Le voilà chargé de relifter la saga populaire américaine, phénomène de société assez étrange, qui ne paie pas de mine si on le prend de haut, mais dont l'intérêt apparaît si on l'analyse un peu (une passion populaire de ce type n'est jamais anodine)
le voilà donc avec cet héritage, énorme par le nombre de ses disciples, sur les épaules...
Qu'en est-il ? Il y a l'exploit d'avoir synthétisé pratiquement tous les films dans un seul : la planète Terre au bord de l'Apocalypse (Star Trek The motion picture), le test du Kobayashi Maru, l'interrogatoire avec limace malfaisante, le méchant aveuglé par la vengeance (Star Trek II Wrath of Khan), la mort d'un parent (Star Trek III the search for Spock), le saut dans le temps (Star Trek IV the voyage home, mais aussi Star Trek Generations), la compromission émotionnelle du Vulcain vedette (Star Trek V the final frontier), une planète de glace (Star Trek VI the undiscovered country)....Bref, tous ces thèmes, tous ces motifs, ces plans, issus de la série originelle et des films se trouvent recyclés fidèlement dans un nouvel habillage esthétique, le cinémascope efficace, hyper rythmé, trépidant, aux couleurs bigarrées du petit bonhomme de Alias et Lost,....
Celui-ci est bien loin d'avoir le génie visuel d'un Spielberg (comme on peut le lire dans ces expressions toutes faites de journalistes fumistes), mais le film synthétise aussi les obsessions d'un producteur / metteur en scène soucieux de marquer tout ce qu'il touche, notamment une intrigue tarabiscotée à l'extrême (même dans un contexte de SF) et le rythme haletant de ses séries.
Le prologue du film est en cela symptomatique du style Abrams, le choc émotionnel qu'il veut marteler, la simultanéité de la naissance dans un contexte d'apocalypse et de la mort est digne de ces moments de climax issus de séries comme Alias ou Lost, qui interviennent à la fin d'une saison. Ici, il s'agit de lancer la renaissance du mythe avec un feu d'artifice.
On peut s'amuser à penser la fin du film comme une métaphore...Quand le risque pour l'Enterprise d'être absorbée par un immense trou noir, qui est une porte dans le "flux temporel" de la vieille série (le futur dans le film), donne à Kirk et à son équipage un sursaut de vitalité pour échapper au désastre et survivre dans le temps présent, séquence qui est un peu à l'image de l'effort d'Abrams de porter l'héritage vers l'avenir (notre futur, plus de films ? Encore des séries ?), l'inscrire dans notre temps, dans sa modernité, sa vitesse et s'éloigner de la vieille manière.
Globalement le film est un spectacle très bien rythmé mais laisse un arrière goût d'insatisfaction, comme si l'appropriation de l'univers Star Trek par Abrams était un peu forcé...Quitte à s'initier à cet univers, autant se plonger dans les trois saisons et les films. L'équipe de l'époque est si attachante. Ce nouveau film apporte t-il quelque chose d'intéressant ?
La musique de Giacchino, dans le film, est un ravissement, même si son thème manque singulièrement de caractère (loin d'être aussi passionnant que tous les thèmes précédents...). A écouter sur disque, je ne suis pas sûr que la partition soit aussi excitante à écouter en tant que musique que les précédentes...(mais cela nécessite une écoute attentive, sans doute....
![Très content :D](./images/smilies/icon_e_biggrin.gif)