l'Histoire de la Musique depuis des siècles...
L'obsession pour la complexification et pour le "progrès", en revanche, est bien moderne - d'où des réactions du type du néo-classicisme ou du minimalisme.
Désolé du HS, je ne creuserai pas!

Re: appauvrissement de la musique
Il s'agit là plutôt d'un point de détail éphémère en regard de la mécanique générale du défrichage méthodique et persévérant des territoires du tonal puis après de l'atonal que constitue l'histoire de la musique.Full Moon a écrit :Quid du Concile de Trente et de ses directives pour simplifier une musique liturgique que le contrepoint excessif rendait trop complexe et inintelligible pour les fidèles?
Re: appauvrissement de la musique
Les boucles sont déjà utilisées en nombre par les compositeurs (ce qui n'est pas sans susciter le débat, surtout lorsque les morceaux résultants sont déposés à la SACEM). L'offre dans ce domaine est devenue pléthorique et de plus en plus sophistiquée: cela peut être des effets ou boucles d'orchestre (Tutti chez Sonokinetic, Symphobia chez Project Sam ou Hollywood Winds chez Cinesamples par exemple), des phrases ethniques, des boucles de percussions (Stylus). Du fait des délais et des impératifs budgétaires, ces boucles ou effets sont souvent utilisés tels quels dans le produit final (le plus souvent en TV), y compris par des compositeurs de la A-List (qui servent souvent de faire valoir).A ce titre, le jour ou Garageband/Logic et consort offriront des DVDs de boucles orchestrales "à la mode", pas mal de monde chez RCP aura du souci à se faire (parfois, je me demande d'ailleurs si ils ne bossent pas déjà avec les boucles et si les orchestres ont encore leur utilité dans ce contexte...).
Re: appauvrissement de la musique
Merci de ces infos. On peut donc parler d'un savoir-faire distinct de l'écriture proprement dite. Ce qui ne me gène pas forcément. Simplement, le côté systématique - ou systémique - devient encore plus patent que lorsque les Grands Anciens faisaient du mickey-mousing au kilomètre.YuHirà a écrit : Les boucles sont déjà utilisées en nombre par les compositeurs (ce qui n'est pas sans susciter le débat, surtout lorsque les morceaux résultants sont déposés à la SACEM). L'offre dans ce domaine est devenue pléthorique et de plus en plus sophistiquée: cela peut être des effets ou boucles d'orchestre (Tutti chez Sonokinetic, Symphobia chez Project Sam ou Hollywood Winds chez Cinesamples par exemple), des phrases ethniques, des boucles de percussions (Stylus). Du fait des délais et des impératifs budgétaires, ces boucles ou effets sont souvent utilisés tels quels dans le produit final (le plus souvent en TV), y compris par des compositeurs de la A-List (qui servent souvent de faire valoir).
Délais et impératifs budgétaires: on retombe dans le problème économique, qui aura décidément bien dégradé le champ artistique...
Re: appauvrissement de la musique
En effet, cela créé un plus grand risque de formatage puisque plusieurs compositeurs utilisent les mêmes boucles. Pis, il y a quelques années, une boucle de chant d'enfant censée être vendue libre de droit avait été licenciée à une grande marque de voiture pour qu'elle devienne son logo sonore. Ce qui fait que quelque part, tous ceux qui utilisaient cette boucle dans leur musique faisaient la promotion de cette marque sans le vouloir
Mais surtout, cela suscite quelques interrogations sur le plan éthique, surtout lorsque ces boucles "libres de droit" enregistrées par des musiciens payés au lance pierre sont utilisées telles quelles et permettent au compositeur de s'octroyer des droits d'auteur (Christophe Héral passera peut-être par là pour vous donner son avis
). Ce phénomène crée ensuite une confusion dommageable entre des compositeurs qui font tout eux même et des compositeurs qui arrivent à un meilleur résultat avec des boucles très rapidement.

