Fancini a écrit :

BigJ. a écrit :

Fancini a écrit : Ennio Morricone - Il Bandito Dagli Occhi Azzurri

C'est vraiment bien? Il en a fait d'autres?

un de mes Morricone préférés: pour ses 2/3 tiers, la bo est du trio jazz impeccable. A ma connaissance, cette série de morceaux est la seule contribution strictement jazz de EM dans sa discographie: lorsqu'il utilise des motifs jazz en général, c'est toujours dans un contexte soit d'avant-garde (Gli Occhi Freddi Della Paura), soit lounge ou autre, en tous cas toujours matiné d'autre chose.
Parmi les plages non jazz de cette bo, il faut mentionner le morceau Esecuzione Radiofonica, qui préfigure un peu le hip-hop 90's à la IAM ou Wu-Tang-Clan dans sa manière de mêler "beats" et motifs classique.

Cette bo est au TOP de ma wishlist de rééditions CAM. J'y crois encore

Pour moi, la meilleure "inspiration jazz" d'Ennio Morricone se situe dans le magnifique thème de HAREM interprété par Gato Barbieri, mais plus encore dans le long thème très structuré et en avance sur son temps d' UN HOMME A RESPECTER. Bien sûr, c'est un jazz hyper "morriconisé" et beaucoup moins dans l'exercice de style que le certes très très sympathique et efficace IL BANDITO DAGLI OCCHI AZZURRI, interprété notamment par Riccardo del Fra qui, plus tard, composera lui-même de la musique de film de qualité pour le cinéma de Lucas Belvaux; (Pour rire, Un Couple épatant, Cavale, Après la Vie) et Enrico Pieranunzi qui, par la suite, rendra en deux disques un très bel hommage à Morricone.

Une incursion marquante du jazz dans le domaine du cinéma? Je pourrais volontiers en citer plusieurs et certaines d'entre elles ont d'ailleurs été mentionnées un peu plus haut. Une me tient à coeur même si elle est plutôt passée inaperçue lors de sa parution autour de 1990. Je pense à la partition qu'écrivit le compositeur argentin Gustavo Beytelmann pour un film de Eduardo de Gregorio; CORPS PERDUS avec Laura Morante et Tchéky Karyo. Certes, la partition ne révèle pas un jazz pur de la première note à la dernière, il se dissout sous les rythmes d'un tango argentin mélancolique, puis sous les traits d'une musique de chambre romantiquement sombre ou sombrement romantique - c'est selon... - façon "quatuor à cordes" ou trio avec piano. Mais, histoire de revenir à des moments plus typiquement jazz, je m'émerveille de la "Petite suite" qui ouvre le cd avec cette mélodie lancinante et rendue irrésistible par la clarinette basse, puis de ce "Tango y Ademas" qui s'emmêle les pas dans un swing plus ou moins cérébral...Et comme il n'est jamais très convenable de parler musique sans évoquer ceux qui l'interprètent, ceux qui, amoureux et zélés, y greffent deux poumons et un coeur, de façon à faire une musique qui respire et palpite:

__Bertrand Augier; clarinette basse - saxophone soprano
__Gustavo Beytelmann; piano
__Constantin Bogtanas; violon
__Patrice Caratini; contrebasse
__Marc Ducret; guitare électrique
__Dorel Fodoreanu; violoncelle
__Enzo Giecco; flûtes
__Alain Huteau; Percussions
__Dan Iarca; Alto
__Juan José Mosalini; bandonéon
__Umberto Pagnini; batterie
__Dorin Zsygeti; violon

Je conseille, à ceux qui ne connaissent pas, la musique de l'anime Najica, qui est du pur jazz jouissif

Le jazz aussi rend hommage aux musiques de films. J'aime particulièrement l'album de Bill Evans "Theme from the VIP's" and other great songs. Ce disque est une occasion supplémentaire d'apprécier l'immense palette du pianiste où l'on peut l'écouter reprendre du Bernstein, du Rozsa, du Raksin et beaucoup d'autres.
Dans la même veine, Dizzy Gillepsie a lui aussi fait un très bon disque, "Dizzy goes to Hollywood" avec des reprises des thèmes de Mancini, Duning, Jarre, North et Gold.
Voilà une belle manière de rendre la monnaie.

Denshaotoko a écrit :la musique de l'anime Najica, qui est du pur jazz jouissif

Je ne peux qu’acquiescer, cher Den.
Et j'en profite pour rajouter Metropolis de Toshiyuki Honda, qui est juste sublime.

Sgt Rigby a écrit :Le jazz aussi rend hommage aux musiques de films

Aux titres que tu as cités, je rajouterai aussi Dave Brubeck et son Dave digs Disney (voir topic voisin) ou encore Duke Ellington plays Walt Disney's Mary Poppins, dont voici trois extraits : Supercalifragilisticexpialidocius, A Spoonful of Sugar et Chim Chim Cheree.

Pour ma part, entre le cinéma et le jazz, c'est une vraie histoire d'amour.

Beaucoup de belles choses ont été citées ici... Il serait pourtant injuste de ne pas citer ce bon vieux John Towner Williams, pas tant pour sa période jazzy plus ou moins mièleuse que pour pour les petits bijoux que sont Cantina Band, le Knight busde HP3 et le générique de The terminal.

