Ah, mais je tiens à te rassurer, camarade, l'écoute de Freud s'est déroulée sans heurt pour moi. Mais comme tu le soulignais déjà dans ton fort bel article, un certain effort est requis de la part de l'auditeur si ce dernier tient à goûter les multiples subtilités de l'écriture de maître Jerry. Cette musique ne s'écoute résolument pas comme on se prendrait de plein fouet un Total Recall instantanément jouissif !

Oui, d'ailleurs on se demande s'il s'agit du même compositeur. Il faut avouer qu'il n'y a aucune solution de continuité entre ces deux musiques et ces deux esthétiques. A moins de repasser mentalement par toutes les étapes intermédiaires...

Lee Van Cleef a écrit :

Hellboy a écrit :Le Dr. Abdallah interprète aujourd'hui le Freud de Jerry Goldsmith. Rendez-vous sur le divan !

Je viens tout juste d'écouter la chose, et force est de constater qu'il s'agit là d'une musique ne se laissant pas apprivoiser facilement. Mieux vaut donc ne pas être hermétique aux savantes constructions atonales et à un minimalisme souvent inquiétant pour apprécier à sa pleine valeur cet excellent Freud. En d'autres termes, Janus est à la noce et le chat du Cheshire s'enfuit ventre à terre !

Cher vieux Lee,je vois que tu as déjà cerné mes goûts musicaux quoique ils sont assez vastes,malgré tout. Pour Freud,
j'ai le souvenir d'une partition cérébrale hantée par,entre autres,le fantôme de Bartok...Quant au Chat du Cheshire,si il ne
survit pas à l'écoute d'une telle musique,il lui restera bien encore quelques vies pour s'en remettre. J'ai en tout
cas l'envie urgente de réécouter cette âpre partition de Goldsmith dans un divan. Moi qui m'éclate avec "Un coin tranquille à
la campagne" de Morricone,même servi au petit déjeuner,plus rien ne m'effraie dans le genre atonal et minimaliste.

Washington square de Jan A.P. Kaczmarek.

FREUD une partition difficile ? J'avoue être très surpris....mais il est vrai que j'ai eu le Tsunami il y a longtemps et que cette partition de Jerry a toujours été chère à mon cœur...j'ai toujours été profondément touché par sa beauté
l'influence de Bartok est on ne peut plus évidente, mais la plus importante est sûrement celle d'Alban Berg

Il est beau, il est dense, il est passionné : c'est le bilan 2009 de la rédaction d'UnderScores !

Cool ! Et content de voir The Escapist de Benjamen Wallfisch mentionné dans le Top de Sébastien Faelens, ça fait plaisir

et dans le mien ! à une meilleure place, même.

Mais notre ami Starfe l'a classé encore plus haut !
Et tu peux m'appeler Sébastien tout court lapin

Ah, suis cramé d'une minute

Aaah c'est toi ! En fait j'ai toujours du mal à faire le lien entre les têtes, les noms et les pseudos...
Du coup, on en avait parlé devant une bière de ce The Escapist.
Et désolé Starfe, j'avais dû sauter ta page parce que je n'avais pas vu ta sélection. Et j'y vois que tu es un des rares à avoir cité Ponyo, bravo aussi

Janus a écrit : Moi qui m'éclate avec "Un coin tranquille à la campagne" de Morricone,même servi au petit déjeuner,plus rien ne m'effraie dans le genre atonal et minimaliste.

Nom de Dieu ! Tu es réellement capable d'encaisser sans le moindre frémissement de sourcils un truc aussi dérangeant, qui ferait passer les sombres dissonnances qu'affectionne Chris Young pour le générique du Manège Enchanté ? J'avoue que je ne sais pas si je dois t'en féliciter ou, bien au contraire, m'inquiéter des méandres sans doute labyrinthiques et tortueux de ton esprit...

Le coffret Rozsa je le mettrais plutôt (sûrement) pour 2010. Après tout sa disponibilité ne date que de janvier.

Lee Van Cleef a écrit :

Janus a écrit : Moi qui m'éclate avec "Un coin tranquille à la campagne" de Morricone,même servi au petit déjeuner,plus rien ne m'effraie dans le genre atonal et minimaliste.

Nom de Dieu ! Tu es réellement capable d'encaisser sans le moindre frémissement de sourcils un truc aussi dérangeant, qui ferait passer les sombres dissonnances qu'affectionne Chris Young pour le générique du Manège Enchanté ? J'avoue que je ne sais pas si je dois t'en féliciter ou, bien au contraire, m'inquiéter des méandres sans doute labyrinthiques et tortueux de ton esprit...

