Black Swan- de Darren Aronofsky
- Pierrebrrr
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Black Swan- de Darren Aronofsky
Fébrilement, je me suis précipité voir Black Swan, film espéré comme une expérience formelle absolue et sans retour.
Et au sortir de la salle, la déception domine, non pas que le film soit sans qualité, mais peut-être simplement parce qu'il na pas été à la hauteur de l'attente. Vieux débat, d'ailleurs... Doit-on mesurer un film à la taille de l'écart avec celui qu'on se fait dans la tête... ?
Ce qui m'a géné, pour synthétiser rapidement, c'est l'absence de folie du film, sa maitrise de chaque instant, à quel point il est prévisible, aussi, jusque dans ses délires plastiques (ah la la , les tableaux qui s'animent.) La grossièreté du scénario, aussi, il aurait vraiment dû laisser le squelette du bon docteur Freud au placard, l'ami Darren.
Cela dit, tout ce qu'on a écrit sur Portman est sans doute encore en dessous de la réalité, je ne sais pas si j'ai vu d'autres actrices qui m'aient donné l'impression, à ce point, de s'enfoncer dans leur rôle. Peut-être que le soupçon de vrai folie du film est tout entier dans ses larmes, ses sourires, qui semblent tous absolument sincères et simplement enregistrés par une caméra braqué sur son visage presque tout le temps. La beauté des scènes de danse est aussi à la hauteur de ce qui a été dit, tout comme la mise en scène. Le paradoxe de Black Swan est d'être un film qui, sous couvert de dynamique très sensorielle, est constamment narratif. Constamment à l'écoute de son spectateur, attentif à ce que, surtout, il ne soit à aucun moment perdu en route. Et ça m'a vraiment insupporté. A coté, Shutter Island est une étude de caractère complexe et subtile.
Et puis je voulais vous parler d'autre chose. Je voulais vous parler de Satoshi Khon.
Je me souviens d'une époque où j'étais un garçon sensible et passionné, et Matrix ou l'Arme Fatale 4 triomphaient sur les écrans américains (et donc du monde entier), l'argent coulait à flots à Hollywood, et Hong Kong coulait tout court. Découvrant le film des frère washowski, j'en aurais pleuré en me disant: mais c'est Black Mask ! Mais c'est A toute épreuve ! Et le grand public et la critique inculte de se pâmer sur l'inventivité des geeks américains. Pendant que Mel Gibson terrassait Jet Lee (Jet Li ! Li Lianje !)à coup de planches.
Et aujourd'hui, les plus gros succès critiques du cinéma américain, Black Swan et Inception, ne sont-ils pas les sarcophages dans lesquels les films de Satashi Kon crient mais ne sont pas entendus ? Qui sait si ils n'auraient pas connu, à force de courage de la part d'un distributeur ou l'autre le destin de ceux d'un Miyazaki ?
On a déjà dit tout ce que Inception devait à Paprika, et maintenant, Darren nous recopie gentiment des passages entiers de Perfect Blue (les photos qui y prenaient vie avaient autrement plus de sens...), sans jamais atteindre la puissance et le sentiment de paranoïa du film japonais. On parlera plutôt d'hommage, bien sûr, et Black Swan a bien des qualités propres. Mais je trouve stupéfiant à quel point l'influence de certains cinéastes méconnus est gigantesque.
Et au sortir de la salle, la déception domine, non pas que le film soit sans qualité, mais peut-être simplement parce qu'il na pas été à la hauteur de l'attente. Vieux débat, d'ailleurs... Doit-on mesurer un film à la taille de l'écart avec celui qu'on se fait dans la tête... ?
Ce qui m'a géné, pour synthétiser rapidement, c'est l'absence de folie du film, sa maitrise de chaque instant, à quel point il est prévisible, aussi, jusque dans ses délires plastiques (ah la la , les tableaux qui s'animent.) La grossièreté du scénario, aussi, il aurait vraiment dû laisser le squelette du bon docteur Freud au placard, l'ami Darren.