Je viens d'acheter, un peu par hasard, une très bonne BOF fortement orientée jazz. La musique de "Una Storia Milanese" (aka "A Milanese Story") a été composée par John Lewis, un des fondateurs du fameux Modern Jazz Quartet.

Le CD a déjà pas mal tourné, et je ne m'en lasse pas. Pour les extraits, c'est ici !

Et en plus, l'éditeur a eu la riche idée de compléter le CD avec un album de jazz, "Animal Dance", du même John Lewis. Que du bonheur !!

Une excellente BOF et un excellent CD de jazz.

dernière claque en date: Bill Conti "Mademoiselle De Sade", une obscurité de 68 rééditée par Beat Records. pour qui s'attendrait à du lounge groovy comme l'époque, le titre et l'éditeur le laisserait penser, attention! c'est du jazz et du bon !
un véritable ovni

http://www.beatrecords.it/shop.asp?idprodotto=BCM9508

Janus a écrit : Pour moi, la meilleure "inspiration jazz" d'Ennio Morricone se situe dans le magnifique thème de HAREM interprété par Gato Barbieri,

ça fait des lunes que j'attends la réédition de L'Harem, je n'y crois plus

si on parle de Barbieri, il faut aussi noter le Una Bella Grinta de Piero Umiliani (rééédité en cd par Cinedelic): 1 face Umiliani, relativement classique dans le genre, et une face où les thèmes sont revisités par Barbieri: indispensable

Doublon.

Dadid a écrit :John Towner Williams

Je ne crois pas en avoir parlé, mais voici un très bon album de jazz sobrement intitulé "Glenn Miller in Hollywood".

L'éditeur a eu la riche idée de réunir deux scores interprétés par le Glenn Miller Orchestra : "Sun Valley Serenade" (1941) et "Orchestra Wives" (1942). On y trouve des standards comme "In the Mood", "Chattanooga Choo-Choo" ou encore "Moonlight Serenade" et "American Patrol".
L'ensemble, dont la plupart des morceaux sont dus au compositeur Harry Warren. sonne évidemment très Glenn Miller, celui-ci ayant insufflé son "son" (sans Dalila) si reconnaissable.

"Sun Valley Serenade" : Chattanooga Choo Choo et In the Mood

"Orchestra Wives" : Bugle Call Rag et I've Got A Gal In Kalamazoo

Harry Warren, soit dit en passant, génie absolu de la mélodie: dans les années 30, des floppées de perles pour la Warner (et notamment les comédies musicales de Bubsy Berkeley), en particulier un cycle de chanson en mode mineur parmi les plus grandes jamais composées à mon humble opinion
puis dans les années 40 mode swing donc (comme vu ci-dessus) et aussi des chefs d'oeuvre de lyrisme comme The More I See You, There Will Never be Another You, I Wish I Knew, et le toujours dans le vent At Last (grace à la version Etta James)

fin de la parenthèse

le plus grand songwriter distinctement Hollywoodien des années 30 40 et 50.

Quelle passion, Fancini !!
Et pour ceux qui voudraient faire mieux connaissance musicalement avec Harry Warren, je les renvoie vers la sublime collection TCM-Rhino (ou la réédition Sony). Intrada a aussi sorti "The Belle of New York" en version longue.

Qui connait Harper de Johnny Mandel ? entre jazz bebop et mainstream.

BarryTheBest a écrit :Qui connait Harper de Johnny Mandel ? entre jazz bebop et mainstream.

tu l'as bien vendu. Mandel est criminellement sous-représenté chez nos labels préférés

Concernant Piero Piccioni qui était un grand amoureux de jazz, j'aime plus particulièrement le traitement qu'il en fit sur le film de Pier Paolo Pasolini, Una Vita Violenta. Le thème principal révèle un jazz percussif et cuivreux, très grave et dynamique, s'articulant autour d'un motif mélodique répété de façon obsessionnelle. Il s'agit un peu d'un "jazz à l'Américaine" qui peut éventuellement faire penser à celui d'Alex North pour Un tramway nommé désir, compositeur auquel Piccioni vouait une certaine estime. Outre ce générique d'une belle gravité, on y trouve aussi un jazz plus mélancolique et même romantique, une valse de forme classique mais si délicatement orchestrée que l'on n'y résiste pas, une sérénade, un cha cha cha, un twist dominé par un clavecin aux accents baroques, une valse de rue entre piano et clavecin, une calypso (danse de carnaval à deux temps issue des Antilles), là aussi très bien instrumentée, une chanson sans parole pour orchestre, tendre et raffinée, avec un orgue délicieux se contentant d'accords flous, avant de retrouver le caractère fougueux et expressif du générique, c'est-à-dire un jazz poignant et magnifique comme conclusion, en parfaite concordance avec son titre una Vita Violenta.

J'aime beaucoup, moi aussi, l'élégance racée avec laquelle Piccioni a toujours su musarder dans les multiples arcanes du jazz. La Vita Violenta en est un exemple parmi bien d'autres, tantôt âpre et violent, tantôt d'une irrésistible langueur, comme le camarade Janus l'a exprimé avec la loquacité chaleureuse que nous lui connaissons.

Ce soir sur l'excellente radio 100% Jazz, TSF JAZZ, une émission spéciale Jazz et Cinéma !

A partir de 20 heures : http://www.tsfjazz.com/programme-detail ... 1&idd=7183