Pour moi,cette musique ne m'a pas été plus difficile d'accès que sa musique de chambre lors de la première écoute. Ce fut un plaisir spontané...et pour tout dire,j'ai aimé de la musique sérielle sans savoir que ça en était ni ce que c'était d'un point de vue théorique et technique,en tout cas chez Morricone et Takemitsu! Je ne suis ni félicitable ni inquiétant parce que c'est
avant tout une sensibilité qui,sans que je le veuille,fut propice à cette esthétique-là... A savoir que certaines oeuvres sérielles de Pierre Boulez comme "Explosante fixe" et "Le marteau sans maître",me plaisent beaucoup. N'y voir aucune pédanterie ni snobisme pas plus qu'un esprit totueux et masochiste! J'aime tout autant "René la canne" et "Ruba al prossimo tuo" (du même Morricone) qui sont tout le contraire d' "Un coin tranquille à la campagne" et de ses oeuvres de concert dont je raffole aussi. Si j'ai développé un goût pour la musique contemporaine d'après Bartok,envers des compositeurs comme Henze,Norgard,Kagel,Donatoni,Petrassi,Goeyvaerts et bien d'autres,c'est grâce à ce que j'ai entendu et aimé de Morricone.

En musique,l'austérité et la cérébralité ne m'ont jamais rebuté à partir du moment où la poétique n'y est pas négligée et j'en
ressens beaucoup dans l'une des meilleures musiques écrites pour un film d'Elio Petri. Bien sûr,c'est une musique qui évolue
davantage dans le réflectif que dans le mouvement,l'épuré,voire l'éthéré,une composition hors des conventions. Pour le mouvement,il faudra attendre la suite endiablée de 34'39 qui contraste dur avec la première partie bien plus statique.
Au fond,elle est déjà moins statique et austère que "La femme des sables" de Toru Takemitsu! Musique que j'ai
également aimée d'emblée... Alors,esprit tortueux? pas plus que ceux qui écoutent de la bossa nova (j'en écoute aussi) puisque je recherche COMME EUX,la même chose,c'est-à-dire,l'émotion et que je la rencontre aussi dans certaines de ces musiques atonales et austères alors que,personnellement,je la rencontre difficilement dans le rock et la variété Qu'y puis-je?

Lee Van Cleef a écrit :

Janus a écrit : Moi qui m'éclate avec "Un coin tranquille à la campagne" de Morricone,même servi au petit déjeuner,plus rien ne m'effraie dans le genre atonal et minimaliste.

Nom de Dieu ! Tu es réellement capable d'encaisser sans le moindre frémissement de sourcils un truc aussi dérangeant, qui ferait passer les sombres dissonnances qu'affectionne Chris Young pour le générique du Manège Enchanté ? J'avoue que je ne sais pas si je dois t'en féliciter ou, bien au contraire, m'inquiéter des méandres sans doute labyrinthiques et tortueux de ton esprit...

je partage l'état d'esprit de l'ami Janus, mes émotions (post) adolescentes avec Jerry c'est FREUD, ALIEN, THE FINAL CONFLICT...et Chris YOUNG, je l'ai découvert avec THE FLY II...il y a des chances que ces œuvres sublimes aient facilité l'écoute de Boulez, Ligeti, Lutoslawsky, Penderecki (avec ALIENS de Horner...) & co...La formule 1 de la Musique...les béo peuvent être le passeport idéal pour la Quatrième dimension de la Musique...

Walden a écrit :La formule 1 de la Musique...les béo peuvent être le passeport idéal pour la Quatrième dimension de la Musique...

Comme je suis d'accord avec tout ça !
Je dois dire qu'il fut de même en ce qui me concerne: c'est à la suite de partitions comme CE3K, Mission to Mars ou encore Alien que je me suis immergé dans l'univers de la musique classique... et ce genre de BO m'y avaient tellement bien préparé, que je me suis senti comme un poisson dans l'eau lorsqu'il fut question de plonger dans Stravinsky, Debussy, Messiaen, Szymanowski & co... De même que des BO comme Planet of the Apes, Leonor, Freud, Images, Altered States ou d'autres m'avaient paré de tout le matériel nécessaire pour aborder Varèse, Boulez, Xenakis, Webern et toute la musique contemporaine avec la plus grande décontraction .
D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la plupart des béophiles qui s'intéressent à la musique classique ont pour intervalle historique de prédilection les 150 dernières années... C'est là qu'on retrouve, en grande partie, les langages et autres éléments si chers à notre intérêt pour la musique de film.