Cela dit, tout ce qu'on a écrit sur Portman est sans doute encore en dessous de la réalité, je ne sais pas si j'ai vu d'autres actrices qui m'aient donné l'impression, à ce point, de s'enfoncer dans leur rôle. Peut-être que le soupçon de vrai folie du film est tout entier dans ses larmes, ses sourires, qui semblent tous absolument sincères et simplement enregistrés par une caméra braqué sur son visage presque tout le temps. La beauté des scènes de danse est aussi à la hauteur de ce qui a été dit, tout comme la mise en scène. Le paradoxe de Black Swan est d'être un film qui, sous couvert de dynamique très sensorielle, est constamment narratif. Constamment à l'écoute de son spectateur, attentif à ce que, surtout, il ne soit à aucun moment perdu en route. Et ça m'a vraiment insupporté. A coté, Shutter Island est une étude de caractère complexe et subtile.
Et puis je voulais vous parler d'autre chose. Je voulais vous parler de Satoshi Khon.
Je me souviens d'une époque où j'étais un garçon sensible et passionné, et Matrix ou l'Arme Fatale 4 triomphaient sur les écrans américains (et donc du monde entier), l'argent coulait à flots à Hollywood, et Hong Kong coulait tout court. Découvrant le film des frère washowski, j'en aurais pleuré en me disant: mais c'est Black Mask ! Mais c'est A toute épreuve ! Et le grand public et la critique inculte de se pâmer sur l'inventivité des geeks américains. Pendant que Mel Gibson terrassait Jet Lee (Jet Li ! Li Lianje !)à coup de planches.
Et aujourd'hui, les plus gros succès critiques du cinéma américain, Black Swan et Inception, ne sont-ils pas les sarcophages dans lesquels les films de Satashi Kon crient mais ne sont pas entendus ? Qui sait si ils n'auraient pas connu, à force de courage de la part d'un distributeur ou l'autre le destin de ceux d'un Miyazaki ?
On a déjà dit tout ce que Inception devait à Paprika, et maintenant, Darren nous recopie gentiment des passages entiers de Perfect Blue (les photos qui y prenaient vie avaient autrement plus de sens...), sans jamais atteindre la puissance et le sentiment de paranoïa du film japonais. On parlera plutôt d'hommage, bien sûr, et Black Swan a bien des qualités propres. Mais je trouve stupéfiant à quel point l'influence de certains cinéastes méconnus est gigantesque.
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Pierrebrrr a écrit :Le paradoxe de Black Swan est d'être un film qui, sous couvert de dynamique très sensorielle, est constamment narratif. Constamment à l'écoute de son spectateur, attentif à ce que, surtout, il ne soit à aucun moment perdu en route. Et ça m'a vraiment insupporté.
Les sentiments qui sont les tiens ressemblent à s'y méprendre au goût amer qui m'avait envahi à la découverte d'Inception. Cette impression que toute l'entreprise, malgré un brio évident, n'était qu'une régurgitation sans audace du fascinant cinéma de Satoshi Kon... Et j'apprends maintenant qu'Aronofsky aurait tenté, lui aussi, de livrer avec une notice explicative les géniales arabesques graphiques et narratives du défunt réalisateur nippon. Mais avant de dégainer mon katana dans un élan meurtrier incontrôlé, le mieux serait sans doute d'aller évaluer par moi-même en salles l'ampleur du sinistre.Pierrebrrr a écrit :Et aujourd'hui, les plus gros succès critiques du cinéma américain, Black Swan et Inception, ne sont-ils pas les sarcophages dans lesquels les films de Satashi Kon crient mais ne sont pas entendus ? Qui sait si ils n'auraient pas connu, à force de courage de la part d'un distributeur ou l'autre le destin de ceux d'un Miyazaki ?
On a déjà dit tout ce que Inception devait à Paprika, et maintenant, Darren nous recopie gentiment des passages entiers de Perfect Blue (les photos qui y prenaient vie avaient autrement plus de sens...), sans jamais atteindre la puissance et le sentiment de paranoïa du film japonais. On parlera plutôt d'hommage, bien sûr, et Black Swan a bien des qualités propres. Mais je trouve stupéfiant à quel point l'influence de certains cinéastes méconnus est gigantesque.
- Pierrebrrr
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Je te rassure Lee, l'ombre portée de Kon sur le cygne noir relève plus de la profonde influence que du pompage pur et simple. Et des influences, il y en d'autres dans le film d'Aronofsky, qui a aussi sa personnalité propre, et surtout, qui plonge dans une subjectivité bien différente. Pas de fan malade, ici, ni, hélas, d'emboitements vertigineux de couches de récits imbriqués.