Mais surtout, cela suscite quelques interrogations sur le plan éthique, surtout lorsque ces boucles "libres de droit" enregistrées par des musiciens payés au lance pierre sont utilisées telles quelles et permettent au compositeur de s'octroyer des droits d'auteur (Christophe Héral passera peut-être par là pour vous donner son avis

Re: appauvrissement de la musique
Oh que non. Ou alors cela reviendrait à dire que Palestrina - par exemple - n'est qu'un détail de l'histoire de la musique (qu'en penserait Morricone?)Taboulez a écrit :Il s'agit là plutôt d'un point de détail éphémère [...]Full Moon a écrit :Quid du Concile de Trente et de ses directives pour simplifier une musique liturgique que le contrepoint excessif rendait trop complexe et inintelligible pour les fidèles?
Ta vision de l'histoire de la musique est réductrice (ne serait-ce que parce que la tonalité fonctionnelle n'apparaît que très tard: que fais-tu de l'Antiquité, du Moyen-Âge et de la Renaissance - sans compter les autres traditions non-occidentales?). Nous ne nous mettrons pas d'accord là-dessus et j'ai peur que la discussion dérape dans l'idéologique, ce que je ne souhaite pas.Taboulez a écrit : [...] en regard de la mécanique générale du défrichage méthodique et persévérant des territoires du tonal puis après de l'atonal que constitue l'histoire de la musique.
Re: appauvrissement de la musique
C'est tout de même paradoxal: on n'a jamais autant parlé de droits d'auteurs et de "propriété" artistique, et ce que tu décris n'est rien d'autre que du vol - si l'on se place dans cette logique. Ce serait intéressant de savoir qui travaille de cette façon. Je n'y pense jamais, mais je vais aller voir s'il y a un article là-dessus sur Underscore. Quelque chose d'un peu technique et invasif, et de bien croustillant!YuHirà a écrit :En effet, cela créé un plus grand risque de formatage puisque plusieurs compositeurs utilisent les mêmes boucles. Pis, il y a quelques années, une boucle de chant d'enfant censée être vendue libre de droit avait été licenciée à une grande marque de voiture pour qu'elle devienne son logo sonore. Ce qui fait que quelque part, tous ceux qui utilisaient cette boucle dans leur musique faisaient la promotion de cette marque sans le vouloir![]()
Mais surtout, cela suscite quelques interrogations sur le plan éthique, surtout lorsque ces boucles "libres de droit" enregistrées par des musiciens payés au lance pierre sont utilisées telles quelles et permettent au compositeur de s'octroyer des droits d'auteur (Christophe Héral passera peut-être par là pour vous donner son avis). Ce phénomène crée ensuite une confusion dommageable entre des compositeurs qui font tout eux même et des compositeurs qui arrivent à un meilleur résultat avec des boucles très rapidement.

