Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
- Pierrebrrr
- Illustrated Man
- Messages : 3264
- Inscription : ven. 26 mars 2010 14:49
Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Et rugir les cuivres, sans doute.
Je précise tout de suite que je ne connais pas le travail de ce monsieur, et que Ridley Scott est un metteur en scène qui me paraît surestimé, donc j'avais des à priori assez négatifs avant de lire l'interview de son compositeur, je l'avoue.
Ce qui me fais bondir- et vous fera j'espère rebondir- c'est quand il explique, en substance, que quand un film se passe au moyen orient, on ne peut pas ignorer la couleur musicale locale, et que par exemple on peut la faire passer dans la "source musique" (bonjour la subtilité du rapport à une culture musicale étrangère ou exotique) - Donc, si ce gars doit illustrer un film se passant en France, on aura droit à de l'accordéon et de la guitare ou du violon manouche ? Quand les acteurs jouent triste, il faut une mélodie lente jouée par des violons ? Quand une bagarre éclate, on met des percussions et des cuivres joués fort ? (Si la scène se passe dans la jungle africaine, ne pas oublier de faire sonner tribal, si c'est en Espagne, penser aux castagnettes etc...)
Bref, en guise d'ouverture à une discussion, je voulais savoir s'il vous venait à l'esprit des exemples de bandes originales composées avec un certain sens du contre-pied, des exemples de musique ne soulignant pas de manière aussi attendue et conventionnelle ce qui se passe à l'image ?
Je précise tout de suite que je ne connais pas le travail de ce monsieur, et que Ridley Scott est un metteur en scène qui me paraît surestimé, donc j'avais des à priori assez négatifs avant de lire l'interview de son compositeur, je l'avoue.
Ce qui me fais bondir- et vous fera j'espère rebondir- c'est quand il explique, en substance, que quand un film se passe au moyen orient, on ne peut pas ignorer la couleur musicale locale, et que par exemple on peut la faire passer dans la "source musique" (bonjour la subtilité du rapport à une culture musicale étrangère ou exotique) - Donc, si ce gars doit illustrer un film se passant en France, on aura droit à de l'accordéon et de la guitare ou du violon manouche ? Quand les acteurs jouent triste, il faut une mélodie lente jouée par des violons ? Quand une bagarre éclate, on met des percussions et des cuivres joués fort ? (Si la scène se passe dans la jungle africaine, ne pas oublier de faire sonner tribal, si c'est en Espagne, penser aux castagnettes etc...)
Bref, en guise d'ouverture à une discussion, je voulais savoir s'il vous venait à l'esprit des exemples de bandes originales composées avec un certain sens du contre-pied, des exemples de musique ne soulignant pas de manière aussi attendue et conventionnelle ce qui se passe à l'image ?
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Comme ça à brûle pourpoint, je pense à la musique de Maurice Jarre pour The Collector de William Wyler, qui était assez enjouée et totalement décalée par rapport au contexte du film, qui était quand même assez glauque.
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
The Third Man et la musique d'Anton Karas.
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
je pense surtout que Streitenfeld ne mérite pas autant d'attention...
