Sans surprise, c’est donc Arnaud Rebotini pour son travail sur 120 Battements par Minute qui est ressorti de la salle Pleyel, la statuette en poche, ce vendredi 2 mars lors de la 43ème cérémonie des César. « J’ai énormément de chance d’avoir été choisi par Robin Campillo pour faire la musique de ses deux derniers films » explique-t-il sur scène, au bord des larmes, « j’aime ce qu’il fait, j’aime ses films, j’aime ses histoires. Il est totalement investi dans la composition de la musique, je pense que s’il le pouvait il la composerait à ma place, et j’ai de la chance qu’il ne le fasse pas ! Et si la musique de 120 Battements par Minute a une profondeur, c’est parce qu’elle est la voix de ceux qui sont morts, qui ont perdu des proches, qui se sont battus et qu’on n’a pas voulu entendre. Je dédie ce prix à ces héros oubliés d’hier et d’aujourd’hui : Act Up existe toujours et le SIDA n’est pas qu’un film. » Bravo donc à Arnaud Rebotini qui succède ainsi à Ibrahim Maalouf, récompensé l’année passée pour Dans les Forêts de Sibérie. Les autres nommés en piste pour la Meilleure Musique Originale étaient Christophe Julien pour Au Revoir Là-Haut, Jim Williams pour Grave, Quentin « Myd » Lepoutre pour Petit Paysan et Matthieu « M » Chedid pour Visages, Villages.
Dommage que tout cela se soit fait, plus que jamais, dans l’indifférence quasi-unanime des passionnés, contrairement aux différents prix anglo-saxons qui, quoi qu’on en pense, suscitent encore régulièrement commentaires et discussions. Il faut dire – une fois n’est pas coutume, ouvrons une parenthèse – que la sélection dans notre catégorie fétiche brillait cette année autant par son manque de glamour que ses absences, n’étant à l’évidence que le seul et unique reflet d’un mode de scrutin notoirement inadapté. Soyons clairs : il n’est pas question ici d’affirmer une quelconque réticence à voir ainsi distingués des artistes issus d’autres scènes musicales, bien au contraire, ni même d’appeler à inclure absolument dans la liste d’habituels poids lourds de la profession (on pense forcément à Philippe Sarde et son Rodin, ou même à Alexandre Desplat dont le Valérian aurait aussi fort bien pu concourir). Mais quitte à accorder des premières nominations enthousiastes, on regrette que la sélection ne se soit pas avérée plus joliment équilibrée en donnant un coup de pouce à des compositeurs qui ont fait de la musique à l’image leur vrai (et souvent seul) terrain de jeu, tels que Matthieu Gonet pour Fleur de Tonnerre ou Madame, Mathieu Lamboley pour Bonne Pomme, Olivier Cussac pour Les As de la Jungle ou encore Cyrille Aufort pour Knock. On ne se fait pas d’illusion pour la suite, mais on ne peut s’empêcher néanmoins d’affirmer sobrement qu’un plus grand discernement ne nuirait pas, à l’avenir, pour la crédibilité de l’exercice…