The Imaginarium of Doctor Parnassus de Terry Gilliam (2009)

[BigJ.]

Trailer très alléchant:

et... la musique, c'est quoi?

[Misquamacus]

Aucune idée pour la zique mais ça a l'air absolument magnifique.

[Wyatt Earp]

Tous ceux qui l'ont vu à Cannes m'ont dit que le score était une merveille. Si c'est celui de la BA, c'est des frères Danna, orchestrés par NIcholas Dodd.

[Biguimot]

La musique c'est The Odyssey Xrd By X-Ray Dog... en même temps ca m'étonne pas

[Lepithec]

Vu ce soir L'IMAGINARIUM DU DOCTEUR PARNASSUS de Terry Gilliam ! A toute fin utile, je précise qu'il n'avait rien tourné depuis 2005 (avec TIDELAND - que je n'avais pas aimé - et LES FRERES GRIMM, qui était bien au début et très moyen vers la fin). Il s'agit de son premier film personnel - à mon sens - depuis l'échec de DON QUICHOTTE en 2002 (souvenez-vous, LOST IN LA MANCHA). Autant dire une tripotée. C'est donc peu dire que j'attends ce Gilliam de pied ferme.

Je n'ai pas été déçu. Alors certes il y a de sérieuses baisses de rythme vers le milieu du film, des dialogues à rallonge, du cabotinage de comédiens, une construction dramaturgique hasardeuse (il ne prend jamais le chemin le plus simple raconter son histoire !), mais cela fait partie des "défauts" qui font le charme des films de Gilliam, leur côté un peu "bricolage" déjà présent dans LE BARON DE MUNCHAUSEN. Pourtant, cela ne nous avait pas empêché, enfants, d'adorer ce film, et dieu sait qu'il a marqué ceux qui l'ont vu à l'époque, au cinoche ou à la télé ! De la même manière, je pense que sur le long terme, L'IMAGINARIUM marquera l'esprit de ceux qui vont découvrir Gilliam avec ce film, tant il déborde d'idées et de générosité.

C'est clairement le film le plus frappadingue de Gilliam depuis LES AVENTURES DU BARON DE MUNCHAUSEN ! Vingt ans qu'on n'avait pas vu ça ! Mais surtout, ce film laisse l'impression d'un film testament, non seulement pour Heath Ledger, mais aussi et surtout pour Gilliam. Il y est précisément question de la mort et de la place qu'on laisse derrière soi. Cet écho à la réalité de la mort du comédien et aux interrogations d'artiste de Gilliam lui-même sont extrêmement émouvantes (même si, au premier abord, le film en soit manque d'émotion - celles-ci sont très en filigrane). Gilliam en rajoute des tonnes mais avec une générosité et une sincérité qui force le respect, comme s'il y avait mis toutes ses tripes, en rassemblant ses obsessions d'artiste et profitant de l'astuce du miroir magique pour compiler des clins d'oeils à tous ses films précédents (sans pour autant que cela soit indigeste, au contraire ça passe bien et c'est même plutôt touchant). On retrouve ainsi l'univers de BARON DE MUNCHAUSEN (la troupe de théâtre et les univers parallèles), des décors délirant à la Lewis Caroll, l'animation trash et cartoon période MONTY PYHTHON et des couleurs sucrées qui rappellent LE MAGICIEN D'OZ, l'univers du cirque qui rappelle FREAKS de Browning, le personnage inquiétant de Tom Waits qui évoque le pouvoir et la manipulation de certains personnages de BRAZIL, l'innocence et l'image de la pureté féminine inspirée du même BRAZIL, et même la scène finale fabuleuse de L'ARMEE DES DOUZE SINGES suggérée dans la scène finale de L'IMAGINARIUM (ce plan avec la fille qui passe et l'homme qui la suit).

Certains pourront reprocher à Gilliam de se fourvoyer dans ses propres clichés. Moi j'y vois plutôt un gigantesque cri d'amour au cinéma, à l'imaginaire, aux contes de fées, et une rétrospective presque mortuaire de son propre cinéma, voilà ce que nous offre Terry Gilliam, qui sous des allures de légèreté, ne fait rien de moins qu'un film-somme sur lui-même, une oeuvre de la maturité pourrait-on dire, même si le terme semble peu approprié pour qualifier le cinéma de cet éternel grand enfant.

Quant au score des frères Danna, c'est vraiment bien. Très inventif. Discret en général mais qui sait se faire remarquer au moment venu. Et en effet, c'est orchestré (et dirigé) par Nicholas Dodd, et ça s'entend !!

[Wyatt Earp]

Très bien formulé, tout ça ! Et je suis 100% d'accord !

[Lee Van Cleef]

Si l'on accorde crédit au vieil adage voulant qu'un véritable artiste ne fasse que façonner encore et toujours la même oeuvre, il ne fait alors aucun doute que Terry Gilliam est un auteur entier. Envers et contre tout, l'inlassable cinéaste s'échine à réclamer le droit au rêve et à l'imaginaire le plus débridé dans un monde sclérosé, d'où sont bannies la générosité et les couleurs de l'arc-en-ciel. Beaucoup ont déjà jeté l'éponge face à ce qu'ils considèrent comme un sinistre radotage, mais votre serviteur, admirateur de longue date de Gilliam en général et de l'incroyable The Adventures of Baron Munchausen en particulier, s'est montré trop heureux de mordre une fois de plus à l'hameçon; d'autant que l'ensorcelante Lily Cole s'y révèle un appât de premier choix. Pour ne rien cacher, sa prestance et sa singulière beauté m'ont fait irrésistiblement penser à une actrice pour laquelle j'ai grande estime : Christina Ricci.