Martin Böttcher (1927-2019)

Le compositeur allemand était célèbre pour la saga Winnetou

Portraits • Publié le 28/05/2019 par

Il était l’un des compositeurs allemands les plus populaires au monde. Né le 17 juin 1927 à Berlin, Martin Böttcher n’a pourtant pas la musique dans la peau dès le plus jeune âge, même s’il suit assez tôt des leçons de piano. Par ailleurs, il est sourd d’une oreille depuis une très mauvaise chute étant enfant. Non, sa vraie passion alors, c’est l’aviation, et devenir pilote d’essai est un rêve qui, en 1944, le conduit à rejoindre les terrains d’entraînement de la Luftwaffe pour se former sur le tout nouveau avion-fusée Messerschmidt « Komet ». Mais en cette fin de Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne nazie subit une pénurie de carburant et le jeune homme ne volera finalement jamais en situation de combat. Fait prisonnier de guerre, il se procure une guitare et apprend à en jouer de manière tout à fait autodidacte, pratiquant seize heures par jour. Rapidement libéré, il s’installe à Hambourg, intègre l’ensemble musical fondé par Willi Steiner à la radio allemande Nordwestdeutscher Rundfunk (NWDR) et entame une vraie formation musicale auprès de Richard Richter et Kurt Wege.

 

Après quelques années d’une carrière de guitariste, il décide en 1954 de devenir compositeur. Il a alors déjà signé quelques arrangements pour le cinéma auprès de Michael Jary ou Hans-Martin Majewski, ainsi que, dès 1952, la musique de quelques documentaires, et même quelques scénarios. Mais son vrai baptême du feu dans le 7ème Art a lieu lorsque Artur « Atze » Brauner, fondateur de la société CCC-Film, lui propose de composer la partition du long métrage de 1955 Der Hauptmann Und Sein Held, puis l’année suivante Die Halbstarken (Les Demi-Sel) qui devient l’un des plus gros succès du cinéma allemand. Suivent des titres tels que Kindermädchen Für Papa Gesucht, Schmutziger Engel (L’Ange Sale), Die Schöne Lügnerin (La Belle et l’Empereur) avec Romy Schneider, Am Tag Als Der Regen Kam (Le Gang Descend sur la Ville), Die Frau Am Dunklen Fenster (La Femme à la Fenêtre Obscure), Marina, Das Schwarze Schaf (L’Astucieux Inspecteur Brown), Auf Engel schießt Man Nicht (La Nonne et les Mauvais Garçons) ou encore Mörderspiel (Le Jeu de l’Assassin). Il écrit également pour différentes adaptations de l’œuvre d’Edgar Wallace parmi lesquelles on peut citer Der Fälscher Von London, Das Gasthaus An Der Themse (Le Requin Harponne Scotland Yard), Der Schwarze Abt (Le Crapaud Masqué) et Die Blaue Hand (La Main de l’Épouvante).

 

Old Shatterhand (Lex Barker) et Winnetou (Pierre Brice)

 

Grand admirateur d’Henry Mancini et féru de jazz, Martin Böttcher fonde entretemps son propre ensemble, le Mr. Martin’s Band, dans lequel figure notamment Hans « James » Last. En 1961, jugeant que le morceau Hawaii Tattoo qu’il compose pour le groupe belge The Waikikis est trop éloigné de son style habituel, il préfère recourir à un pseudonyme, Michael Thomas. Enorme hit en Allemagne et figurant dès 1962 comme musique de source dans le film Max, Der Taschendieb sur lequel travaille le compositeur, le titre va bientôt faire le tour du monde, s’écoulant à plus de 2,5 millions d’exemplaires et intégrant notamment en 1964 les charts américains. Par ailleurs, dans les années qui suivent et jusqu’en 1968, ses thèmes et musiques pour différentes adaptations de l’œuvre littéraire de Karl May mettant en scène l’Apache Winnetou (Pierre Brice) rencontrent également un vif succès et assoient définitivement sa réputation et sa célébrité : Der Schatz Im Silbersee (Le Trésor du Lac d’Argent), Winnetou – 1. Teil (La Révolte des Indiens Apaches), Winnetou – 2. Teil (Le Trésor des Montagnes Bleues), Unter Geiern (Parmi les Vautours), Der Ölprinz (L’Appât de l’Or Noir), Old Surehand, Winnetou – 3. Teil (Winnetou III),Winnetou Und Das Halbblut Apanatschi (Le Jour le Plus Long de Kansas City) et Winnetou Und Shatterhand Im Tal Der Toten (Le Trésor de la Vallée de la Mort).

 

Il compose aussi en 1967 la musique d’un film peu connu du français Michel Deville (et sorti alors uniquement en RDA), Zärtliche Haie (Tendres Requins). Mais déjà à cette époque, et pour longtemps par la suite, c’est avant tout pour le petit écran allemand qu’on retrouvera le plus souvent le nom de Martin Böttcher, pour des téléfilms, séries et mini-séries telles que Gertrud Stranitzki, Die Journalistin (La Journaliste), Kara Ben Nemsi Effendi, Sonderdezernat K1 ou plus tard plusieurs épisodes des célèbres Derrick (Inspecteur Derrick) et Der Alte (Le Renard). Cette aventure télévisuelle se poursuit dans les années 90 avec notamment Cluedo – Das Mörderspiel, Air Albatros, le téléfilm Winnetous Rückkehr (ultime apparition de Pierre Brice dans le rôle) puis surtout les séries au long cours Forsthaus Falkenau (Une Famille en Bavière) et Pfarrer Braun, qui l’occuperont jusqu’au début des années 2010.

 

Martin Böttcher est mort le 19 avril 2019, à Westerrönfeld, à l’âge de 91 ans.

 

Martin Böttcher

Florent Groult
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