J'ai hâte de connaitre ton avis, en tous cas....
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Intéressant cette filiation avec Satoshi Kon.
Néanmoins après vision du film et 24h de recul, je pense aujourd'hui que BLACK SWAN est le meilleur film d'Aronofsky.
On retrouve enfin la folie de REQUIEM FOR A DREAM (que j'avais découvert en salles en 2001 et dont j'ai pris du temps à me remettre !), mixé avec l'expérience de THE WRESTLER, film que j'avais trouvé un peu ampoulé voir pleurnicheur, avec son côté "frères Dardenne meets Mickey Rourke", recette parfaite pour les Oscars, et au final même si le film brillait pas certains moments de grâce, ça m'avait un peu gonflé. Même si, thématiquement, il est est très cohérent dans la carrière du cinéaste. Je fait l'impasse sur THE FOUNTAIN dont l'idée était très belle mais le résultat, je trouve, était calamiteux. Du coup, j'avoue que je n'attendais rien de spécial de BLACK SWAN, d'où ma surprise en découvrant un film à la progression dramatique limpide mais bien barrée, avec un script certes assez basique mais qui ne s'embarrasse pas de fioriture ou de retournements de situations alambiquées (au contraire d'un SHUTTER ISLAND justement, qui avait tout du film de petit malin malgré sa perfection technique et son interprétation irréprochable).
Dans les premières minutes j'ai redouté un peu le filmage "cinéma vérité" scolaire d'Aronofsky faisant suite à son expérience sur THE WRESTLER mais progressivement, ce filmage se justifie et s'affirme par sa proximité avec le personnage et son rapport au corps. Natalie Portman est phénoménale, et ce serait un vrai scandale si elle n'a pas l'Oscar (heureusement, les autres prétendantes ne semblent pas lui faire la moindre concurrence). J'ai aussi beaucoup apprécié Vincent Cassel dans un rôle de chorégraphe pervers qui lui va comme un gant. Il est délicieusement antipathique et en même temps, on peut comprendre la fascination qu'il exerce sur ses danseuses. Puis surviennent les pulsions, la folie... et là le film s'élève. Aussi bien cinématographiquement (en terme d'image, de montage, d'intensité de l'interprétation, de rapport à la musique, de mouvement, d'enjeux) que thématiquement : c'est, avec REQUIEM, le film le plus politique d'Aronofsky, et le plus intéressant sur le rapport qu'entretien l'Amérique avec le corps et la sexualité. D'ailleurs c'est symptomatique : le film a été interdit aux moins de 17 ans en raison d'une scène lesbienne (très belle et intense mais beaucoup plus suggestive que frontale). Et puis ce final ! La dernière demi-heure du film est phénoménale. Cela suggère un hommage subtil à CARRIE de De Palma et autres péloches cultes d'Argento, dans son apothéose graphique et l'apparente simplicité de l'échafaudage dramatique. La musique de Clint Mansell est aussi passionnante, dans sa manière de s'introduire et de pervertir la partition de Tchaïkovsky à la manière d'un Shore pour Cronenberg. Certes, Aronofsky n'invente pas la roue, mais cette efficacité est payante et je ne doute pas que BLACK SWAN devienne un film culte au même titre que REQUIEM. Pour moi c'est en tout cas le premier choc de l'année 2011.
Néanmoins après vision du film et 24h de recul, je pense aujourd'hui que BLACK SWAN est le meilleur film d'Aronofsky.
On retrouve enfin la folie de REQUIEM FOR A DREAM (que j'avais découvert en salles en 2001 et dont j'ai pris du temps à me remettre !), mixé avec l'expérience de THE WRESTLER, film que j'avais trouvé un peu ampoulé voir pleurnicheur, avec son côté "frères Dardenne meets Mickey Rourke", recette parfaite pour les Oscars, et au final même si le film brillait pas certains moments de grâce, ça m'avait un peu gonflé. Même si, thématiquement, il est est très cohérent dans la carrière du cinéaste. Je fait l'impasse sur THE FOUNTAIN dont l'idée était très belle mais le résultat, je trouve, était calamiteux. Du coup, j'avoue que je n'attendais rien de spécial de BLACK SWAN, d'où ma surprise en découvrant un film à la progression dramatique limpide mais bien barrée, avec un script certes assez basique mais qui ne s'embarrasse pas de fioriture ou de retournements de situations alambiquées (au contraire d'un SHUTTER ISLAND justement, qui avait tout du film de petit malin malgré sa perfection technique et son interprétation irréprochable).
