Leary a écrit :Après, il n'y a peut être plus de surprise ou d'étonnement, mais pour moi sa musique continue de vehiculer l'émotion que je recherche. Dans la salle j'ai encore eu quelques frissons (et ce n'était pas à cause de la climatisation )
Biensûr, l'émotion musicale n'est pas uniquement générée par la "surprise" ou l'impression de renouveau...et heureusement d'ailleurs! Ne soyons pas naïfs, l'impression de renouveau peut parfois être très superficielle. L'émotion peut naître aussi, et c'est d'ailleurs plus souvent le cas, de différents éléments que l'on aime retrouver dans la musique d'un compositeur que l'on suit depuis longtemps. La réitération d'éléments musicaux qui constituent le style d'un compositeur procure de l'émotion et de l'intérêt: lorsque l'on suit la carrière d'un compositeur c'est aussi parce que l'on aime retrouver tous ces éléments musicaux qui conditionnent son style. Il faut bien en avoir conscience.
Bespin a écrit :Mais la BO du BGG, elle, est-elle « années 2010 »? Sur un autre forum, qqn a écrit que cette BO est pour ceux qui vivent dans le passé, musicalement.
Ce genre de remarque me fera toujours sourire et trahit un manque évident de réflexion.
Bespin a écrit :J'adore John Williams, je lui ai d'ailleurs dédié un site web, mais je ne suis pas obligé d'aimer absolument TOUT ce qu'il fait. D'ailleurs je me méfie absolument des gens qui font paraître qu'ils aiment tout... aiment-ils vraiment?...
Non, on n'est jamais obligé (encore heureux) de tout aimer et il me semble impossible de tout aimer en musique, ni même chez un compositeur aussi prolifique que John Williams. Fatalement, il y a des choses qui vont nous toucher moins que d'autres, soit parce qu'elles sont tout simplement moins bonnes, soit parce qu'elles ne correspondent pas à notre sensibilité, ce qui n'est évidemment pas la même chose. Personnellement, je suis féru de musique contemporaine et pourquoi pas expérimentale, donc lorsqu'un compositeur expérimente intelligemment pour l'image, j'approuve, ce qui est logique puisque ça correspond à ma sensibilité. Ce qui me gêne c'est de lire ceci:
Bespin a écrit :je trouve que le mélodieux et l'exaspérant se côtoient un peu trop souvent à mon goût. J'ai été soulagé de lire que le passage de flutes hyperactives de Dream Jars n'est pas dans le film. Le contraire m'aurait étonné, Spielberg ne tenait visiblement pas à ce que la salle se vide...
Ce qui m'interpelle n'est pas le fait que tu puisses trouver exaspérant un morceau comme
Dream Jars, c'est ton ressenti et je le respecte. Pourquoi pas après tout. C'est plus l'idée que la salle devrait se vider. Je n'ai jamais entendu parler d'une salle de cinéma qui se serait vidée à cause d'une musique de film, l'approche pouvant être contemporaine, avant-gardiste; aléatoire, sérielle...Peut-elle être jugée parfois envahissante ou mixée à trop haut volume, mais elle ne fera jamais fuir les spectateurs venus voir un film... Certaines excentricités de l'avant-garde musicale purent vider, du moins en partie, certaines salles de concert - j'ai un délicieux témoignage dans ce sens d'un concert de Vinko Globokar - mais certainement pas une salle de cinéma. Seul le film peut provoquer cela. J'ai déjà quitté plusieurs fois une salle en plein milieu d'un film qui m'ennuyait profondément. La perception d'une musique atonale dans un film n'est pas la même que dans une salle de concert ou sur un disque, au travers d'un concerto ou d'un quatuor à cordes. Je connaissais quelqu'un qui détestait la musique atonale et dissonante. C'était impossible pour moi de lui faire écouter plus de cinq minutes du "Boulez" ou du "Stockhausen". Puis, un jour, il m'appelle et me demande si je possède la B.O. d'
Orca d'
Ennio Morricone. Quelle question!

Il a adoré la musique, toute la musique, précise-t-il. Lorsqu'il l'a découverte sur disque, il a continué d'aimer, même les parties les plus atonales, celles très dramatiques qui sont truffées de dissonances, pas uniquement le très lyrique thème principal. Je lui ai alors dit que, désormais, il ne pouvait plus dire qu'il n'aime pas la musique atonale.

Il est vrai qu'appréhender une approche avant-gardiste sur un film est déjà moins abstrait et austère que sur un disque ou dans une salle de concert.
Alien7 a écrit :Et puis Williams a fait bien plus inaccessible dans le genre, je pense à IMAGES qui est plus abstrait que cela, je ne crois pas que cela ait gêné quiconque à l'époque dans les salles ou même encore aujourd'hui - idem pour le duo tuba/hautbois de CLOSE ENCOUNTERS OF THE 3D KIND - L'argument "ça va faire fuir le public", excuse moi Bespin, mais c'est typiquement la réaction stupide des studios et majors hollywoodiennes, qui s'imaginent toujours qu'une approche un peu originale ou anti-conventionnelle d'une musique va gêner le film ou le public...
Entièrement d'accord!