John McTiernan vs. Hollywood

Le réalisateur face à une injuste peine de prison

Actualité • Publié le 12/03/2013 par

Exceptionnelle, la carrière de John McTiernan l’est à bien des titres. Réalisateur de certains des plus gros succès du cinéma hollywoodien des années 80 et 90, McT, comme l’appellent avec affection ses fans, est admiré pour une mise en scène organique qui conjugue avec brio une gestion de l’espace hors du commun, une sens aigu du cadre et du mouvement, et une maîtrise du rythme qui tient presque de la chorégraphie. Sous le couvert du cinéma populaire, son œuvre a pulvérisé les limites du langage cinématographique, « utilisant les images comme d’autres utilisent des notes de musique, les acteurs et les dialogues comme autant d’éléments rythmiques à intégrer dans un ensemble harmonique » (© Arnaud Bordas). Pareille ambition de transcender son média de façon aussi musicale appelait forcément des partitions tout aussi exceptionnelles. De Bill Conti (Nomads et The Thomas Crown Affair) à Alan Silvestri (Predator), de Basil Poledouris (The Hunt For Red October) à Jerry Goldsmith (Medicine Man et The 13th Warrior), sans oublier le regretté Michael Kamen (Last Action Hero, Die Hard et Die Hard With A Vengeance), le cinéma de McTiernan est jalonné de musiques qui figurent, pour beaucoup, parmi les plus beaux fleurons de leur époque.

 

Aujourd’hui âgé de 62 ans, McTiernan n’a pourtant pas tourné depuis dix ans, ayant vu sa carrière brisée, d’abord par un système qui ne tolère pas l’échec commercial puis, surtout, par la sordide affaire Pellicano (parfaitement résumée par CaptureMag) qui a fait trembler Hollywood en 2006. Après sept années de batailles juridiques, et malgré la quantité impressionnante de personnalités hollywoodiennes éclaboussées par ce scandale, McTiernan va être le seul à payer un prix disproportionné en regard de ce qui lui est reproché (avoir menti au FBI dans le cadre de l’enquête sur Anthony Pellicano). Oublié du public, abandonné par ses pairs, il a vu son dernier appel rejeté et entamera dans quelques jours une année d’incarcération qui enterrera définitivement la carrière de ce brillant artiste.

 

Espérant un allègement toujours possible de sa peine, la toile se mobilise, créant un effet boule de neige qui commence d’ores et déjà à se propager. Jean-François Rauger, directeur de programmation à la Cinémathèque Française, vient d’ailleurs d’apporter son soutien à McTiernan. Je vous invite, vous aussi, à faire de même par le biais de la page Facebook créée à cet effet. Pourquoi ? Parce qu’au-delà de l’injustice flagrante de la sentence qui l’a frappé, la place de John McTiernan n’est pas en prison, mais sur un plateau de cinéma.

 

Olivier Desbrosses
Rédacteur en chef

 

Olivier Desbrosses
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