Re: appauvrissement de la musique
Full Moon:
Bien sûr, la musique du moyen âge entre-autres ne respectait pas encore les règles de la tonalité disons "standard" telle qu'elle fut définie par la suite (ce qui paraît bien normal !),... On y a même constaté quelques modes musicaux qui auraient été considérés comme atypiques du temps de l'ère baroque par exemple... Mais enfin, il suffit de se pencher à l'écoute de quelques pièces de ces époques pré-baroques pour constater du grand simplisme et de la pauvreté (souvent extrêmement rasoir) de ces musiques là... Et du constat, par conséquent, qu'elles s'inscrivent en toute cohérence dans l'optique globale selon laquelle l'histoire de la musique débute avec des pièces pauvres pour évoluer au fil des siècles vers des pièces de plus en plus sophistiquées.
Et je crois bien que tu commets un amalgame qui n'aide pas à notre compréhension mutuelle.
Des compositeurs comme, par exemple, Tchaïkovski à la fin du XIXème, ou bien Saint-Saens et D'Indy au début du XXème (mais on pourrait citer pléthores de noms de quelques époques que ce soit, baroque, classique, etc,...) sont des musiciens qui, au même titre que beaucoup d'autres, sont globalement peu concernés par l'innovation ou la complexification du langage. Pour autant, s'ils n'ont pas choisi de s'embarquer dans le train des innovateurs, ils n'ont pas non plus décidé de faire table rase et de revenir au simplisme de langages 300 ans plus vieux qu'eux, loin de là. Bref ce ne sont pas des appauvrisseurs, simplement des compositeurs du statu-quo.
Rien à voir avec les chantres du minimalisme des années 60 ou 70 dont nous parlions plus tôt, et dont la contagion s'est malheureusement propagée, en des proportions absolument considérables, à toutes les formes de musiques actuelles: musique populaire, musique appliquée et bien sûr certains pans de la musique savante,... même si la musique savante pure et dure semble n'être plus très intéressée depuis un bon moment déjà par cette voie de garage (sans doute même n'a-t-elle jamais été vraiment impliquée dans tout ça, si l'on met de côté 2 ou 3 noms emblématiques)
Or j'ai l'impression que tu te sers du prétexte que de tous temps nombreux ont été les compositeurs du statu-quo, pour les confondre avec les véritables appauvrisseurs (qui sont un évènement relativement inédit et propre à notre ère)...
J'avoue que je ne comprends pas bien l'intérêt de pinailler comme nous le faisons là tous les deux. Lorsque l'on pose sa loupe et que l'on met de côté les micro-évènements sans conséquences sur la durée, l'histoire de la musique poursuit un sens global de complexification progressive (accélérant) tout au cours de ces 300 dernières années, et l'on peut remonter bien plus loin comme ça...
Rien ni personne n'a empêché cette mécanique de finalement aboutir et d'atteindre le bout du bout de sa logique (d'ailleurs y aura-t-il jamais un après ? quelles sont les nouvelles perspectives maintenant que ceci est plus ou moins achevé ?).
Bien sûr, la musique du moyen âge entre-autres ne respectait pas encore les règles de la tonalité disons "standard" telle qu'elle fut définie par la suite (ce qui paraît bien normal !),... On y a même constaté quelques modes musicaux qui auraient été considérés comme atypiques du temps de l'ère baroque par exemple... Mais enfin, il suffit de se pencher à l'écoute de quelques pièces de ces époques pré-baroques pour constater du grand simplisme et de la pauvreté (souvent extrêmement rasoir) de ces musiques là... Et du constat, par conséquent, qu'elles s'inscrivent en toute cohérence dans l'optique globale selon laquelle l'histoire de la musique débute avec des pièces pauvres pour évoluer au fil des siècles vers des pièces de plus en plus sophistiquées.
Et je crois bien que tu commets un amalgame qui n'aide pas à notre compréhension mutuelle.
Des compositeurs comme, par exemple, Tchaïkovski à la fin du XIXème, ou bien Saint-Saens et D'Indy au début du XXème (mais on pourrait citer pléthores de noms de quelques époques que ce soit, baroque, classique, etc,...) sont des musiciens qui, au même titre que beaucoup d'autres, sont globalement peu concernés par l'innovation ou la complexification du langage. Pour autant, s'ils n'ont pas choisi de s'embarquer dans le train des innovateurs, ils n'ont pas non plus décidé de faire table rase et de revenir au simplisme de langages 300 ans plus vieux qu'eux, loin de là. Bref ce ne sont pas des appauvrisseurs, simplement des compositeurs du statu-quo.
Rien à voir avec les chantres du minimalisme des années 60 ou 70 dont nous parlions plus tôt, et dont la contagion s'est malheureusement propagée, en des proportions absolument considérables, à toutes les formes de musiques actuelles: musique populaire, musique appliquée et bien sûr certains pans de la musique savante,... même si la musique savante pure et dure semble n'être plus très intéressée depuis un bon moment déjà par cette voie de garage (sans doute même n'a-t-elle jamais été vraiment impliquée dans tout ça, si l'on met de côté 2 ou 3 noms emblématiques)
Or j'ai l'impression que tu te sers du prétexte que de tous temps nombreux ont été les compositeurs du statu-quo, pour les confondre avec les véritables appauvrisseurs (qui sont un évènement relativement inédit et propre à notre ère)...
J'avoue que je ne comprends pas bien l'intérêt de pinailler comme nous le faisons là tous les deux. Lorsque l'on pose sa loupe et que l'on met de côté les micro-évènements sans conséquences sur la durée, l'histoire de la musique poursuit un sens global de complexification progressive (accélérant) tout au cours de ces 300 dernières années, et l'on peut remonter bien plus loin comme ça...
Rien ni personne n'a empêché cette mécanique de finalement aboutir et d'atteindre le bout du bout de sa logique (d'ailleurs y aura-t-il jamais un après ? quelles sont les nouvelles perspectives maintenant que ceci est plus ou moins achevé ?).
Re: appauvrissement de la musique
En vérité, ce n'est pas du "vol" car c'est tout à fait légal: la licence qui porte sur ces boucles a été acquise avec l'achat des logiciels correspondants!C'est tout de même paradoxal: on n'a jamais autant parlé de droits d'auteurs et de "propriété" artistique, et ce que tu décris n'est rien d'autre que du vol - si l'on se place dans cette logique.
Re: appauvrissement de la musique
La musique ancienne polyphonique est complexe et très élaborée. Cf. la musique de Perotin ou de Guillaume de Machaut qui fait la part belle aux dissonances. Cf. le légendaire Spem in Allium de Thomas Tallis: un motet à 40 voix séparées écrit au XVIe siècle, un contrepoint fleuri extrêmement travaillé où il n'y a absolument AUCUNE quinte et octave parallèle, ce qui est un exploit compte tenu du nombre de parties (c'est à ce titre qu'elle est une pièce légendaire).Mais enfin, il suffit de se pencher à l'écoute de quelques pièces de ces époques pré-baroques pour constater du grand simplisme et de la pauvreté (souvent extrêmement rasoir) de ces musiques là... Et du constat, par conséquent, qu'elles s'inscrivent en toute cohérence dans l'optique globale selon laquelle l'histoire de la musique débute avec des pièces pauvres pour évoluer au fil des siècles vers des pièces de plus en plus sophistiquées.
Sans parler de la grande diversité des couleurs dans la musique arabo-andalouse de l'époque et de la complexité rythmique qu'on peut observer dans plusieurs pièces.
Le choix exclusif de la tonalité est au contraire une restriction du langage, dans la mesure où parmi les 8 modes utilisés à l'époque médiévale (http://fr.wikipedia.org/wiki/Modalit%C3 ... A9gorienne), on ne retient plus que deux modes principaux (si on retient les 3 formes de mineur on pourrait dire à la limite qu'on a aujourd'hui 4 modes à disposition). La modalité est oubliée pendant plusieurs siècles avant d'être redécouverte dans le cadre de la tonalité dite "élargie" (celle adoptée par Debussy)!
Cette complexité est d'autant plus incroyable que les accords autorisés étaient alors très limités et les modulations quasiment inexistantes. Palestrina arrive à faire vivre tout un monde polyphonique, en ne faisant que changer de position d'accord, ce qui pour ma part, m'impressionne à chaque fois (Bach avait beaucoup plus d'outils à sa disposition).
Et cela même alors que la musique de la Contre-Réforme (dont celle de Palestrina fait partie) est le résultat d'une réaction de la Papauté face à la complexité croissante des œuvres chorales qui gênait la compréhension du texte! Ce à quoi Full Moon a d'ailleurs fait allusion également

