Alien7 a écrit : TOTAL RECALL est non seulement un de mes Goldsmith fétiche (derrière ALIEN), mais c'est à n'en point douter sa meilleure partition d'action de toute sa carrière, la plus technique, la plus complexe et la plus sophistiquée. Pour avoir pas mal étudié cette partition, cela relève du génie technique similaire à ce qu'a fait à son époque Stravinsky sur le SACRE DU PRINTEMPS, c'est pourquoi TOTAL RECALL est justement étudié à l'UCLA ou dans des écoles de musicologies américaines, il y a beaucoup à apprendre de cette musique
Oui mais ça c'est une considération de musicien. D'ailleurs, personne n'a dit ici le contraire. Personne n'a assimilé TOTAL RECALL à de la "musique facile", au point d'en nier sa complexité harmonique et rythmique... ni les éventuelles prouesses techniques du compositeur. Le problème n'est pas là. Et, d'un point-de-vue plus personnel, je n'ai jamais considéré TOTAL RECALL de
Jerry Goldsmith comme une musique difficile d'accès. Féru de musiques contemporaines, j'ai eu l'occasion d'aborder, durant plusieurs décennies, un bon nombre d'oeuvres d'une très grande complexité et que certains d'entre nous trouveraient certainement plus difficiles d'accès que TOTAL RECALL. Parce que là encore, la notion d'accessibilité, tout comme la notion d'agréabilité, d'une oeuvre varie selon la sensibilité et l'expérience de chacun. Pour ma part, la musique sérielle pure ne m'a jamais été difficile d'accès, même la première fois que j'en ai entendu. Il y a juste celle qui me touche et celle qui m'indiffère ou m'agace. Les NOTATIONS pour orchestre de
Pierre Boulez m'ont fasciné d'emblée alors que beaucoup de mélomanes trouvent cette musique inaudible. C'est bien que tu évoques LE SACRE DE PRINTEMPS de
Igor Stravinsky puisque l'on touche là à une de mes oeuvres de chevet. Pour l'aimer, je n'ai pas eu besoin d'un conditionnement, d'une préparation, et encore moins d'une initiation ou d'une prise de conscience de sa grande complexité et des performances techniques de son créateur. C'est une musique que j'ai aimée dès que je l'ai entendue - j'étais encore jeune - bien avant de connaître sa place dans l'histoire, bien avant qu'un musicologue me souffle dans l'oreille (dans un jargon musical un brin pompeux) qu'il s'agit d'une oeuvre révolutionnaire. Oh, le grand mot qui a tellement fait courir de compositeurs contemporains au point de les voir faire parfois tout et n'importe quoi!
![Rire :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Néanmoins, je n'ai jamais rien trouvé de "bourrin" dans LE SACRE DU PRINTEMPS de
Stravinsky, bien qu'ayant toujours eu conscience de sa complexité, voire de sa virtuosité: c'est plutôt une formidable fluidité dans l'expression ainsi qu'une grande force poétique, allant même jusqu'à me faire oublier tout l'aspect technique de l'oeuvre, qui transcendent mon écoute, lui apportent un plaisir incommensurable. Qu'une oeuvre puisse être, à tort ou à raison, considérée comme révolutionnaire ou d'une grande complexité technique est une chose: est-ce que ça va forcément me la rendre plus émouvante et passionnante à l'écoute? La réponse est "NON, pas forcément". Une musique mille fois plus simple que certaines autres dites très complexes peut m'apporter une émotion bien plus forte et durable, et c'est encore heureux, ce qui ne m'empêche pas, paradoxalement, d'aimer aussi des musiques très complexes et souvent jugées difficiles d'accès par beaucoup de mélomanes. Par exemple, j'adore ALIEN du grand Jerry et DANTON de
Prodromides. Et pour en finir avec LE SACRE DU PRINTEMPS, je me suis rendu compte qu'il y avait encore beaucoup de gens, même parmi les mélomanes avertis, qui ne supportent pas cette musique, certains la trouvant carrément inaudible. Ils n'en ont donc pas la même perception que moi.
PS: Je tiens à préciser que "bourrin" n'avait pas, chez moi, une connotation spécifiquement zimmerienne.
![M. Vert :mrgreen:](./images/smilies/icon_mrgreen.gif)