Dans les premières minutes j'ai redouté un peu le filmage "cinéma vérité" scolaire d'Aronofsky faisant suite à son expérience sur THE WRESTLER mais progressivement, ce filmage se justifie et s'affirme par sa proximité avec le personnage et son rapport au corps. Natalie Portman est phénoménale, et ce serait un vrai scandale si elle n'a pas l'Oscar (heureusement, les autres prétendantes ne semblent pas lui faire la moindre concurrence). J'ai aussi beaucoup apprécié Vincent Cassel dans un rôle de chorégraphe pervers qui lui va comme un gant. Il est délicieusement antipathique et en même temps, on peut comprendre la fascination qu'il exerce sur ses danseuses. Puis surviennent les pulsions, la folie... et là le film s'élève. Aussi bien cinématographiquement (en terme d'image, de montage, d'intensité de l'interprétation, de rapport à la musique, de mouvement, d'enjeux) que thématiquement : c'est, avec REQUIEM, le film le plus politique d'Aronofsky, et le plus intéressant sur le rapport qu'entretien l'Amérique avec le corps et la sexualité. D'ailleurs c'est symptomatique : le film a été interdit aux moins de 17 ans en raison d'une scène lesbienne (très belle et intense mais beaucoup plus suggestive que frontale). Et puis ce final ! La dernière demi-heure du film est phénoménale. Cela suggère un hommage subtil à CARRIE de De Palma et autres péloches cultes d'Argento, dans son apothéose graphique et l'apparente simplicité de l'échafaudage dramatique. La musique de Clint Mansell est aussi passionnante, dans sa manière de s'introduire et de pervertir la partition de Tchaïkovsky à la manière d'un Shore pour Cronenberg. Certes, Aronofsky n'invente pas la roue, mais cette efficacité est payante et je ne doute pas que BLACK SWAN devienne un film culte au même titre que REQUIEM. Pour moi c'est en tout cas le premier choc de l'année 2011.
Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Lee Van Cleef a écrit :Pierrebrrr a écrit :Le paradoxe de Black Swan est d'être un film qui, sous couvert de dynamique très sensorielle, est constamment narratif. Constamment à l'écoute de son spectateur, attentif à ce que, surtout, il ne soit à aucun moment perdu en route. Et ça m'a vraiment insupporté.Les sentiments qui sont les tiens ressemblent à s'y méprendre au goût amer qui m'avait envahi à la découverte d'Inception. Cette impression que toute l'entreprise, malgré un brio évident, n'était qu'une régurgitation sans audace du fascinant cinéma de Satoshi Kon... Et j'apprends maintenant qu'Aronofsky aurait tenté, lui aussi, de livrer avec une notice explicative les géniales arabesques graphiques et narratives du défunt réalisateur nippon. Mais avant de dégainer mon katana dans un élan meurtrier incontrôlé, le mieux serait sans doute d'aller évaluer par moi-même en salles l'ampleur du sinistre.Pierrebrrr a écrit :Et aujourd'hui, les plus gros succès critiques du cinéma américain, Black Swan et Inception, ne sont-ils pas les sarcophages dans lesquels les films de Satashi Kon crient mais ne sont pas entendus ? Qui sait si ils n'auraient pas connu, à force de courage de la part d'un distributeur ou l'autre le destin de ceux d'un Miyazaki ?
On a déjà dit tout ce que Inception devait à Paprika, et maintenant, Darren nous recopie gentiment des passages entiers de Perfect Blue (les photos qui y prenaient vie avaient autrement plus de sens...), sans jamais atteindre la puissance et le sentiment de paranoïa du film japonais. On parlera plutôt d'hommage, bien sûr, et Black Swan a bien des qualités propres. Mais je trouve stupéfiant à quel point l'influence de certains cinéastes méconnus est gigantesque.