voilà un compositeur insignifiant pour un réalisateur que j'aime beaucoup, mais qui n'a jamais su s'entourer musicalement depuis qu'il ne travaille plus avec l'excellent Howard Blake et surtout depuis qu'il s'est amusé à virer Goldsmith (Le Vangelis de Blade Runner étant une heureuse exception, le HG Williams de Kingdom également)
mais pour en revenir à ta question, le côté couleur locale obligatoire que l'on plaque de façon purement illustrative ou décorative, comme dans un reportage de national geographic, ça n'apporte rien. Mais comme le public s'en fout c'est un pis-aller bien commode. On est dans un pays vaguement exotique ? Alors rassurons notre public en lui mettant une musique vaguement exotique.....il ne fera pas la différence...Par contre, l'intégration d'une telle musique peut être justifiée et intéressante (dans le cadre du film mais aussi pour le plaisir et la culture du compositeur), si elle n'est pas gratuite
Maurice Jarre n'avait pas besoin de faire couleur "locale" pour Lawrence d'Arabie, ni pour Jivago, ni pour la Fille de Ryan, ni pour la Route des Indes, et pourtant il a étudié et il connaît bien les musiques non occidentales, mais tel n'était pas le but dans les récits de Lean
Dans sa carrière, le compositeur français a intégré certains éléments à son langage toujours reconnaissable et n'a jamais fait d'illustration gratuite, il construit un récit. Il suffit d'écouter Gorillas in the mist, Taï Pan, Shogun, Soleil Rouge pour comprendre qu'il y a un vrai point de vue, une logique dramatique
ce qui compte c'est donc l'intention, le point de vue adopté, la construction d'un récit
s'agit-il d'une approche psychologique, à partir du personnage principal, ou d'une approche thématique sur certains points du récit, s'agit-il de la découverte d'une civilisation inconnue, d'un affrontement entre deux cultures, etc
Ennio Morricone avait-il besoin de coller de la musique "couleur locale" dans la Bataille d'Alger ? non bien sûr car tel n'était pas le propos. Est-ce flagrant dans Secret of the Sahara ? non plus....
Parfois les compositeurs jouent avec les couleurs instrumentales : Goldsmith dans Under Fire était bien conscient que les flûtes andines n'avaient rien à voir avec le Nicaragua et pourtant il aimait cette couleur instrumentale associée à sa thématique sandiniste. D'autre part, l'intégration d'éléments "hispanisants" propres à l'Amérique centrale est logique, elle s'insère dans une construction plus large et élaborée et se place du point de vue de l'histoire nationale nicaraguayenne
Horner a préféré la cornemuse irlandaise pour raconter le destin romancé d'un homme faisant partie de l'histoire nationale écossaise dans Braveheart, pour des raisons de fluidité musicale, mais l'intégration d'instruments à consonance celte (cornemuse, harpe) a un sens dans une révolte contre le colonialisme anglais qui interdit aux bardes de jouer ("Outlawed Tunes on Outlawed Pipes")
voilà un compositeur insignifiant pour un réalisateur que j'aime beaucoup, mais qui n'a jamais su s'entourer musicalement depuis qu'il ne travaille plus avec l'excellent Howard Blake et surtout depuis qu'il s'est amusé à virer Goldsmith (Le Vangelis de Blade Runner étant une heureuse exception, le HG Williams de Kingdom également)
mais pour en revenir à ta question, le côté couleur locale obligatoire que l'on plaque de façon purement illustrative ou décorative, comme dans un reportage de national geographic, ça n'apporte rien. Mais comme le public s'en fout c'est un pis-aller bien commode. On est dans un pays vaguement exotique ? Alors rassurons notre public en lui mettant une musique vaguement exotique.....il ne fera pas la différence...Par contre, l'intégration d'une telle musique peut être justifiée et intéressante (dans le cadre du film mais aussi pour le plaisir et la culture du compositeur), si elle n'est pas gratuite
Maurice Jarre n'avait pas besoin de faire couleur "locale" pour Lawrence d'Arabie, ni pour Jivago, ni pour la Fille de Ryan, ni pour la Route des Indes, et pourtant il a étudié et il connaît bien les musiques non occidentales, mais tel n'était pas le but dans les récits de Lean
Dans sa carrière, le compositeur français a intégré certains éléments à son langage toujours reconnaissable et n'a jamais fait d'illustration gratuite, il construit un récit. Il suffit d'écouter Gorillas in the mist, Taï Pan, Shogun, Soleil Rouge pour comprendre qu'il y a un vrai point de vue, une logique dramatique
ce qui compte c'est donc l'intention, le point de vue adopté, la construction d'un récit
s'agit-il d'une approche psychologique, à partir du personnage principal, ou d'une approche thématique sur certains points du récit, s'agit-il de la découverte d'une civilisation inconnue, d'un affrontement entre deux cultures, etc
Ennio Morricone avait-il besoin de coller de la musique "couleur locale" dans la Bataille d'Alger ? non bien sûr car tel n'était pas le propos. Est-ce flagrant dans Secret of the Sahara ? non plus....
