
Distribué en 1985, Ordeal by Innocence est une terne adaptation d'un roman d'Agatha Cristie (paru en 1958), dans laquelle des acteurs au prestige vacillant s'évertuent tant bien que mal à donner le change.


L'unique originalité dont peut se prévaloir le film se résume à la présence au générique du pianiste de jazz Dave Brubeck.




Les raisons qui ont présidé à son engagement restent aujourd'hui encore une énigme que l'on serait bienheureux de voir Hercule Poirot soi-même résoudre. Néanmoins, il est avéré qu'en premier lieu Pino Donaggio fut sollicité, avant que d'être éconduit une fois sa tache accomplie. Il reste de cette déconvenue, un témoignage discographique.

On devine que dans l'esprit des producteurs l'enrôlement d'un nom aussi prestigieux que celui de Dave Brubeck était censé assurer au film une notoriété instantanée que sa seule qualité n'aurait guère su lui garantir.
Pourtant, à l'évidence l'univers du créateur de Take Five est à cent lieux de l'atmosphère surannée et des ambiances – faussement – compassées dans lesquelles Agatha Christie trempait sa plume.
Il faut convenir que le résultat n'infirme en rien les appréhensions que suscitait sur le papier ce mariage contre-nature. Rarement sans doute, a-t-on été témoin d'une telle disharmonie entre les images et la musique.
Engagé pour son nom, Dave Brubeck reste fidèle à lui-même et déroule sa musique sans se soucier le moins du monde des impératifs de la narration. On ne saurait même lui reconnaître une velléité de contrepoint; à vrai dire, c'est un sentiment d'indifférence qui prédomine. La bande originale semble ignorer les images, et se pose simplement comme un jalon supplémentaire dans le catalogue fourni des œuvres du musicien – il n'en existe aucun enregistrement. On a même pu reprocher à Dave Brubeck de se contenter de paresseusement réaménager certaines pièces de son répertoire pour la circonstance.
Il résulte de cette dichotomie que la musique n'est d'aucun secours au film et qu'elle le laisse livré à lui-même face au spectateur. Une situation inconfortable dont une œuvre de qualité aurait pu se tirer avec les honneurs, mais qui relève ici de la condamnation sans appel.
Témoin indésirable sert de bouche-trou occasionnel sur les grilles du câble, j'invite donc à guetter son éventuelle diffusion afin de juger de l'étrangeté rare du résultat.
En revanche, je n'ai pu trouver aucune illustration à vous soumettre. Le film semble complétement oublié sur les sites de partage, en dépit de sa disponibilité sur support dvd.