Je peux comprendre que la musique de la Renaissance et du Moyen-Âge puisse en rebuter plus d'un, mais la musique pré-baroque est loin d'être pauvre: du point de vue contrapuntique, elle était sans doute plus riche que la musique baroque (Bach excepté bien entendu).
Pour faire court, il y a deux mouvements opposés qui ont marqué l'histoire de la musique: un appauvrissement sur le plan contrapuntique après Bach (apogée), puis une complexification croissante du matériel harmonique (de Bach jusqu'aux "upper-structures" du jazz)
Le minimalisme ne présuppose pas une pauvreté d'écriture. La musique de John Adams ou de Steve Reich (j'exclus Glass) est d'une incroyable complexité. Chez Reich, le matériau de base est simple au départ: une simple cellule mélodique. Mais c'est par des transformations continuelles de ce matériau de départ (amputation, extension...) qu'il arrive à créer une texture contrapuntique très élaborée. Chez Adams, le sentiment de décélération ou d'accélération n'est pas provoqué par le tempo mais par la polyrythmie! Les partitions sont très instructives à ce propos.Rien à voir avec les chantres du minimalisme des années 60 ou 70 dont nous parlions plus tôt, et dont la contagion s'est malheureusement propagée, en des proportions absolument considérables, à toutes les formes de musiques actuelles: musique populaire, musique appliquée et bien sûr certains pans de la musique savante,...
Cela veut dire que quelque part, on pourrait dire que Steve Reich et John Adams reprennent le mouvement qui s'était arrêté avec Bach en revisitant l'esprit du contrepoint d'une toute autre manière, comme le faisait également Ligeti d'ailleurs. Heureuse coïncidence, Steve Reich et Ligeti se sont tous les deux énormément intéressé aux polyphonies pygmées, dont la complexité est sans équivalent dans le domaine des musiques traditionnelles.
Re: appauvrissement de la musique
Yuhirà:
À titre personnel je confesse bien volontiers ma radicalité puisque considère tout aussi bien les langages polyphoniques anciens que l'harmonie baroque ou classique comme très pauvres et sans aucun intérêt pour mes oreilles donc désolé on ne me refera pas de ce côté là (enfin peut-être un jour qui sait: après tout lorsqu'il prend à Delerue, Morricone, Legrand, Williams ou tant d'autres d'adapter certaines formules harmoniques baroques à des cadres et esthétiques beaucoup plus souples et plus actuels j'apprécie assez ! C'est peut-être un début dans la réconciliation avec les formes anciennes et sommaires).
Quand à Adams et Reich (que j'aime beaucoup), ils sont surtout des répétitifs, pas des minimalistes.
D'ailleurs à Reich et Adams on pourrait très bien joindre le John Williams de l'excellent Soundings et de quelques autres pièces concertantes qui viennent s'inscrire tout à fait dans la mouvance répétitive.
À titre personnel je confesse bien volontiers ma radicalité puisque considère tout aussi bien les langages polyphoniques anciens que l'harmonie baroque ou classique comme très pauvres et sans aucun intérêt pour mes oreilles donc désolé on ne me refera pas de ce côté là (enfin peut-être un jour qui sait: après tout lorsqu'il prend à Delerue, Morricone, Legrand, Williams ou tant d'autres d'adapter certaines formules harmoniques baroques à des cadres et esthétiques beaucoup plus souples et plus actuels j'apprécie assez ! C'est peut-être un début dans la réconciliation avec les formes anciennes et sommaires).
Quand à Adams et Reich (que j'aime beaucoup), ils sont surtout des répétitifs, pas des minimalistes.
D'ailleurs à Reich et Adams on pourrait très bien joindre le John Williams de l'excellent Soundings et de quelques autres pièces concertantes qui viennent s'inscrire tout à fait dans la mouvance répétitive.
Re: appauvrissement de la musique
Pas de soucis, je comprends complètementÀ titre personnel je confesse bien volontiers ma radicalité puisque considère tout aussi bien les langages polyphoniques anciens que l'harmonie baroque ou classique comme très pauvres et sans aucun intérêt pour mes oreilles donc désolé on ne me refera pas de ce côté là

