The Bad Lieutenant : Port of Call - New Orleans

[Lee Van Cleef]

Aujourd'hui plus que jamais, il est de bon ton de vilipender la notion même de remake, la faute à ces accablantes palanquées de relectures boîteuses que nous assène Hollywood à longueur d'années. Autant dire qu'en ces temps ombrageux, le nouveau Bad Lieutenant chapeauté par Werner Herzog relève de l'antidote miracle. Au lieu de creuser le même sillon désespéré que son extraordinaire modèle, qui mettait littéralement à nu l'âme déglinguée d'Abel Ferrara, le film du vétéran allemand plonge tête baissée dans les eaux à peine moins noires de la comédie surréaliste et du polar essentiellement atmosphérique. Ce faisant, le Lieutenant cesse d'être cette épave brisée, ce bloc de fureur découvrant à ses dépens combien il peut être diffcile d'accorder le Pardon, pour devenir un flic impeccablement sapé, voûté, claudiquant et guère préoccupé par un quelconque cheminement spirituel ; un bien singulier personnage auquel Nicolas Cage prête ses yeux exorbités et son sourire grimaçant. L'acteur, que l'on n'avait plus vu aussi inspiré depuis des lustres, rappelle évidemment moins l'immortelle prestation de Harvey Keitel que les excès hystériques de l'ancien alter ego de Herzog, le fou furieux Klaus Kinski. Les noirs et tragiques abîmes qu'avaient explorés Ferrara ne sont donc plus vraiment de rigueur (son Bad Lieutenant était de toute façon une oeuvre trop personnelle, trop intimement liée à sa sulfureuse sensibilité, pour que Herzog ait pu s'essayer impunément à en reproduire la substantifique moelle), mais il y a là un humour merveilleusement noir, une beauté simple et touchante, empreinte de nostalgie, qui donnent au film de Herzog un caractère et une identité qui lui sont bel et bien propres.

[Wyatt Earp]

[Lancelot]

Je suis loin de partager l'enthousiasme de l'homme au profil d'aigle.

Certes, le film est loin d'être ennuyeux et à la fin, et on ne sort pas enervé de la salle en se disant qu'on a vu un navet... on peut souligner quelques répliques savoureuses, la musique jazzy de Mark Isham fort agréable et la pointe d'ironie à la fin du film..

pourtant j'ai trouvé que W. Herzog ne savait pas sur quel pied danser... un polar ? la tension ne monte pas très haut et l'intrigue est moyennement captivante... une comédie ? Il faut aimer voir Nicolas Cage en faire des tonnes... un drame ? trop de désinvolture dans le traitement des personnages et de l'histoire empêche le film de décoller véritablement (voir le traitement réservé à Val Kilmer - de plus en plus bedonnant - et à Brad Dourif, qui ne servent pas à grand-chose; par ailleurs, pour un film qui se voulait "atmosphérique", je trouve que la Nouvelle-Orléans n'est pas du tout bien exploitée et qu'on ne retrouve pas les ambiances poisseuses présentes "DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE", autrement plus réussie)

Bref, pas de quoi fouetter un iguane, même imaginaire...

[Lee Van Cleef]

Ni polar (l'intrigue, réduite à peau de chagrin, n'ambitionne guère de créer une vraie dynamique de thriller), ni comédie pure (l'éclat de la folie reste toujours tapi en embuscade derrière le sourire cartoonesque de Nicolas Cage), ni chronique sociale (à une réplique près, le film ne s'attarde aucunement sur les terribles stigmates que porte la Nouvelle-Orléans depuis les ravages de Katrina)... Herzog a préféré piocher de-ci de-là, faisant davantage confiance à son instinct qu'à un script en béton armé pour échafauder le Bad Lieutenant nouveau. Le résultat, bien entendu, sacrifie tout à une ambiance nonchalante que j'ai pour ma part trouvée très séduisante.

Quant à Cage, force est de constater que c'est sur un jeu outrancier qu'il a bâti l'essentiel de sa carrière, trouvant ainsi nombre de ses meilleurs rôles (Wild at Heart, Leaving Las Vegas, Raising Arizona, Kiss of Death, Face/Off période Castor Troy) mais également, inutile de le cacher, pas mal de ses prestations parmi les plus calamiteuses (bon, là, j'ai vraiment pas le courage de toutes les dénombrer). Une fois encore, il cabotine à en perdre haleine dans Bad Lieutenant, mais le fait brillamment, je trouve. Ce qui, ces temps derniers, était devenu assez rare pour mériter d'être souligné.

[Forrester]

Je serais Abel, j'irai casser la gueule à Werner.
Je serai Harvey, j'irai casser la gueule à Nicolas.

[Lepithec]

T'inquiète Lee, je suis bien de ton avis. Moi j'ai vachement aimé ce Herzog. Tu as dis l'essentiel.

[Misquamacus]

Certes, le film est loin d'être ennuyeux et à la fin, et on ne sort pas enervé de la salle en se disant qu'on a vu un navet...

Bin si. Je n'ai pas compris l'intérêt de ce film. Et je me suis ennuyé fermement tout le long. Je m'attendais à un truc bien chtarbé et à l'arrivée, j'ai failli m'endormir. A part la scène des deux vieilles, non, j'vois pas...

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