Une symbiose parfaite?

[Janus]

Au-delà de l'appréciation de la musique de film dans son support discographique (lorsque celle-ci en bénéficie),quelles
sont celles qui dans leur rapport à l'image vous ont le plus marqués,impressionnés. Le nombre de 5 titres me parait raisonnable,
cependant s"il y en a 6 ou seulement trois,ce n'est bien évidemment pas un souci.
Quelles sont donc les musiques de films qui,selon vous,répondent à une symbiose parfaite ou quasi-parfaite avec l'image,celles
qui sortent du lot dans l'effectif,qu'importe ce qu'elle vous procure lors d'une écoute seule? Les arguments mêmes courts pouvant étayer vos réponses sont les bienvenus.

[Taboulez]

Personnellement ce sont davantage des séquences en particulier, et non des films sur toute la longueur, qui m'ont marqué dans leur rapport image/musique.

- La partition de Bambi, dans son rapport à l'image, fait montre d'une très grande inventivité (à vrai dire, je me creuse encore la tête pour trouver une BO qui m'ai plus impressionné sur ce point précis). C'est bien simple, à titre d'exemple, dans ce film (que je n'aime pas trop, malgré certains décors splendides) le tonnerre est mimé par des bruits de cymbales, le vent par un choeur qui souffle et les gouttes de pluie par des notes de musique ou bien des "plic ploc" chantés... Sans compter la menace des chasseurs humains que l'on ne voit jamais mais qui sont suggérés par 3 notes primaires et inquiétantes, de plus en plus oppressantes à mesure qu'ils approchent, avant de se taire lorsque le coup de feu est enfin donné (cette BO apprend tout à Jaws avec 30 ans d'avance !).

- A Star is Born, pour une séquence, lorsque Judy Garland, cherche à remonter le moral de son mari désespéré, en donnant une représentation improvisée, dans son salon, du spectacle qu'elle prépare actuellement... Le salon est dénué de tout décor évidemment (c'est un salon classique quoi), si bien que c'est la musique seule qui suggère les lieux et paysages tous plus exotiques qui sont évoqués dans ce long numéro assez jouissif ! D'autant plus que ce numéro musical fait le parfait contrepoint avec celui qui venait précédemment dans le film (où là on avait droit pendant 15 minutes, à une déferlante de décors splendides et démesurés).

- La Guerre du Feu, pour la séquence de la création du feu, dont l'impact, mystique (c'est l'avenir de l'humanité entière qui s'ouvre avec cette découverte), est le fait de la seule musique, proprement hallucinante, de Sarde

Bon là, ça fait trois, mais ce sont les seuls exemples qui me viennent à l'esprit tout de suite.
Si j'en ai d'autres je complèterai.

[Walden]

hou là 5 c'est pas beaucoup ! ....trouver la symbiose parfaite c'est trouver l'équilibre parfait (selon la sensibilité de chacun) entre la force des images et celle de la musique, c'est délicat...car souvent l'image l'emporte, ou la musique l'emporte....

si je songe à quelques films récents, je pense au travail de Thomas Newman....THE HORSE WHISPERER, WHITE OLEANDER, LITTLE WOMEN...FIELD OF DREAMS de Horner....THE WAY OF THE GUN de Joe Kraemer....RIDE WITH THE DEVIL de Mychael Danna...

[Misquamacus]

Comme déjà dit sur un autre topic :
"Le grand Saut" et la scène du Hulla-Hoop. Une merveille de construction.
"Carrie" la scène du bal et du seau de sang. Que la musique (superbe de Donaggio), les images et les visages. Absolument fabuleux !
"Signs" la scène finale. Là on peut vraiment parler de symbiose.
"Aliens" la scène dites de "l'essieu". Ripley part au secours des marin's. Horner balance la sauce. Inégalable !
Et j'ai toujours été fasciné par la musique de Herrmann qui se calque sur le mouvement des essuie-glaces dans "Psycho". Un truc de ouf'
Et il y en a bien d'autres, I'll be back.
(Plus anecdotique, j'aime beaucoup la scène finale de "Crocodile Dundee" avec le crescendo de la zique dans le métro).

[Taboulez]

Ha et puis y a évidemment ce cas que nous évoquions il y a à peine quelques jours encore, à savoir que la partition de Danton qui incarne l'un des rôles principaux du film: la terreur !