AH! cette capacité des réalisateurs américains a digerer les oeuvres des autres et a les régurgiter à la sauce "américaine", Matrix en est un bel exemple en effet, mais le délire visuel d'un Paprika n'est pas égalable de toute manière, l'animation a sa propre magie.
- Lee Van Cleef
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Je rejoins le sagace Pierrot sur son parallèle souvent frappé au coin du bon sens entre Black Swan et Perfect Blue. Plus encore que les classiques paranoïaques de Polanski auxquels il est fréquemment comparé, le dernier-né d'Aronofsky fait bigrement penser à Satoshi Kon dans sa volonté affichée de brouiller les cartes entre la réalité et la folie rampante. Le hic est que l'on ne peut pas vraiment attribuer à chacun une semblable démonstration de virtuosité. Là où feu Satoshi n'avait pas son pareil pour ériger de stupéfiants dédales psychologiques et temporels, le trop pusillanime Darren ne s'essaie qu'à de bien timides faux-semblants que le spectateur averti n'aura guère de mal à éluder : en gros, dès qu'il se produit un truc un tant soit peu violent ou sulfureux, on peut sans crainte parier que l'héroïne est victime d'une énième hallucination ! Les rouages du procédé tournent sans heurt, soit, mais ça n'aide pas à générer ce malaise étouffant dont on devine qu'il était l'un des objectifs majeurs du film.
Autre relative déception, le d'ores et déjà célèbre feu d'artifice visuel concluant Black Swan. Sans doute avais-je fondé dans ce ballet final des attentes démesurées après avoir lu un peu partout qu'Aronofsky avait mis en scène un morceau de bravoure inouï, véritable chef-d'oeuvre à lui tout seul. Il n'en avait bien sûr pas fallu davantage pour incendier mon imagination, au point que j'en étais venu à me représenter un croisement fou entre l'extraordinaire et fantasmagorique ballet du Red Shoes de Michael Powell et la valse macabre de Legend. A l'arrivée, seule la très belle scène d'ouverture se rapproche (un peu) de mes visions fantasmées, le climax se bornant, pour sa part, à capturer dans une succession de gros plans (très intenses, il est vrai) le regard possédé de Natalie Portman.
Mais ne vous méprenez pas, les enfants ! J'ai l'air, comme ça, de jeter l'anathème avec entrain sur ce film, mais il se trouve que hormis ces griefs acides, le résultat m'a tout de même grandement plu. Eh oui.
Autre relative déception, le d'ores et déjà célèbre feu d'artifice visuel concluant Black Swan. Sans doute avais-je fondé dans ce ballet final des attentes démesurées après avoir lu un peu partout qu'Aronofsky avait mis en scène un morceau de bravoure inouï, véritable chef-d'oeuvre à lui tout seul. Il n'en avait bien sûr pas fallu davantage pour incendier mon imagination, au point que j'en étais venu à me représenter un croisement fou entre l'extraordinaire et fantasmagorique ballet du Red Shoes de Michael Powell et la valse macabre de Legend. A l'arrivée, seule la très belle scène d'ouverture se rapproche (un peu) de mes visions fantasmées, le climax se bornant, pour sa part, à capturer dans une succession de gros plans (très intenses, il est vrai) le regard possédé de Natalie Portman.
Mais ne vous méprenez pas, les enfants ! J'ai l'air, comme ça, de jeter l'anathème avec entrain sur ce film, mais il se trouve que hormis ces griefs acides, le résultat m'a tout de même grandement plu. Eh oui.
- Pierrebrrr
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Mon cher Lee, une fois n'est pas coutume, je me permets cette petite digression avec toi- ce n'est pas comme si on n'était pas tout seuls ici... J'ai eu exactement le même sentiment que toi face à la séquence finale, d'autant plus que je viens de revoir dans sa copie restaurée les Chaussons rouges il y a quelques mois, et pour mes mirettes et mon coeur d'esthète dégénéré, le verdict et sans appel, le morceau de bravoure halluciné de Powell est à des hauteurs totalement interdites à Arronofsky. D'autant plus que tour de force des chaussons rouges, arrivé exangue la fin du ballet, je m'imaginais terrassé par le grand final du film, alors qu'il n'en marque que la moitié, là où Black Swan se conclut d'une façon pour le moins attendue.
