Bon, ça repart sur Alice.... J'y vais alors.
Je ne suis pas bien sûr qu'Alice soit un chef-d'oeuvre

par contre selon le contexte dans lequel on le regarde il est plus ou moins interessant. L'adolescent(e) qui n'était pas né(e) quand j'ai vu Edward au cinéma ne regarde pas le film avec les même lunettes que moi.
Par exemple, cette fin qui fait bondir pas mal de gens- déjà elle a le mérite d'être pour le moins inattendue- il n'est pas interdit d'y voir une forme d'auto-portrait extrèmement sincère de Burton. Qui comme Alice est à la tête d'une entreprise générant des millions de profit, en quête de nouveau marchés (la chine ?) en utilisant de nouvelles méthodes (la 3D ?...), et reposant sur l'exploitation rationnelle de son imaginaire.
Mais même au premier degré, cette "morale" n'est pas si choquante. Elle est rassurante pour les enfants, qui voit l'héroïne trouver, finalement, une place pile poil à sa taille- autre problématique (visuelle aussi) du film. Là encore, c'est une belle lucidité de la part de Burton, aujourd'hui complètement intégré à hollywood- mais en-a-t-il jamais été autrement.
Ensuite, si est effectivement très loin de Lewis Caroll- idée absurde, dès le départ de vieillir Alice. Mais le film a, me semble-t-il, un véritable sous-texte, qui est l'histoire d'une jeune fille devenant un jeune homme, au prix d'épreuves très traditionnelles- faire un choix courageux, affronter une épreuve physique, tuer le dragon. L'épilogue du mariage est à ce titre limpide: Alice refuse de se marier avec le fils pour devenir l'associée du père, position typiquement masculine s'il en est, et qui, de plus, était celle de son père à elle.
Je continue de beaucoup aimer la manière dont Burton filme les femmes, les figures masculines, la manière dont il dévirilise les hommes pour rendre les femmes puissantes. Ce n'est pas si courant dans le contexte Hollywoodien du film pour enfants- ce qu'est je crois cette Alice. Voir les figures féminines de Dragons pour le contre exemple.
Je l'avoue, je trouve le personnage de la Reine Rouge fascinant, séduisant, touchant. J'aime la relation avec le valet, et ce qu'en montre Burton. On sent que son amour va à la Reine Rouge (et pour cause : c'est sa femme !) et qu'il a un gentil mépris pour la reine blanche.
D'une certaine manière Burton ne trahit pas la tradition dans laquelle il a séduit au départ, celle des films universal, de ce regard compatissant sur les monstres , comme dans la belle scène ou Alice rend son oeil au Bandersnatch, ou, donc avec ce personnage de la Reine Rouge qui ne demande qu'à être aimé- comme Edouard, Catwoman etc...
Après, l'aspect purement "cinématographique" du film: la mise en scène, le montage, le scénario (épouvantable) c'est une autre paire de manche....