[Julien]

Ceux qui me viennent spontanément à l'esprit :

- "Koyaanisqatsi" de Philip Glass
- "La Planète Sauvage" d'Alain Goraguer
- "Les Ombres des Ancêtres Oubliés" de Miroslav Skorik
- "Les Amours de la Pieuvre" de Pierre Henry
- "Le Grand Bleu" d'Eric Serra

Dans le Court Métrage "Skater Dater", un film sans parole sur le skate board j'aime beaucoup l'utilisation de la musique de Mike Curb sur les images. C'est simple mais efficace.

Un petit extrait ici

[Forrester]

Pour l'instant, deux titres me viennent à l'esprit:
L'utilisation dans Lorenzo'oil de l'adagio de Samuel Barber.
La reprise de Beside You dans What dreams may come

[Stringer Bell]

- La traversée dans le champ de Jamie Graham complètement abandonné alors que derrière lui commencent à tomber des parachutes et que la musique de Williams "Toys, Planes, Home and Earth" vient insister avec une grande majesté sur cette solitude, dans le "Empire du Soleil" de Spielberg
- La musique de Max Steiner pour "A summer Place" qui s'interrompt par un coup de mitraillette pour laisser place au score désabusé de Ron Grainer dans l'ouverture du film "Omega Man"
- Le thème obsédant de Delerue pour "L'important c'est d'aimer " qui souligne le désespoir de l'actrice en perdition et de ce photographe dans presque toutes leurs scènes ...
- Le thème de fête de rue de Nino Rota qui commence d'abord la scène et qui devient plus implacable lorsque le très jeune Vito Corleone ( De Niro ), assassine le parrain en place, Don Fanucci dans "Le Parrain II" ( Murder of Don Fanucci )
- D'ordinaire je suis pas fan de Moby mais la scène ou Mc Cauley ( De Niro ) meurt en tenant la main de Vincent Hanna ( Pacino ) dans Heat avec en fond le "God Moving Over The Face Of The Waters" ne m'a pas laissé de marbre ...
- L'épure des quelques notes composées par Eastwood sur les 2 scènes en silhouette ( ou le personnage principal est sur la tombe de sa femme) qui ouvrent et qui ferment le "Unforgiven" amène la seule nuance d'humanité qui existe dans le personnage de William Munny à savoir l'amour que lui portait sa femme (Claire's theme)
- Le thème déchirant qui accompagne la course à cheval de Gandalf avec Pippin dans "Le retour du Roi"( la 2° partie de "Flight from Edoras" )
Le thème lancinant de la "Wheel of Pain" avec ses bruits de chaînes ou l'on voit le corps de l'enfant se changer pour devenir enfin "Conan" par Basil Poledouris
- Quasiment tout le dernier quart d'heure du "dernier des Mohicans" qui voit dans sa course poursuite tragique éclater le thème de Trevor Jones d'autant mieux que la scène est presque sans paroles ( et la raison d'être même du film selon Michael Mann)

Et je me retiens ... Tout à fait d'accord aussi avec vos exemples notamment le Carrie ( j'aime beaucoup l'extrait ) et la partition de Carter Burwell pour "Le Grand Saut" qui est une de ses meilleures !! Et je me rappelle qu'avait été cité la reprise du thème de Papillon dans " A gift from the Sea" que j'adore. Et chaque fois que surgit le thème "Locutus" dans le début tout en retenue de "First Contact" ...

[Elendil]

Unbreakable, la scène où Bruce Willis entend les voix de toutes les personnes dans la gare (il me semble que c'est une gare) : symbiose parfaite, la musique est en parfaite adéquation avec l'image / la scène où Bruce soulève les poids dans sa cave et porte de plus en plus lourd est également un modèle du genre

Les Noces Funèbres, la scène où la mariée virevolte dans la forêt sous la lune : magique! mais aussi la scène finale dans l'église

Road to Perdition, quand Tom Hanks et son fils roule vers Chicago : pas besoin de mots, la musique parle d'elle même

Gladiator, dans l'arêne avec la superbe voix de Lisa Gerrard s'élevant et enchainant sur Now we Are Free.

Restons dans le Thomas Newman, et la scène de la Ligne Verte avec Coffe on the Mile : la scène de l'exécution est d'une émotion intense renforcée par une superbe musique, qui m'arrache des larmes à chaque fois.

Comment ne pas parler de la Liste de Schindler quand Schindler doit partir à la fin et que les juifs qu'il a aidés le remercient ; la musique est en parfait accord avec l'image, superbe scène!

Williams toujours avec les 15 minutes de la scène finale d' ET : G.R.A.N.D.I.O.S.E.