Mais comme toi, Le cygne noir me reste en tête, durablement, certaines de ces images m'habitent encore- Portman essuyant ses larmes devant le miroir avec son maquillage blanc- magnifique image condensant en un simple geste la dévotion de l'artiste à son art- l'expression de Nathalie comprenant qu'elle a le rôle, quelle actrice ! J'ai envie de revoir le film, maintenant.
Et puisque tu parles de Kon et de Perfect Blue, pas toujours bien accueilli à sa sortie d'ailleurs... J'ai toujours eu le sentiment en le voyant que Kon avait des liens avec l'univers de Tiziano Sclavi, le créateur de Dylan Dog, monument de bande dessinée qui inspira un pur chef d'oeuvre de Michele Soavi, et qui lui aussi chérit les mises en abime vertigineuse et authentiquement folles.
Tu connais ?
Mais comme toi, Le cygne noir me reste en tête, durablement, certaines de ces images m'habitent encore- Portman essuyant ses larmes devant le miroir avec son maquillage blanc- magnifique image condensant en un simple geste la dévotion de l'artiste à son art- l'expression de Nathalie comprenant qu'elle a le rôle, quelle actrice ! J'ai envie de revoir le film, maintenant.
Et puisque tu parles de Kon et de Perfect Blue, pas toujours bien accueilli à sa sortie d'ailleurs... J'ai toujours eu le sentiment en le voyant que Kon avait des liens avec l'univers de Tiziano Sclavi, le créateur de Dylan Dog, monument de bande dessinée qui inspira un pur chef d'oeuvre de Michele Soavi, et qui lui aussi chérit les mises en abime vertigineuse et authentiquement folles.
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- Lee Van Cleef
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Je n'en sais pas autant que je l'aimerais au sujet de Dylan Dog. Pour tout dire, mes maigres connaissances au sujet de l'intrépide détective de l'étrange se limitent aux quatre albums parus en France il y a de cela dix ans. Et si l'on fait abstraction des cohortes de vampires, zombies et autres engeances surnaturelles invoquées par Tiziano Sclavi, il y a effectivement dans ces captivants fumetti une réelle dextérité à faire sourdre d'insidieuses terreurs mentales (même si, pour le coup, j'ai surtout songé à Polanski, notamment en lisant le formidable La Maison Double). Quant au superbe Dellamorte Dellamore, on ne cesse de le présenter comme une adaptation en bonne et due forme des aventures de Dylan Dog alors que les faits sont un tantinet plus complexes. Si je ne m'abuse, il y avait à l'origine un roman au titre éponyme, écrit par Sclavi lui-même, que ce dernier a un temps envisagé de transposer en bande dessinée avant de finalement renoncer, découragé, sans doute, par les perspectives plutôt minces qu'offrait une histoire ne s'évadant jamais des murs d'un cimetière. De fil en aiguille, le ténébreux privé Dylan Dog a pris la place du stoïque gardien des morts Francesco Dellamorte, le premier connaissant la gloire et les honneurs du neuvième art tandis que le second, quelques années plus tard, échouait entre les mains expertes de Michele Soavi.
- Lee Van Cleef
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Pour en revenir à Black Swan, une chose que j'ai trouvé passionnante en même temps qu'elle m'a fait grincer des mâchoires, c'est la crudité sans fard dont fait preuve Aronofsky pour filmer les pieds martyrisés de ses danseuses et le plaisir sadique qu'il prend à souligner par des bruitages outranciers la terrible tension à laquelle ils sont soumis. Tarantino, grand fétichiste du panard devant l'Eternel, n'a sans doute pas fini d'en cauchemarder.
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Très beau film mais qui ne tient debout que grâce à Nathalie Portman. Elle est "Black Swan", elle est le film à elle toute seule.
Brillant numéro d'actrice.
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
J'ai adoré Black Swan, Lepithec résume plutôt bien ce que j'en pense.
A la vision de ce film je me suis dit: Oui, enfin on retrouve Darren Aronofsky de Requiem For a Dream une folie esthétique qui nous amène dans une torture psychologique de ses personnages.
Natalie Portman (
) brille comme jamais et porte littéralement le film, que dis-je.... elle le sublime. Son rapport à sa mère, à la danse, à son chorégraphe est tout bonnement d'une justesse incomparable sans tombé dans un pathos à faire pleurer les chaumières.
