Lee Van Cleef a écrit :On en apprend des choses, quand même, sur les précieuses fiches de recensement discographique de notre irremplaçable Starfafouille. Sans elles, je n'aurais peut-être jamais découvert l'existence du très confidentiel GAD Records, label spécialisé à l'évidence dans les productions des pays de l'Est, et plus particulièrement la Pologne et la République Tchèque.
S'il y a une chose qu'on ne peut retirer aux gens de GAD, c'est qu'ils connaissent leur métier. Entre l'exécution prompte et dénuée d'anicroche de ma commande et l'amour du travail bien fait qu'exsude leur travail éditorial, ces types-là gagneraient à une flambée de notoriété. Evidemment, les cinématographies de l'Est, qui semblent constituer leur fonds de commerce, n'ont pas grand-chose de glamour aux yeux des béophiles pusillanimes... Bah, au fond, peu importe. Car le vieux Van Cleef, en incurable snobinard qu'il se flatte d'être, a largement trouvé son compte dans le trio composite d'albums qui lui est parvenu. Andrzej Korzynski ne se révèle pas sous son jour le plus expérimental avec
W Pustyni i w Puszczy (pour faire court, c'est pas
Possession), mais la trame mélodique qu'il tisse méticuleusement ne manque ni de couleurs vives, ni d'un charme assez exotique. Même combat, à peu de choses près, concernant le joli
Zapach Psiej Siersci de Wlodzimierz Nahorny, dont on se délecte comme d'une boisson fraiche un jour d'accablantes touffeurs.
Mais prenez garde, gentlemen !
Temné Slunce, qui fermait la marche dans mon ordre d'écoute, n'est pas fait d'un bois aussi tendre et rayonnant de santé. En dépit de la présence du Filmovy Symfonicky Orchestr, l'audacieux Martin Kratochvil n'est guère emballé par une approche acoustique traditionnelle. Ni une ni deux, le voilà qui laisse couler ses thèmes dans des moules électroniques aux formes biscornues. Le vieux Van Cleef n'y est pas resté insensible, le père Julien devrait en retirer quelque satisfaction perverse, et quant aux autres membres d'UnderScores... Mais vous qui lisez ces humbles lignes (
"nan, y'a personne !"), que diriez-vous de faire plus ample connaissance avec GAD pour décider ensuite, preuves à l'appui, de quel côté de la barrière vous tenir ?