Et il y en a bien d'autres.....

[Julien]

Si on peut aussi mettre des musiques non originales, j'avais adoré ce qu'avait fait Dino Risi avec la célèbre chanson d'Umberto Tozzi, dans le sketch "Senza Parola" des Nouveaux Monstres. Une séquence qui est montée comme un véritable clip vidéo.

[Janus]

On peut effectivement citer des exemples de symbioses réussies avec des musiques préexistantes. Je n'interdis rien.

[Dadid]

Le premier qui me vient à l'esprit n'est pas spécialement original, mais c'est le premier à m'avoir marqué : STAR WARS, musique à la fois parfaitement adaptée et "en décallage" avec l'univers SF. Un choc à l'époque, et pas seulement pour moi !

j'ajouterai VERTIGO, parce que sa musique incarne presque à elle seule le personnage et ses obsessions (que serait ce film sans elle ?) et résume bien l'apport de la musique d'Herrmann à la carrière d'Hitch ; 2001 à cause de l'utilisation sublime de la musique des Strauss et quelques autres, certaines sont d'ailleurs restées étroitement liées au film dans l'inconscient cinéphile ! ; et peut-être BLADE RUNNER où l'aspect sound design et travail est magnifique. Cici dit, dans le genre, TRON était impressionnant et encore plus original à son époque.

Ces 4 ou 5 là me font inmanquablement frissonner !

[Dadid]

Williams toujours avec les 15 minutes de la scène finale d' ET : G.R.A.N.D.I.O.S.E.

Je corrobore. La perfection faite musique de film.

[Homer]

Williams toujours avec les 15 minutes de la scène finale d' ET : G.R.A.N.D.I.O.S.E.

Je corrobore. La perfection faite musique de film.

Et une des séquences les plus complexes à composer de sa carrière ! Pour quel résultat......

[Homer]

Sinon, je citerais encore et toujours les mêmes scènes :
- "Ice Dance" de Edward Scissorhands...ou la magie à l'état pur
- "Gift From The Sea" de Papillon...ou l'évasion (aussi bien par l'image que par le son) à l'état pur

2 scènes totalement muettes, où images et musiques ne font plus qu'un. Et dans les 2 cas, j'en ressors la gorge nouée...

[Lee Van Cleef]

Ce topic est un somptueux cadeau que les dieux, dans leur indicible mansuétude, ont consenti à m'accorder : grâce à cela, je vais pouvoir en remettre une bonne grosse couche sur les trois bouleversants derniers quarts d'heure du Vase de Sable de Yoshitaro Nomura, bercés par la musique céleste de Yasushi Akutagawa. Edern, DarkCat, Taboulez, Julien... indécrottables chenapans, vous n'avez donc toujours pas visionné cette merveille ? Mais je saurai bien vous y contraindre, même si c'est la dernière chose que je dois accomplir en ce bas monde !

[DarkCat]

vous n'avez donc toujours pas visionné cette merveille ? Mais je saurai bien vous y contraindre, même si c'est la dernière chose que je dois accomplir en ce bas monde !

Commence déjà par m'envoyer le DVD, si tu veux que je le vois.

[Walden]

c'est vrai que j'ai hésité à le mentionner car ça relève de l'évidence mais dans le genre fusion parfaite, les Herrmann / Hitchcock, Jarre / Lean, & co...

[Janus]

Vous avez été nombreux à contribuer à ce topic et il est donc temps que j'y plante ma graine.

