Je viens de découvrir
Hugo de
Howard Shore, et comme je le fais à chaque fois que je vais découvrir une musique - qu'importe le compositeur - je ne cherche pas à prévoir le genre de musique que ça va être ni analyser ce que j'écoute. Je savais qu'il y avait un accordéon musette mais ce fut mon unique indice. La seule chose que je me demande c'est est-ce que le compositeur va, par un judicieux agencement des notes, m'emporter dans son monde, son univers, ou va-t-il, au contraire, me laisser au bord du chemin, va-t-il me faire fondre ou me laisser de glace. Et bien dès les premières mesures, je fus transporté dans un Paris magique et enfantin, à la fois nocturne et lumineux. Les deux premiers adjectifs qui me sont venus à l'esprit pendant l'écoute ont été ceux-là: nocturne et lumineux. Quand j'ai placé mon cd dans mon lecteur, il s'afficha une durée totale de plus de soixante minutes. Je me suis dit que ça risquait d'être long. Il faut croire que la musique m'a tellement captivé qu'elle a aboli par la même occasion toute notion de temps. Je n'étais plus cet enfant accroché à la grande aiguille de l'horloge, plutôt l'enfant en proie à un rêve musical trop vite terminé. Comme quoi, lorsque l'on aime on n'en a jamais assez!

Ce que j'ai aimé? L'atmosphère de cette musique tout simplement, la merveilleuse écriture, les orchestrations soignées qui n'hésitent pas à mettre en valeur l'instrument, que ce soit l'accordéon musette, le piano ou la guitare. Ceci-dit, le cliché si intelligemment exploité ne se limite pas à l'emploi de l'accordéon musette, mais aussi, par exemple, dans la citation furtive d'une chanson célèbre d'Edith Piaf, (je crois?) mais dont le titre m'échappe au moment où j'écris ces lignes. J'ai noté aussi une intervention succincte des ondes Martenot à deux reprises, la première en appui de l'accordéon...Il y a un morceau qui m'a beaucoup plu, je ne sais plus exactement quelle plage, assez nerveux et tournoyant. L'accordéon s'affole à ce moment-là et le piano s'y exprime dans une tonalité particulière, on croirait un piano désaccordé à moins qu'il s'agisse d'un piano préparé...la dernière partie de ce morceau, adorable en soi, semble évoquer une Gymnopédie de Satie par la cadence du piano et sans n'être pour autant qu'une simple citation. Autre point qui mérite pour moi d'être hautement souligné, c'est un emploi subtil et efficace des cuivres, jamais écrasants ni lourdingues, La chanson est plus que correcte et Zaz, un bon choix. A peine fini, que j'ai déjà envie de réécouter la chose que je classe déjà tout en haut de mon classement 2011. Cette partition onirique de Shore m'a émerveillé. Il s'en dégage, derrière certaines touches d'un mystère parfaitement calculé, une belle luminosité, ainsi qu'une grande humanité dans les gestes mélodiques des instruments solos. Je veux dire que cette musique a un coeur - je l'entends battre - des poumons - je l'entends respirer - elle a surtout une âme - qui me demande déjà de la réécouter.
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