Walden a écrit :et de surcroît peu de compositeurs de musique "sérieuse" ont prouvé qu'ils pouvaient être des mélodistes de génie
C'est vrai et,en même temps,un certain nombre de compositeurs oeuvrant régulièrement pour le cinéma ne sont pas des mélodistes de génie non plus. Ce qui est pour moi gênant dans ces propos,au fond,c'est que l'on essaie de faire de la musique de concert et de la musique de film,deux mondes incompatibles,que ceux qui écrivent de la musique intellectuelle
et austère ne peuvent rien faire de bien pour le cinéma et que ceux qui se sont faits un nom au cinéma sont forcément de
piètres compositeurs lorsqu'ils s'essayent à l'art lyrique ou à la musique de chambre. Ben voyons! Je n'y vois,pour ma part,que
deux SNOBISMES identiques qui s'affrontent et c'est franchement dommage.
MACHE n'a pas du tout écrit une musique épouvantable pour le film de CUNY. On peut en détester l'esthétique mais elle est intéressante dans sa relation à l'image. Cela-dit,ça ne fait pas de MACHE un compositeur de film,ni un compositeur meilleur que JANSEN. Il demontre juste une expérience intéressante pour un film qui,il est vrai,favorisait une approche assez spéciale. Je suis en revanche beaucoup plus sévère sur le travail de PIERRE CHARVET pour VERCINGETORIX. Je suis absolument sûr que CORIGLIANO et GOLDENTHAL ont la capacité de musicaliser de la meilleure façon des films très différents. Après,il y a l'ambition ou pas,la volonté ou pas,l'envie ou pas de composer davantage pour le cinéma. Je pense que CORIGLIANO est un compositeur qui a dit plus souvent non au cinéma que oui. Lorsqu'un compositeur compose régulièrement pour le cinéma,il est parfois (ou souvent) amené à faire des concessions importantes qu'il ne ferait pas pour le concert,bien sûr. Des compositeurs italiens n'écrivant pas pour l'image et "amis" d' ENNIO MORRICONE ont reproché à ce dernier d'être parfois trop mélodique pour le cinéma. C'est un état d'esprit,une mentalité idéologiquement étroite qui les bloquerait complètement sur un film comme CINEMA PARADISO! Le critique Cormuzio lui avait reproché son
travail très mélodique sur MARCO POLO.
Mon cher Walden,ce que tu dis à ta façon,c'est ce que j'ai écrit à la mienne,c'est ce que j'ai essayé d'expliquer dans mon
commentaire précédent. Si SCHNITTKE s'est incontestablement illustré dans les deux domaines,si j'estime que HEINER
GOEBBELS s'est imposé au concert comme un musicien inventif et atypique,je ne sais pas du tout si il le serait autant dans
une relation étroite avec l'image. Maintenant,le condamner à l'avance,serait très malhonnête aussi. C'est dans l'effectif que
l'on juge un compositeur et non en fonction d'éventuels échecs de ceux qui s'y sont essayés. OSVALDO GOLIJOV et TAN DUN
sont des compositeurs contemporains qui se débrouillent très bien avec le cinéma. HERO et TETRO sont des B.O. d'excellente qualité et la plupart des compositeurs qui ont fait de la musique de film un art magnifique proviennent du
domaine contemporain; BERNARD HERRMANN,ENNIO MORRICONE,ANTOINE DUHAMEL,PIERRE JANSEN,FRANCO PIERSANTI,
CARLO CRIVELLI,GEORGES DELERUE,WOJCIECH KILAR,JERRY GOLDSMITH,LALO SCHIFRIN,PHIL GLASS,MICHAEL NYMAN,
TORU TAKEMITSU,TON THÂT tiet,BERNARDO BONEZZI,ALBERTO IGLESIAS,BRUNO COULAIS...
Donc,oui,dans le milieu de la musique contemporaine,il y a sûrement,sans aucun doute possible,des talents potentiels pour
le cinéma,que ce soit de façon occasionnelle ou plus régulière...David CHARVET n'est pas représentatif de tous les compositeurs qui écrivent pour le concert. Quand à dire que la musique contemporaine est sytématiquement austère, complexe,anti-mélodique,anti-tout-ce-que-tu-veux,n'empêche pas qu'elle produit malgré tout des oeuvres superbes et
fascinantes à travers le monde. Il ne faut pas non plus la réduire au BOULEZ le plus radical. Savoir écouter,c'est tout.
PS: EGISTO MACCHI est un compositeur expérimental qui a eu une approche très intéressante pour le cinéma. Mr KLEIN,
L'ASSASSINAT DE TROSTKY,L'AFFAIRE MATEOTTI sont des réussites du genre. Alors c'est davantage un cinéma qui se prête
à son style dans ces cas précis que l'inverse,toujours est-il que son apport a enrichi le cinéma italien d'une approche atypique
et inventive. Le Septième Art a besoin de ces compositeurs occasionnels (pas forcément issus du "contemporain" mais aussi
du jazz et du rock) qui peuvent avoir un certain recul que ceux qui en font leur métier,y sont baignés depuis un certain temps n'ont plus forcément et rentrent à un moment ou un autre dans une mécanique (routine) compositionnelle.