Ils sont pourtant fréquemment cités dans le courant minimaliste. Mais tu as raison dans le fond! il me semble en effet qu'Adams et Reich sont plus répétitifs que minimalistes (alors que Glass et Riley sont les deux).Quand à Adams et Reich (que j'aime beaucoup), ils sont surtout des répétitifs, pas des minimalistes.
Cela dit, je pense que ces deux courants sont perméables et relativement solubles l'un dans l'autre. Ce courant américain (qu'on qualifie parfois de musique post-moderne ou de nouvelle musique) représente tout de même le même mouvement de réaction radicale contre le post-sérialisme européen.
Re: appauvrissement de la musique
On employait surtout le terme de musique minimaliste dans le courant des années 60-70. Je crois que c'est Nyman qui avait trouvé cette formule, il a d'ailleurs écrit tout un bouquin là-dessus ; mais après le mouvement a évolué vers une forme beaucoup plus complexe et polyphonique.
Re: appauvrissement de la musique
Bien d'accord avec l'analyse de Yuhira, encore une fois. La musique vocale de Palestrina est fascinante et Bach...si la musique a un Dieu c'est bien lui
. Je n'ai jamais entendu une oeuvre de Bach qui ne m'ait pas transporté. Je suis un fou de Bach et rien de ce ce qui a pu être fait après lui n'a affadi ou diminué ma passion pour sa musique. L'Art de la fugue, les Variations Goldberg, la Passion selon Saint-Jean, etc...autant d'oeuvres qui me font fondre comme neige au soleil et comme aucune autre. Debussy me laisse presque froid en comparaison...j'aime sa musique mais y reviens très peu finalement...Alors que la Montagne Bach...Je pourrais presque mourir en l'écoutant.
Bon, je ne fais pas avancer le débat, je sais, mais j'avais envie de crier sur un toit ma passion pour Bach et certains autres Baroques...ah! les mortelles toccatas pour clavecin d'Alessandro Scarlatti, l'oratorio selon Haydn, alors voilà...Et Steve Reich est effectivement un compositeur qui a fait des choses intéressantes et j'aime bien la version IN C de Terry Riley que j'ai en ma possession. 