Parfois les compositeurs jouent avec les couleurs instrumentales : Goldsmith dans Under Fire était bien conscient que les flûtes andines n'avaient rien à voir avec le Nicaragua et pourtant il aimait cette couleur instrumentale associée à sa thématique sandiniste. D'autre part, l'intégration d'éléments "hispanisants" propres à l'Amérique centrale est logique, elle s'insère dans une construction plus large et élaborée et se place du point de vue de l'histoire nationale nicaraguayenne
Horner a préféré la cornemuse irlandaise pour raconter le destin romancé d'un homme faisant partie de l'histoire nationale écossaise dans Braveheart, pour des raisons de fluidité musicale, mais l'intégration d'instruments à consonance celte (cornemuse, harpe) a un sens dans une révolte contre le colonialisme anglais qui interdit aux bardes de jouer ("Outlawed Tunes on Outlawed Pipes")
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
- Pierrebrrr
- Illustrated Man
- Messages : 3264
- Inscription : ven. 26 mars 2010 14:49
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Merci Walden pour cette réponse. Et merci aux deux autres, je vais me pencher sur ces partitions que je ne connaissais pas. Third Man, c'est bien le film de Carol Reed ?
Bien sûr ce que tu dis sur Goldsmith est très juste, il a très souvent joué avec les images mentales associées à certains instruments. Voire comment dans Le treizième guerrier, s'organise le dialogue entre instruments à corde pincées, au son relativement sec, évoquant une image de raffinement, et les percus et cuivres massifs qui symbolisent la culture viking telle que la perçoit Ibn au début.
Mais avec Streintenfeld, c'est vraiment "là il nous faudrait 3 mètres de musique Arabe, genre Tango" - parce qu'en plus, l'exemple "un pays du moyen orient" dénote quand même une approche bien ethno-centrée de l'univers musical.
Bien sûr le principe du choix d'un instrument en fonction de sa capacité à évoquer l'univers géographique (ou historique) je n'ai rien contre, mais en posant ma question, je me disais, tout en trouvant très agaçant les propos de Streintenfeld, qu'il est difficile de trouver des contre exemple absolus. Est-ce qu'on a déjà vu, par exemple, une scène d'amour illustrée de manière intéressante par une musique qu'on associerait à une scène de meurtre ? Evidemment ça demande d'avoir vu les films que le musiques illustrent, ce qui parfois n'est pas évident...
Bien sûr ce que tu dis sur Goldsmith est très juste, il a très souvent joué avec les images mentales associées à certains instruments. Voire comment dans Le treizième guerrier, s'organise le dialogue entre instruments à corde pincées, au son relativement sec, évoquant une image de raffinement, et les percus et cuivres massifs qui symbolisent la culture viking telle que la perçoit Ibn au début.
Mais avec Streintenfeld, c'est vraiment "là il nous faudrait 3 mètres de musique Arabe, genre Tango" - parce qu'en plus, l'exemple "un pays du moyen orient" dénote quand même une approche bien ethno-centrée de l'univers musical.
Bien sûr le principe du choix d'un instrument en fonction de sa capacité à évoquer l'univers géographique (ou historique) je n'ai rien contre, mais en posant ma question, je me disais, tout en trouvant très agaçant les propos de Streintenfeld, qu'il est difficile de trouver des contre exemple absolus. Est-ce qu'on a déjà vu, par exemple, une scène d'amour illustrée de manière intéressante par une musique qu'on associerait à une scène de meurtre ? Evidemment ça demande d'avoir vu les films que le musiques illustrent, ce qui parfois n'est pas évident...
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
- Pierrebrrr
- Illustrated Man
- Messages : 3264
- Inscription : ven. 26 mars 2010 14:49
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Doublon, désolé... Mais ça me revient.