Alors pourquoi j'aime pas trop le classique, moi ? Etrange...

Très chouette bilan 2009 de la rédaction, 90% pas d'accord avec toute la liste, j'adore cette différence de point d'écoute, sinon, ça manque un peu de partitions venant du Japon, l'énorme "Goemon" ou de Corée, le jazzy/bossa nova "Private Eye" ou le jazzy/electro "Triangle" par exemple.

Taboulez a écrit :intervalle historique de prédilection les 150 dernières années...

seulement grâce aux musiques enregistrées ou partitions bien conservées, parce que l'homme de cro-magnon, en plus, d'être un peintre (ou tageur) de génie, aurait pu faire l'effort de graver au silex ces plus belles compositions de musique de peintures avec des instruments confectionnés à partir de mammouth, la flute en os de tibia, la harpe ou les percussions avec les côtes, la trompette avec la trompe, et avec le reste des os, un xylophone, un joli tambour avec la peau et la cornemuse avec le foie

Comme le gars du film québécois "La grande séduction" avec sa réplique hilarante "je hais le jazz", je dirais pour ma part "je hais le classique", à part quelques pièces bien jolies et enjouées, il faut bien le reconnaître entendues dans les films !

Moi je voudrais bien ajouter un autre classement: le top des meilleures vannes, avec en tête celles de Hellboy et Wyatt à propos de The International !

Krull a écrit :Moi je voudrais bien ajouter un autre classement: le top des meilleures vannes, avec en tête celles de Hellboy et Wyatt à propos de The International !

Pas pu m'en empêcher...

Wyatt Earp a écrit :Alors pourquoi j'aime pas trop le classique, moi ? Etrange...

En es-tu si sûr? Tout comme moi qui prétends ne pas aimer trop le Rock,comment en être sûr? Qu'il s'agisse du classique
d'hier à aujourd'hui ou de l'univers pop-rock,il s'agit de champs tellement vastes,tellement fastidieux,comment être sûr qu'il
n'y ait pas un idéal qui nous attend,ci et là? Peut-être que nous ne sommes,l'un comme l'autre,pas tombés sur l'oeuvre qui créa le déclic?. A force de se dire que l'on aime pas on finit par s'en convaincre alors que nos préjugés sont souvent fondés sur pas grand-chose. Après,il y a la sensibilité propre à chacun qui rentre en jeu et il se peut que nos aversions soient complètement
irréversibles. Faut-il aussi laisser le temps au temps et ne pas toujours donner raison à nos préjugés,nos à-priori.

The third Miracle de Jan A.P. Kaczmarek.

Wyatt Earp a écrit :Alors pourquoi j'aime pas trop le classique, moi ? Etrange...

Si tu écoutes des BO symphoniques, en fait tu aimes déjà le classique !

Stephane a écrit :Oui, d'ailleurs on se demande s'il s'agit du même compositeur. Il faut avouer qu'il n'y a aucune solution de continuité entre ces deux musiques et ces deux esthétiques. A moins de repasser mentalement par toutes les étapes intermédiaires...

Je pense que cela est évoqué dans le livret, mais le choix du compositeur est beaucoup plus l'expression de son intelligence dramatique que le premier jalon d'une évolution esthétique.

C'est un véritable trait de génie que d'avoir associé musicalement ce bouleversement qu'a constitué l'irruption de la psychanalyse dans la société viennoise avec cet autre bouleversement que fut l'émergence de l'école de Vienne dans le même environnement au siècle suivant.

Hellboy a écrit :A l'occasion de la sortie du coffret consacré par FSM à Miklos Rozsa, voici un excellent portrait du compositeur par l'inestimable Stéphane.

Un portrait qui vaut à son auteur et à ses hôtes d'être accueillis dans le cercle érudit de la Miklos Rozsa Society.

Décidément, après la prestigieuse citation du démon rubicond dans les pages du livret de Wind/A Whale for the Killing, les gens d'UnderScores se hissent chaque jour un peu plus au firmament de la gloire ! Qui sait, le vieux Van Cleef et son katana sont peut-être appelés à faire très prochainement la une du magazine Karaté Bushido.

Bear Mc Creary nous parle de Battlestar Galactica et de Caprica : Battlestar Musica !. Pour les anglophones, l'interview est également disponible en anglais.