Re: appauvrissement de la musique
Moi aussi. J'ai particulièrement apprécié la mention des polyphonies pygmées.Janus a écrit :Bien d'accord avec l'analyse de Yuhira, encore une fois.
@ Taboulez: inutile de pinailler en effet. Nous sommes en désaccord de fond, ce qui n'empêche pas la discussion - surtout si elle amène à parler de gens comme Bach, Palestrina, G. de Machaut ou Tallis (pour citer de vénérables Anciens).

Re: appauvrissement de la musique
Bien sûr, c'est justement la cerise sur le gâteau! C'est "légal"!YuHirà a écrit :En vérité, ce n'est pas du "vol" car c'est tout à fait légal: la licence qui porte sur ces boucles a été acquise avec l'achat des logiciels correspondants!C'est tout de même paradoxal: on n'a jamais autant parlé de droits d'auteurs et de "propriété" artistique, et ce que tu décris n'est rien d'autre que du vol - si l'on se place dans cette logique.
Cela me gène pour les bidouilleurs. Pour les vrais compositeurs, j'imagine que c'est un moyen de gagner du temps (après tout, des marches et des traits au km, on en trouve aussi ailleurs qu'en musique de film...)
Re: appauvrissement de la musique
Merci Janus et Full Moon
Un bel exemple de musique dont la qualité n'a presque pas bougé en plusieurs siècles, d'ailleurs 


Pour illustrer mon propos, voici un extrait si tu veuxJ'ai particulièrement apprécié la mention des polyphonies pygmées.


Sinon ce ne serait pas drôleBien sûr, c'est justement la cerise sur le gâteau! C'est "légal"!

Re: appauvrissement de la musique
Incroyable, les pygmées sur Youtube... Merci pour le lien! J'en étais resté aux enregistrements de S. Arom publiés par Ocora Radio France, mais la video offre un plus. Touchons du bois pour que ces traditions ne soient pas trop abîmées par notre civilisation...YuHirà a écrit :Pour illustrer mon propos, voici un extrait si tu veuxJ'ai particulièrement apprécié la mention des polyphonies pygmées.Un bel exemple de musique dont la qualité n'a presque pas bougé en plusieurs siècles, d'ailleurs
![]()
Re: appauvrissement de la musique
Simha Arom reste quand même une référence dans le domaineJ'en étais resté aux enregistrements de S. Arom publiés par Ocora Radio France

Tu veux dire... Comme ceci?Touchons du bois pour que ces traditions ne soient pas trop abîmées par notre civilisation...

Re: appauvrissement de la musique
Justement plus la musique est pauvre en CD, mieux le porte-feuilles se porte bien 