Dans les symbioses parfaites "musique-image",je pourrais citer beaucoup plus que cinq exemples,comme chacun d'entre
vous,je pense. Mais,je ne peux m'empêcher de reciter DANTON de PROPROMIDES dont la symbiose parfaite entre musique et image se perpétue sur tout le film. Impressionnant. Ensuite,me vient une scène précise dans INDIGENES,lors d'une bataille dans un bois,sur laquelle se superpose un thème pour cordes signé AMAR,un thème très calme,en totale suspension.
Ca m'a beaucoup plu,le climat des cordes surtout,qui,dans l'esprit,tout au moins,m'a ramené bien des années en arrière,
à une scène de l'un des meilleurs films qui ait été fait sur le conflit franco-algerien; LA BATAILLE D'ALGER,et à un usage
très atypique des cordes par ENNIO MORRICONE sur le thème d'ALI dont la ligne mélodique appartient à PONTECORVO,le
réalisateur.(Seule intervention musicale de celui-ci,le reste de la BO étant entièrement composé par EM.) Ce thème d'ALI
m'a toujours impressionné dans son rôle à l'image,le sentiment de malaise qu'elle instaure,la beauté étrange qu'elle installe,autant par ces quelques notes inventées par le réalisateur que les cordes et le son très sophistiqué qui en émane et sacralise la scène en question.
Ayant eu la "chance" de voir,grâce à Arte,une rareté comme WOMAN IN THE DUNES de TESHIGAHARA,je pus apprécier
dans ce film qui m'avait un peu désorienté à l'époque,une scène d'amour sur le sable. L'apport de la musique De TORU
TAKEMITSU y fut essentielle et étonnante dans sa façon d'évoquer le sable,d'en restituer sa substance sonore,dans ses
frottements internes et avec la peau des corps dans l'étreinte suggérée.
Dans un registre bien plus mélodique,je citerais volontiers LE ROI ET L'OISEAU. L'univers animé de PAUL GRIMAULT et la musique de WOJCIECH KILAR y sont réunis pour une osmose totale et débordante de poésie.
Je ne me remettrai jamais complètement du Générique-début de BULLITT,sensiblement différent de celui du disque,de
l'élégance qu'il apporte au film,la classe qu'elle ajoute aux images...
Sinon,E.T.,effectivement. Quelle symbiose,quelle leçon d'emploi d'une musique dans un film! LEGEND de GOLDSMITH,
MISSION,LES INCOORUPTIBLES,les Westerns de LEONE,CASANOVA de NINO ROTA,etc....Le cinéma d'ELIO PETRI,SACCO
et VANZETTI avec la voix de JOHN BAEZ,BEN HUR de MIKLOS ROZSA...arrêtez-moi!!!

[Misquamacus]

LEGEND de GOLDSMITH

Dans la scène du début, on frise le "Mickey-Mousing" et c'est tout simplement fabuleux...
Sinon arrêtez-moi si je me trompe, mais j'ai lu quelque part que Spielberg avait remonté la scène finale de ET en fonction de la zique de Williams.

[Janus]

Dans la scène du début, on frise le "Mickey-Mousing" et c'est tout simplement fabuleux...

Tout-à-fait d'accord avec toi. LEGEND de JERRY GOLDSMITH est sans doute le score hollywoodien que j'emmènerais sur
une île déserte,si j'avais ce terrible choix à faire...avec MISSION d'ENNIO MORRICONE dans l'autre poche. Chut!!!

Sinon arrêtez-moi si je me trompe, mais j'ai lu quelque part que Spielberg avait remonté la scène finale de ET en fonction de la zique de Williams.

Cette scène finale d'E.T. est vraiment une leçon que nous ont réalisée là,SPIELBERG et WILLIAMS. Il est le fruit savoureux d'une collaboration exceptionnelle entre deux hommes de génie,comme le fut celle entre SERGIO LEONE et
ENNIO MORRICONE. C'est bizarre,mais c'est en rematant E.T que m'est venue l'idée de ce topic. Maintenant,pour répondre à
ta question,j'ai déjà eu vent de cela dans une émission de Vincent Perrot que j'ai raté en partie. Peut-être y a-t-il quelqu'un sur ce forum qui serait plus à-même d'y répondre.
Petite correction,pour finir: J'ai écrit JOHN BAEZ mais il s'agissait de JOAN BAEZ qui est toujours une femme jusqu'à preuve
du contraire.

[Misquamacus]

. Peut-être y a-t-il quelqu'un sur ce forum qui serait plus à-même d'y répondre.

J'ai retrouvé ! C'est dans le livret du CD "The Spielberg Williams-Collaboration".

[Julien]

Edern, DarkCat, Taboulez, Julien... indécrottables chenapans, vous n'avez donc toujours pas visionné cette merveille ?

Et ben non. Je sais qu'ils l'ont à la médiathèque. Faut juste que j'attendes qu'on le rende. A moins que ce soit toi qui l'ait emprunté à vie.

LA BATAILLE D'ALGER

Ah oui bien vu. Le rapport Musique/Image fonctionne admirablement dans ce film.

[Julien]

Concernant le registre classique, il me vient l'excellente utilisation de la Musique de Tchaïkovski, dirigé pour l'occasion par André Prévin dans le film de Ken Russell : "Music Lovers".

[Emissary]

Dans le même ordre d'idée, il m'étonnerait fort que l'on revoit avant longtemps des scènes comme celle-ci.