Par exemple les choix musicaux de Tarentino dans Inglorious Basterds sont parfois très interessant. La sequence où Mélanie Laurent se maquille et que surgit une chanson de Bowie, j'avais trouvé ça parfait, et c'est assez contre-emploi, non ?
Par exemple les choix musicaux de Tarentino dans Inglorious Basterds sont parfois très interessant. La sequence où Mélanie Laurent se maquille et que surgit une chanson de Bowie, j'avais trouvé ça parfait, et c'est assez contre-emploi, non ?
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
le contraste entre le doudouk arménien et couple saxophone / piano dans The Russia House du même Goldsmith est également intéressant dans cette adaptation du roman de John Le Carré par Fred Schepisi. Pas de couleur "russe" obligatoire mais plutôt une façon de tisser musicalement les liens entre les protagonistes (l'inspiration jazz venant du personnage joué par Sean Connery)
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
sûrement le choix musical le plus surprenant mais qui s'intègre dans une séquence qui se veut un hommage au film Cat People de Tourneur (et musicalement à travers la chanson de Moroder / Bowie pour son remake par Paul Shrader)Pierrebrrr a écrit :Doublon, désolé... Mais ça me revient.
Par exemple les choix musicaux de Tarentino dans Inglorious Basterds sont parfois très interessant. La sequence où Mélanie Laurent se maquille et que surgit une chanson de Bowie, j'avais trouvé ça parfait, et c'est assez contre-emploi, non ?
après chacun pense ce qu'il veut des collages et des citations de Tarantino mais Inglorious est certainement un de ses plus beaux films
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
- Pierrebrrr
- Illustrated Man
- Messages : 3264
- Inscription : ven. 26 mars 2010 14:49
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Mais oui, bien sûr, j'avais complètement oublié cette histoire de Féline. C'est vrai, ça éclaire autrement la scène.
Merci de me mettre la puce à l'oreille sur Russia House, dont je ne connais qu'un extrait (suite ?) paru sur une anthologie Goldsmith. Il va falloir que je vois le film.
Merci de me mettre la puce à l'oreille sur Russia House, dont je ne connais qu'un extrait (suite ?) paru sur une anthologie Goldsmith. Il va falloir que je vois le film.
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
- Wyatt Earp
- Demolition Man
- Messages : 5392
- Inscription : sam. 13 sept. 2008 12:24
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Chose amusante, beaucoup de cinéphiles trouvent Scott surestimé, alors que dans la profession ses confrères le considèrent tous comme un maître (McTiernan, notamment).Pierrebrrr a écrit :Et rugir les cuivres, sans doute.
Je précise tout de suite que je ne connais pas le travail de ce monsieur, et que Ridley Scott est un metteur en scène qui me paraît surestimé,
Ce qui me fais bondir- et vous fera j'espère rebondir- c'est quand il explique, en substance, que quand un film se passe au moyen orient, on ne peut pas ignorer la couleur musicale locale
Pour ce qui est de l'approche "couleur locale", je trouve au contraire que coller une musique décalée devient un peu trop systématique. La "couleur locale" est un procédé efficace si bien employé et je préfère nettement ça.
- Wyatt Earp
- Demolition Man
- Messages : 5392
- Inscription : sam. 13 sept. 2008 12:24
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Pillow Talk dans Basic Instinct.Pierrebrrr a écrit :Est-ce qu'on a déjà vu, par exemple, une scène d'amour illustrée de manière intéressante par une musique qu'on associerait à une scène de meurtre ?
- Pierrebrrr
- Illustrated Man
- Messages : 3264
- Inscription : ven. 26 mars 2010 14:49
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Salut Stucru,
Je dois pas aller assez souvent au ciné, parce que je vois pas tellement de systématisme dans la musique "décalée" en ce moment. Tu penses au recours à des B.O rock, ou reprises d'autres scores ?
