J'ai retrouvé ma petite prose écrite lors de mon retour du concert de Lyon en 2006 (que de choses se sont passées depuis)
Ben voilà, c’est fait, depuis le temps que ma tendre et douce m’avait offert ces 2 places pour aller Maurice Jarre, je ne cessais de compter les jours.
20h15 : entré dans l’auditorium
20h30 : un incident en tailleur vert se rue hors de la salle….
20h40 : les lumières se tamisent et les musiciens prennent place. Le silence se fait. Le noir se fait, la fanfare du TNP, un brin veillotte se fait entendre
20h45 : un petit bonhomme, svelte presque maigre, pantalon noir et veste crème entre en scène sous les applaudissements : c’est con mais j’étais tout excité à l’idée de le voir, un peu comme la veille des résultats d’un examen, allez savoir…
20h50 : le concert commence par l’ouverture de Grand Prix : le ton est donné : on va en avoir plein les oreilles : percussions omnies présentes, cuivres éclatants, bref le grand jeu. Suivent Witness, La route des Indes (respect !), Le cercle des poètes disparus et L’étau: presque déçu de voir que les BO des films de Peter Weir sont au programme, je les redécouvre et tombe très vite sous le charme de l’interprétation qui en est faite (il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !)
Au tour de Pancho Villa : en ¼ de seconde me voilà transporté en 4-5 notes et en trois coups de percussions, de la capitale des Gaules à la frontière hispano-américaine : j’adore ça !
Mad Max III (un peu long à mon goût) et puis SURTOUT La suite française composée pour l’occasion et incluant les thèmes de la tête contre les murs, des dragueurs et de Weekend à Zuydcoote), par contre un peu courte selon moi, mais méritant à elle seule une édition discographique(si jamais cela en était question) malgré des percussions –trop/très- présentes dans le premier thème du film de Franju.
Arrivent (enfin) les poids lourds : Jésus de Nazareth, Docteur Jivago, Paris Brûle-t-il ? et Lawrence d’Arabie et là on prend son pied ! Même si l’orchestre par moment prend le contrôle de la situation face à un maestro visiblement fatigué voire même épuisé, qui n’a de cesse de se passer les mains sur le visage et dans les cheveux. A ce moment, j’avais presque de la gêne de prendre du plaisir à écouter ces/ses grands thèmes alors que le chef, lui n’en prenait visiblement plus/pas. Toutefois, malgré la fatigue, la direction de Lawrence d’Arabie a sans aucun doute étais la plus tonique de la soirée, le compositeur allant même jusqu’à taper vigoureusement du pied emporté dans son élan !
Chaque morceau était ponctué d’anecdotes croustillantes et bienvenues (comment monter un piano au 14eme étage, sa préparation à l’écriture du score de Grand Prix, le cadeau d’Hitchcock, la composition du thème de Lara pour Jivago, les réalisateurs et leurs idées …, les fanfares pour une trompette….)
22h40 : fin et rappel : je bombarde le monsieur de photos, me disant que dans le lot, il y en aura bien une de valable (en vérité, 3 seulement sont vraiment valables ! ). Le rappel est une suite issue de Moon Over Parador , personnellement, j’aurai préféré The man who would be king , ou tout simplement Lawrence d’Arabie (encore et encore et encore et….)
23h : fin
Commence alors le plus dur : aller le voir et lui dire simplement un merci (et accessoirement lui faire signer 2/3 petites choses ? ), je m’adresse à un musicien qui s’attardait sur la scène alors que la salle se vidait : « Peut-être à l’Atrium, sans grande certitude ». C’est parti. L’auvergnat passe à l’attaque. Arrivé à l’atrium, je me glisse dans la file : je me fais poliment mais fermement refoulé : je n’avais pas fait d’UV comme la plupart des autorisés à entrer, n’était pas en costume/cravate, enfin bref « passe ton chemin ». Au travers des palissades, je jette un œil, reconnaît le rejeton du chef avec sa régulière du moment, mais pas de Maurice….
Pendant ce temps, même les musiciens sont refoulés !!!
« Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin ».
Là, miracle, un ami avec lequel je suis venu de Clermont et qui a beaucoup plus de culot que moi, arrête une personne sortant du carré VIP et lui demande son invitation, elle accepte, nous la glisse discrètement dans les mains et nous voilà entrant comme des princes dans l’Atrium. Je m’approche du chef, un peu penaud, lassant la moitié de la salle me passer devant. Là je découvre un vieux monsieur fatigué- à mille lieux de la photo de l’affiche du concert où il nous lance un regard sévère- que les gens prenaient par le bras pour le balader de part et d’autre de la salle pour se faire prendre en photo avec ou pour lui présenter (en lui beuglant dans les oreilles) untel qui est ou représentant ou musicien, et lui de se laisser faire sans broncher…..m’étonnerait qu’ils l’aurait eu ce genre d’attitude, 20 ans auparavant….
Et moi d’entendre du coin de l’oreille, 2 petites dames aux cheveux violets et au tailleur Chanel, se demander si c’étaient les vrais cheveux de Jean-Michel Jarre : des questions de VIP quoi !
Je m’approche enfin de lui, pour lui dire merci de cette fabuleuse soirée, je lui tends 2 pochettes qu’il me signe d’une façon quasiment méconnaissable pour qui à l’édition de Lawrence d’Arabie de chez Varèse au dos de laquelle y figure sa signature.
Il relève alors la tête, me scrute de son regard bleu acier et à lui de me dire « merci à vous ». Ben merde alors ! Lui m’a sans doute déjà oublié. Moi pas.
Merci Monsieur Maurice Jarre.