Stephane a écrit :Les béophiles ont tendance à réserver le terme de "suite" un enchaînement continu de morceaux, impliquant la réécriture éventuelle de passages de transision entre différentes séquences tirées de la BO. Mais une suite ce n'est ça à proprement parler, au contraire. Une suite d'orchestre, c'est au départ une succession de pièces musicales séparées tirées d'un opéra, d'un ballet...ou d'une musique de film. Le terme remonte aux suites instrumentales du XVIIIème siècle, qui sont toujours des pièces isolées, contrastées et souvent assez courtes.
Et oui, une suite symphonique c'est en fait exactement ce que Williams a su construire avec Star Wars, une série de pièces extraites d'une oeuvre plus vaste, chacune ayant un caractère propre mais formant un tout.
Pour ce qui est des arrangements sous forme de "suite de concert" (que ce soit en plusieurs morceaux ou ramassé en un seul - parfois très artificiellement, le syndrome du "pot-pourri"), je suis souvent déçu. Comme signalé plus haut, ces suites sont souvent simplistes, trop courtes, lissées, etc. pour le grand public. Je soupçonne d'ailleurs qu'elles font régulièrement du tort à la musique de film, donnant de celle-ci une vision déformée au près du public classique, en la résumant à des mélodies là ou il faudrait au contraire mettre en avant les ruptures de ton, d'écriture, la richesse de certaines orchestrations ou instrumentations, avec les difficultés que l'on imagine. La suite de "rencontres du 3ème type" par exemple (la première, pas celle de l'édition spéciale enregistrée pas le Boston Pops) n'est pas mal du tout, mais trop courte... je l'ai recemment entendue dirigée par Petitgirard, et à un passage près qui s'enlisait un peu à cause d'une mise en place floue ("barnstorming" je crois), c'était vraiment bien. Mais il serait possible de faire un assemblage de, mettons,30 mn de cette partition, pour en dégager toutes ses qualités, et ce serait parfaitement jouable au concert ! En reprenant, par exemble, une partie de l'assemblage du LP d'origine, avec le thème chanté par les choeurs au début. Et, pourquoi pas, "la conversation/wild signals", si c'est jouable en direct en duo tuba et hautbois, amplifiés si nécessaire : gare aux solistes !
Les suites de concert, il en existe cependant de parfaites, comme celles de Psycho (souvent jouée) ou de fahrenheit 451 (beaucoup moins jouée hélas, elle est pourtant à la fois très belle, accessible et originale, et enchanterait le public des salles de concert - mais le film est peu connu, et on en revient au problème de base : la musique de film en concert est le plus souvent choisie en fonction du film et pas en tant que musique !)