Quand au père Scott, évidemment on va pas ouvrir le débat, mais si on se fiait à l'avis des cinéastes les uns sur les autres, on serait obligés d'envoyer Besson dans l'Olympe des cinéastes, vu que Tarantino trouve que c'est un cinéaste formidable
(enfin, tu vas me répondre que c'est Tarentino le cinéaste surestimé, je le sens...) 
Je dois pas aller assez souvent au ciné, parce que je vois pas tellement de systématisme dans la musique "décalée" en ce moment. Tu penses au recours à des B.O rock, ou reprises d'autres scores ?
Quand au père Scott, évidemment on va pas ouvrir le débat, mais si on se fiait à l'avis des cinéastes les uns sur les autres, on serait obligés d'envoyer Besson dans l'Olympe des cinéastes, vu que Tarantino trouve que c'est un cinéaste formidable


"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
- Pierrebrrr
- Illustrated Man
- Messages : 3264
- Inscription : ven. 26 mars 2010 14:49
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Je l'ai pourtant vu Basic Instinct, je vais retourner voir la scène en question, ça m'intrigue. Merci !
"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien fait, c'est merveilleux, quand c'est mal fait, c'est un petit peu merveilleux aussi." S.Donen
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Octobre 2014: 31 jours, 31 films :http://trainfantome.blogspot.com/
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Est-ce parce que l'action d'un film se situe en Chine que l'on doit y entendre de l'érhu? Est-ce parce que l'action d'un film se situe au Japon que l'on doit y entendre du Biwa ? La réponse est non. Mais est-ce que parce que l'action d'un film se situe en
Inde que l'on ne doit pas mettre du tabla dans la musique ou parce que l'action se situe au Mali que l'on ne peut y employer le
djembe? La réponse est encore une fois non. Comme je l'ai déjà dit; chaque film est une aventure unique pour lequel,tout
systématisme,tel qu'il soit,est à bannir. Si Ennio Morricone prend le contre-pied d'une musique orientale dans LA BATAILLE
D'ALGER (bien qu'il y en a une touche dans le "Thème d'Ali") et que ça fonctionne admirablement bien,c'est aussi parce que le film n'avait pas besoin de ney ni d'un oud pour être situé géographiquement. Ce n'était pas du tout indispensable,la priorité
de la musique se situant davantage dans la forte tension psychologique auxquelles furent soumis les principaux protagonistes
du conflit franco-algérien. Maintenant,pour le film de Rachida Krim,SOUS LES PIEDS DES FEMMES,Alexandre Desplat utilisa dans sa musique ces deux instruments ainsi que Béatrice Thiriet pour le film DE L'AUTRE CÔTE DE LA MER",dans un contexte nostalgique,(mal du pays). Dans le second cas,la musique fonctionne très bien et l'emploi du oud et du ney y sont pleinement justifiés. Il est toujours intéressant pour un compositeur européen,à l'occasion d'un film,de travailler avec un instrument inhabituel,à partir du moment où le résultat obtenu est le fruit d'une recherche et d'un travail assidu. J'avais par exemple bien aimé l'emploi très lyrique,à l'occidentale,du shakuhachi dans le ICEMAN de Bruce Smeaton,bien qu'il s'agissait ici,dans ce cas de figure,d'un parti-pris esthétique et non d'un usage "cliché". En général,le shakuhachi est employé par les compositeurs, même occidentaux,à la Japonaise alors que le compositeur australien l'utilise dans le contexte d'une partition très lyrique et dans l'exécution d'une mélodie que l'on attribuerait davantage à une flûte classique. il s'en dégage alors quelque chose de très beau et d'inhabituellement lyrique par rapport à ce que l'on connait de cet instrument. Pour être plus précis,ce n'est pas juste un instrument japonais utilisé à la japonaise dans une partition symphonique occidentale,afin d'y apporter une simple couleur nippone, mais un instrument japonais joué à l'occidentale,presque dénaturé mais conservant une sonorité très spéciale.