Bref un très bon début 2011 dans les salles.
A la vision de ce film je me suis dit: Oui, enfin on retrouve Darren Aronofsky de Requiem For a Dream une folie esthétique qui nous amène dans une torture psychologique de ses personnages.
Natalie Portman (
![Love [love]](./images/smilies/icon_heart.gif)
Bref un très bon début 2011 dans les salles.
J'ai le tartare qui glisse!!
C'est pas faux
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- Pierrebrrr
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Donc un réalisateur qui met sa caméra sous le nez de son actrice en train de pleurer, ne tombe pas dans le pathos ? Un gars qui filme un suicide en direct avec torrent de violons ne tombe pas dans le pathos ?
Alors il va falloir que tu m'expliques qui tombent dans le pathos, pour toi
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"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
C'est dans le film ? Parce que sinon merci pour ceux qui ne l'ont encore vuPierrebrrr a écrit : Un gars qui filme un suicide en direct avec torrent de violons ne tombe pas dans le pathos ?

Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Non non, rassure-toi.
- Pierrebrrr
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
euh...
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- Misquamacus
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- Inscription : mar. 16 sept. 2008 10:34
Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Je crois que tu dois assumer définitivement tes erreurs, et en tirer les conséquences en te retirant définitivement sur l'ile d'Odile. 

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- Pierrebrrr
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Eh ben puisque c'est comme ça, j'en ai marre, et en plus vous aimez pas Hans Zimmer, je m'en vais et n'essayez pas de me retenir , et en plus A la fin, Nina, et ben elle perd son chausson ah ah ah
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- Biguimot
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Mouhahahaha non mais un moment donné si tout le monde se casse pour tel ou tel raison le forum va ressembler à ca:

Bon C'est vrai Pierrebrrr attention tout de même
En tout les cas quel que soit les façons de procéder je n'ai pas eu cette sensation justement: parfois filmé de façon "cru", ou directe, mais dans la manière, dans le contexte je me suis pas dis
Allez on y va ouhouuu super génial
Je veux dire que ca m'a pas donné la sensation de vouloir faire pleurer les gamines de 14 ans qui se disent: "Oh mon dieu mais c'est trop beau c'est trop vrai, c'est trop puissant...."

Bon C'est vrai Pierrebrrr attention tout de même

En tout les cas quel que soit les façons de procéder je n'ai pas eu cette sensation justement: parfois filmé de façon "cru", ou directe, mais dans la manière, dans le contexte je me suis pas dis
Allez on y va ouhouuu super génial

Je veux dire que ca m'a pas donné la sensation de vouloir faire pleurer les gamines de 14 ans qui se disent: "Oh mon dieu mais c'est trop beau c'est trop vrai, c'est trop puissant...."
J'ai le tartare qui glisse!!
C'est pas faux
C'est pas faux
Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Noooonnnnn......Pierrebrrr a écrit :Eh ben puisque c'est comme ça, j'en ai marre, et en plus vous aimez pas Hans Zimmer, je m'en vais

Pour Pierrebrrr...


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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Pourquoi tant de fiel et d'agressivité meurtrière, Pierrot ? Sache qu'il est en ce bas-monde des manières autrement plus courtoises d'annoncer à son public éploré un départ mûrement réfléchi.Pierrebrrr a écrit :Eh ben puisque c'est comme ça, j'en ai marre, et en plus vous aimez pas Hans Zimmer, je m'en vais et n'essayez pas de me retenir
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Vil fourbe ! Mécréant ! Grima langue de serpent !Pierrebrrr a écrit :A la fin, Nina, et ben elle perd son chausson ah ah ah[/size]

« Je ne connais pas la moitié d’entre vous autant que je le voudrais et j’aime moins de la moitié d’entre vous à moitié moins que vous ne le méritez ! »
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky









J'espère que le mec qui a pondu la chose au bout du lien de Mortimer a été incarcéré depuis. Moi aussi, je vous aime, sinon.
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
Pierrebrrr, tu es un psychopathe ! (J'adore !
)

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Re: Black Swan- de Darren Aronofsky
ça pique les yeux hein ? 

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