Walden a écrit :il est vrai que la réaction de Jérôme peut surprendre, car cette fusion musique /image au début d'ATONEMENT est un magnifique exemple. La beauté de la mise en scène dans ce film, sa virtuosité et sa capacité à absorber la puissance du discours musical, à permettre son épanchement...Là on est au cœur de ce que le cinéma peut produire de mieux comme esthétique romantique
Joe Wright est un digne héritier de David Lean, je suis sûr que Pierre Berthomieu serait d'accord
Je crois que Jérôme Leroy a voulu dénoncer dans l'emploi de la machine à écrire un cliché...une histoire d'écrivain/une machine à écrire...il y a vu un lien trop facile...c'est un peu dommage ce blocage intellectuel là-dessus car le cliché n'est sûrement pas à bannir dans la musique pour l'image. Au contraire,il peut être une véritable source d'inspiration.<<
Sam Lowry a écrit :n revanche, tout le sel de la chose réside dans les moments où Marianelli choisit d'utiliser la machine à écrire. A mon sens, il est ici le "coup de maitre."
>> Entièrement d'accord sur ce point. Cette idée que le cliché est systématiquement quelque chose à bannir,que la "musique de comédie" sur une comédie est forcément une erreur,que l'emploi de voix corses sur DON JUAN,c'est une faute de goût,on finira,avec tous ces principes restrictifs à la noix,par composer uniquement des musiques symphoniques aseptisées et interchangeables,ce qui est déjà le cas en grande partie. Que la machine à écrire ne soit pas un choix très original de MARIANELLI puisque KAMEN l'avait déjà employé sur BRAZIL
( et MORRICONE avant lui ),n'empêche pas qu'il put en faire un usage différent. On peut utiliser la flûte de trois façons
différentes et être original à chaque fois. Lorsque Le maître italien utilise une flûte dans IN THE LINE OF FIRE,cela n'a rien
d'original,seulement lorsque tout le monde y devine les sonorités d'une pan alors qu'il s'agit d'une classique,ce n'est déjà plus
tout-à-fait banal.
Pour moi,il n'existe pas de recette toute faite dans la manière d'aborder un film. Chaque film devrait être abordé comme une
aventure unique. Un film peut suggérer une musique "discrète" dans l'esprit défendu par Jérôme Leroy autant qu'un autre peut suggérer son contraire. Autant il peut exister des musiques en totale osmose avec l'image que le spectateur va apprécier dans leur réalité fonctionnelle sans en être forcément conscient,autant il y a celles qui vont transporter le même spectateur, accaparer son intention sur elles pour mieux transcender les scènes concernées,comme,par exemple,dans les westerns de SERGIO LEONE. On ne peut pas,me semble-t-il, avoir une idée figée dans la manière de composer pour l'image.
Dire qu'une bonne musique de film est une musique que l'on entend pas est aussi discutable que si,nous,béophiles,nous
nous obstinons à prétendre le contraire. Parce que je ne vois pas non plus pourquoi la musique devrait obligatoirement être
mise en avant dans un film qui ne le justifie pas nécessairement. Parfois,j'estime que sur un certain cinéma,la musique
écrase l'image alors qu'elle devrait se contenter de la respecter et même,dans certains cas,savoir s'effacer comme dans la
magnifique scène de poursuite de BULLITT.
Il y a cependant un point sur lequel je suis d'accord avec lui,c'est l'emploi souvent abusif de la musique dans les grosses
productions hollywoodiennes...cette peur du silence...cette musique partout même là où elle ne sert à rien. J'en avais été
très gêné dans HARRY POTTER et le KING KONG de JACKSON.