Inde que l'on ne doit pas mettre du tabla dans la musique ou parce que l'action se situe au Mali que l'on ne peut y employer le
djembe? La réponse est encore une fois non. Comme je l'ai déjà dit; chaque film est une aventure unique pour lequel,tout
systématisme,tel qu'il soit,est à bannir. Si Ennio Morricone prend le contre-pied d'une musique orientale dans LA BATAILLE
D'ALGER (bien qu'il y en a une touche dans le "Thème d'Ali") et que ça fonctionne admirablement bien,c'est aussi parce que le film n'avait pas besoin de ney ni d'un oud pour être situé géographiquement. Ce n'était pas du tout indispensable,la priorité
de la musique se situant davantage dans la forte tension psychologique auxquelles furent soumis les principaux protagonistes
du conflit franco-algérien. Maintenant,pour le film de Rachida Krim,SOUS LES PIEDS DES FEMMES,Alexandre Desplat utilisa dans sa musique ces deux instruments ainsi que Béatrice Thiriet pour le film DE L'AUTRE CÔTE DE LA MER",dans un contexte nostalgique,(mal du pays). Dans le second cas,la musique fonctionne très bien et l'emploi du oud et du ney y sont pleinement justifiés. Il est toujours intéressant pour un compositeur européen,à l'occasion d'un film,de travailler avec un instrument inhabituel,à partir du moment où le résultat obtenu est le fruit d'une recherche et d'un travail assidu. J'avais par exemple bien aimé l'emploi très lyrique,à l'occidentale,du shakuhachi dans le ICEMAN de Bruce Smeaton,bien qu'il s'agissait ici,dans ce cas de figure,d'un parti-pris esthétique et non d'un usage "cliché". En général,le shakuhachi est employé par les compositeurs, même occidentaux,à la Japonaise alors que le compositeur australien l'utilise dans le contexte d'une partition très lyrique et dans l'exécution d'une mélodie que l'on attribuerait davantage à une flûte classique. il s'en dégage alors quelque chose de très beau et d'inhabituellement lyrique par rapport à ce que l'on connait de cet instrument. Pour être plus précis,ce n'est pas juste un instrument japonais utilisé à la japonaise dans une partition symphonique occidentale,afin d'y apporter une simple couleur nippone, mais un instrument japonais joué à l'occidentale,presque dénaturé mais conservant une sonorité très spéciale.
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
il est dommage que le doudouk se soit autant banalisé aujourd'hui (Gladiator, Passion of the Christ, Troy, etc), mais quand Goldsmith l'a utilisé pour ce film intimiste il y avait un parfum de nouveauté et d'inventionPierrebrrr a écrit :Merci de me mettre la puce à l'oreille sur Russia House, dont je ne connais qu'un extrait (suite ?) paru sur une anthologie Goldsmith. Il va falloir que je vois le film.
BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
- Shardar
- Inside Man
- Messages : 4523
- Inscription : sam. 13 sept. 2008 10:49
- Localisation : Terres du Nord
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Y'a du duduk dans le Troy d'Horner ? Je n'en ai pas le souvenir (ou alors tu parles du Yared ?)...
Je ne suis pas choqué par l'approche "géographique" de Streintenfeld. Je trouve plus désolant que Ridley Scott ait toujours des goûts si peu estimables en matière de choix de compositeur... Je n'ai rien contre M'sieur Streintenfeld qui m'apparaît complètement être dans la veine des faiseurs obéissants qui abondent à Hollywood.
Il ne faut pas compter sur le retour de John Scott ou celui de Broughton. Je suis le premier à le déplorer mais ils sont définitivement out de par le système de production hollywoodien du scoring -- cf l'entretien avec Jérôme Leroy qui est très éclairant sur le sujet.
Mais il y a tout de même des voix plus intéressantes à Hollywood, capables de s'inscrire dans le moule actuel tout en étant porteurs d'un certain héritage -- Giacchino, Young ou Desplat par exemple.
