Philippe Eidel (1956-2018)

Le musicien français disparaît à seulement 61 ans

Portraits • Publié le 11/09/2018 par

Né le 22 décembre 1956 à Antananarivo, capitale de l’île de Madagascar, Philippe Eidel découvre la musique en autodidacte. Interrompant ses études, il apprend d’abord à jouer de la guitare, bourlingue de petits groupes en petits groupes au cours des années 70 avant d’avoir l’opportunité de se former aux premiers synthétiseurs, à Paris, en écoutant assidument les Klaus Schulze, Kraftwerk, Tangerine Dream et autres ensembles de référence dans ce secteur à l’époque. Il rencontre alors le producteur Maxime Schmitt qui lui propose de participer au lancement, en 1980, de l‘un des tous premiers groupes français de new wave, Taxi Girl, en tant qu’arrangeur et programmeur. Son travail attire peu après l’attention d’une autre toute jeune formation en plein boom qui assure justement, un temps, les premières parties des concerts de Taxi Girl : ainsi débute sa collaboration avec Indochine en tant qu’arrangeur, producteur, musicien ou réalisateur de clips, ce qui lui permet de participer au succès phénoménal de titres tels que L’Aventurier, 3e Sexe, Canary Bay, Trois Nuits par Semaine, jusqu’à l’album Le Baiser en 1990. Par la suite, il travaillera régulièrement avec nombre d’artistes (citons notamment Khaled, dans le courant des années 90, ou encore Ba Cissoko plus récemment), s’intéressant particulièrement au métissage musical, une passion qu’il tient selon lui de ses origines. Mais entretemps, la musique pour l’image s’est d’ores et déjà invitée…

 

En 1984, il envoie ainsi sans trop y croire quelques propositions musicales pour un projet de nouvelle chaîne télévisée. A sa grande surprise, son travail plaît au point que le futur directeur de celle-ci, Pierre Lescure, lui en commande l’entièreté de l’habillage. En compagnie du percussionniste d’Indochine Arnaud Devos, Philippe Eidel signe ainsi l’identité sonore de Canal+, une aventure qui se poursuivra pendant près de vingt ans et un exercice qu’il réitèrera ponctuellement pour d’autres médias tels que M6, La 7, TV5 Europe ou encore Le Mouv’. Après quelques courts métrages et un documentaire sur la société Gaumont, Les Mille et Une Marguerites, Eidel aborde le cinéma en 1989 grâce à Enki Bilal et son Bunker Palace Hotel, et collabore avec Peter Brook en tant que producteur sur la mini-série The Mahabharata (Le Mahâbhârata). Mais c’est en 1992 que sa carrière dans ce domaine prend un essor décisif : avec Un Été Sans Histoire, il prend ses marques avec le réalisateur Philippe Harel qu’il retrouve ensuite pour divers projets et, en particulier, L’histoire du Garçon qui voulait qu’on l’embrasse en 1994, Les Randonneurs en 1997 et Le Vélo de Ghislain Lambert en 2001. Pour Pierre Salvadori ensuite, il signe les musiques de Cible Émouvante en 1993, Les Apprentis en 1995 et De Vrais Mensonges en 2010. Il rencontre également Eric Rohmer et collabore à son Conte d’Été en 1996 avant de signer la partition d’Un Air de famille de Cédric Klapisch. L’année suivante, son beau travail pour le film de Jacques Dubuisson Imûhar, une Légende lui vaut une nomination aux Victoires de la Musique. Par la suite, son chemin croise celui de Amos Gitai (Yom Yom en 1998 puis Kadosh l’année suivante), Daniel Cohen (Une Vie de Prince), Marc-Henri Dufresne (Le Voyage à Paris) et Thomas Gilou (Chili Con Carne). Récemment, il avait mis en musique la mini-série de Christophe Barbier Le Bal des Secrets (2013) et le film La Lune est Tombée, réalisé par le guinéen Gahité Fofana en 2015.

 

Philippe Eidel s’est éteint dans la nuit du 5 au 6 septembre dernier des conséquences d’une maladie fulgurante. Il n’avait que 61 ans.

 

Philippe Eidel

Florent Groult
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