
Depuis peu, c'était devenu le Grand Point d'Interrogation, le sujet de palabre autour duquel se réunissaient quotidiennement les habitants d'UnderScores, un gobelet de café à la main et d'épaisses masses de brouillard plein l'esprit : mais enfin, qu'est-ce qu'il peut bien avoir de si bougrement spécial, ce Thy Neighbor's Wife, pour que l'ami Pat59 le qualifie à la moindre occasion de sommet définitif capable de faire de l'ombre à Morricone en personne ? Il était grand temps que le vieux Van Cleef jaillisse de l'ombre, avant que le suspense, à force de repousser les frontières du tolérable, ne provoque dans un concert de claquements mouillés maintes ruptures d'anévrisme.
Le résultat de mes bonnes œuvres, le voici donc : le générique de fin du film de Jim Wynorski (un chef-d'oeuvre là encore, garanti sur facture), dûment isolé puis diffusé via une foultitude d'enceintes aux quatre coins du verdoyant territoire d'UnderScores. Comme vous l'allez bientôt voir, la musique à aucune autre semblable de Chuck le Berserker eut aussitôt sur la plèbe les ensorcelantes vertus en l'absence desquelles le grand homme n'eût jamais obtenu son aura ineffable. Vétérans zébrés de cicatrices, petits nouveaux peinant à imposer leur filet de voix balbutiant, et même de vils lâcheurs irrésistiblement aimantés tout à coup sur le chemin de leur ancienne maison : c'est un aréopage grouillant de béophiles subjugués que Cirino peut se vanter d'avoir piégé dans ses filets. Mais quel misérable cuistre serait en mesure de lui résister ?