Je ne suis pas choqué par l'approche "géographique" de Streintenfeld. Je trouve plus désolant que Ridley Scott ait toujours des goûts si peu estimables en matière de choix de compositeur... Je n'ai rien contre M'sieur Streintenfeld qui m'apparaît complètement être dans la veine des faiseurs obéissants qui abondent à Hollywood.
Il ne faut pas compter sur le retour de John Scott ou celui de Broughton. Je suis le premier à le déplorer mais ils sont définitivement out de par le système de production hollywoodien du scoring -- cf l'entretien avec Jérôme Leroy qui est très éclairant sur le sujet.
Mais il y a tout de même des voix plus intéressantes à Hollywood, capables de s'inscrire dans le moule actuel tout en étant porteurs d'un certain héritage -- Giacchino, Young ou Desplat par exemple.
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Ca ne veut rien dire : l'année de sa sortie, ce grand metteur en scène qu'est John Carpenter trouvait que Armageddon étaitle meilleur film de l'année...Wyatt Earp a écrit :Chose amusante, beaucoup de cinéphiles trouvent Scott surestimé, alors que dans la profession ses confrères le considèrent tous comme un maître (McTiernan, notamment).Pierrebrrr a écrit :Et rugir les cuivres, sans doute.
Je précise tout de suite que je ne connais pas le travail de ce monsieur, et que Ridley Scott est un metteur en scène qui me paraît surestimé,
Ce qui me fais bondir- et vous fera j'espère rebondir- c'est quand il explique, en substance, que quand un film se passe au moyen orient, on ne peut pas ignorer la couleur musicale locale
Très bien vu ça, Wyatt!Wyatt Earp a écrit : Pillow Talk dans Basic Instinct.
- Wyatt Earp
- Demolition Man
- Messages : 5392
- Inscription : sam. 13 sept. 2008 12:24
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
C'est vrai que souvent, les grands cinéastes ont des goûts bizarres (il me semble que Spielberg avait adoré Pearl Harbor). Mais sans aller jusqu'à eux, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse trouver Scott surestimé : il a en effet autant d'adorateurs que de détracteurs. Pour moi, c'est l'un des meilleurs, même si je n'adore pas tous ses films : Alien, Blade Runner, Legend, Duellistes et le director's cut de Kingdom of Heaven sont à mon avis des chefs-d'oeuvres, et Gladiator n'est pas loin d'en être un aussi. J'aime aussi beaucoup Black Rain, Lame de Fond, La Chute du Faucon Noir et Hannibal. 1492 et Traquée ont des problèmes mais restent très attachants. Quant à Robin Hood, je suis persuadé que ce sera sensationnel et que c'est taillé pour être LE blockbuster de 2010.
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
je fais confiance à Sir Ridley sur Robin Hood
j'ai pour ma part adoré ses derniers, American Gangster, Body of Lies, Kingdom of Heaven (dans son director's cut cela ne fait aucun doute)
j'aime tellement son cinéma de toute façon que je n'ai eu aucun mal à aimer A Good Year !
j'ai pour ma part adoré ses derniers, American Gangster, Body of Lies, Kingdom of Heaven (dans son director's cut cela ne fait aucun doute)
j'aime tellement son cinéma de toute façon que je n'ai eu aucun mal à aimer A Good Year !

BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
j'en ai bien l'impression, dans le love theme ?Shardar a écrit :Y'a du duduk dans le Troy d'Horner ? Je n'en ai pas le souvenir (ou alors tu parles du Yared ?)..


BRAINSTORM main title (James Horner)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
http://www.youtube.com/watch?v=HMj_80T6cyg
Film composer great Elmer Bernstein (Magnificent Seven, To Kill A Mockingbird) once said to me, “The dirty little secret is that we’re not musicians – we’re dramatists.”(Michael E Levine)
- Wyatt Earp
- Demolition Man
- Messages : 5392
- Inscription : sam. 13 sept. 2008 12:24
Re: Marc Streintenfeld fait pleurer les violons
Pareil !Walden a écrit : j'aime tellement son cinéma de toute façon que je n'ai eu aucun mal à aimer A Good Year !